Ukraine : l'appel à l'aide des députés de la Rada à leurs homologues français

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La Rada d'Ukraine, siège du Parlement à Kiev (16 février 2022/AFP)
par Soizic BONVARLETJason Wiels, le Mercredi 6 avril 2022 à 11:55, mis à jour le Mercredi 6 avril 2022 à 13:19

Au 42ème jour de la guerre, une délégation de députés ukrainiens a été entendue mercredi 6 avril lors d'une audition conjointe organisée par les commissions des affaires étrangères et européennes de l'Assemblée nationale. L'occasion de réitérer les demandes du pays en matière d'aide en armement, de sanctions économiques à l'égard de la Russie, et d'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN et l'UE.

Les uns après les autres, les députés ukrainiens ont réitéré la demande de soutien en armement afin de pouvoir faire face à l'invasion de la Russie. Elue à la Rada, Ivanna Klympush n'a pas mâché ses mots, en réclamant des "appuis militaires massifs", pour que "le régime néo-nazi que représente la Russie soit vaincu". "Nous n'avons pas besoin de couvertures, nous avons besoin d'armements sérieux et solides", a-t-elle renchéri un peu plus tard, estimant que la zone d'exclusion aérienne au-dessus du territoire ukrainien, réclamée au début du conflit par le Président Volodymyr Zelensky, constituait déjà une solution obsolète.

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"La liberté doit être armée" a, quant à elle, plaidé Mariia Ionova, après avoir évoqué la menace que fait selon elle peser Vladimir Poutine sur les centrales nucléaires ukrainiennes. En outre, c'est la question de l'appartenance à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord qui a constitué l'autre grande revendication des parlementaires ukrainiens. "Je vous incite très fortement à modifier votre position sur l'appartenance de l'Ukraine à l'OTAN", a ainsi déclaré Oleksandr Merezhko. Le président de la commission sur la politique étrangère et la coopération interparlementaire a considéré cette option comme pouvant mettre un terme immédiat à la guerre. "Si l'Allemagne et vous mêmes permettez à l'Ukraine de devenir membre de l'OTAN, cela permettrait de sauver un grand nombre de vies", a-t-il ainsi estimé.

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Le président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée, Jean-Louis Bourlanges, a fait valoir ses réserves sur ce sujet : "C'est pour nous très dur de ne pas pouvoir nous engager plus avant, nous faisons le maximum. (...) Nous estimons que nous ne devons pas engager le monde dans une guerre mondiale", a-t-il expliqué.

Plaidoyer pour entrer dans l'Union européenne

Chargée de l'intégration de l'Ukraine dans l'Union européenne, Ivanna Klympush a aussi réitéré son souhait très fort de voir son pays intégrer l'espace politique européen :

La candidature de l'Ukraine, déposée au début de la guerre par Volodymyr Zelensky, a commencé à être examinée par les 27 aux côtés de celle de la Moldavie et de la Géorgie. Si la parlementaire est consciente que son pays devra encore "mener à bien de nombreux efforts" pour arriver à remplir les critères d'une entrée dans l'UE, elle pense que la société ukrainienne est "prête" et qu'elle a fait la démonstration de défendre "toute les valeurs soutenues par l'Europe".

La France accusée de continuer à armer la Russie après 2014

Une autre élue de la Rada, Olena Khomenko, a interrogé ses homologues français pour savoir si Paris avait bien continué à vendre des armes à Moscou, y compris après l'embargo imposé par l'UE en 2014, suite à l'annexion de la Crimée, comme l'a affirmé le média en ligne Disclose. Le montant total des ventes sur cinq ans, entre 2015 et 2020, s'établirait à 152 millions d'euros.

"Nous avons mis un terme immédiatement à des contrats extrêmement importants, par exemple la fourniture de navires commandés par les Russes. (...) Ne croyons pas que nous avons été passifs après l'invasion de la Crimée", lui a répondu Jean-Louis Bourlanges. Même si on aurait pu en faire plus." Auprès du journal Le Monde, le ministère de la Défense français a reconnu un "flux résiduel issu de contrats passés et qui s'est peu à peu éteint".

"Mon appartement a été détruit"

Les députés ukrainiens ont aussi témoigné de la manière dont, personnellement, ils ont été affectés par la guerre. Ainsi, Yelyzaveta Oleksiivna Yasko rapporte que son appartement à Kiev a été détruit par les bombardements russes. "C'est ce qui est notre vie aujourd'hui", a-t-elle résumé en écho au quotidien de ses compatriotes, alors que quatre millions d'entre eux ont quitté le pays depuis le déclenchement de la guerre.