A l'Assemblée, les ex-macronistes Sacha Houlié et Belkhir Belhaddad vont rejoindre les rangs des députés socialistes

Ils ont quitté le groupe Ensemble pour la République ces derniers mois. Sacha Houlié (2e circonscription de la Vienne) dans la foulée de sa réélection post-dissolution à l'été 2024 ; Belkhir Belhaddad (1ère de Moselle) en février dernier après s'être opposé à la restriction du droit du sol à Mayotte. Depuis, les deux députés siégeaient chez les non-inscrits à l'Assemblée nationale. Cela ne devrait plus être le cas à l'ouverture de la session parlementaire qui commencera le 1er octobre. En effet, Sacha Houlié et Belkhir Belhaddad - qui étaient membres du PS avant de rallier Emmanuel Macron en vue de la campagne présidentielle de 2017 - vont acter leur retour aux sources et rejoindre le groupe "Socialistes et apparentés", dirigé par Boris Vallaud.

Comme chaque, les compositions des groupes parlementaires doivent être déposées en début de session, en l'occurrence ce vendredi 26 septembre avant 17 heures à la présidence du Palais-Bourbon, pour une publication au Journal officiel samedi 27 septembre. 

Des "engagements" sont demandés

Mais l'arrivée des deux élus a suscité des interrogations de la part de certains députés socialistes mardi, lors de la réunion hebdomadaire du groupe. "Il y a des vérifications à faire sur le fond", a notamment expliqué dans L'Opinion Laurent Baumel, citant notamment "le rejet de la réforme des retraites [qui] est un marqueur primordial". "Nous avons acté qu’il y aurait un rendez-vous où des engagements seraient demandés", indique ce jeudi 25 septembre à LCP l'un des porte-parole du groupe, le député Arthur Delaporte. "Des engagements sur la loyauté d'une part et d'autre part sur une forme de non-interférence avec une situation politique locale complexe", précise-t-il.

Au lendemain de la réunion de groupe de mardi, le compte X du "Printemps des Jeunes Socialistes" avait publié un visuel très critique envers Sacha Houlié et Belkhir Belhaddad. "A ceux qui ont soutenu Macron pendant 8 ans et qui veulent aujourd'hui rejoindre le groupe socialiste, nous le disons clairement : NON", écrivaient ces jeunes militants. Selon La Nouvelle République, la direction nationale des Jeunes socialistes a également écrit aux députés socialistes pour affirmer son opposition à l'arrivée de Sacha Houlié au sein de leur groupe. 

"C'est un visuel d'un courant des Jeunes Socialistes [le courant majoritaire, Ndlr.], on va rester calme !", minimise cependant, ce jeudi, un cadre du groupe "Socialistes". Sollicité par LCP, ce dernier assure qu'il y a "unanimité" parmi ses collègues pour accueillir les deux non-inscrits, même si "certains ont voulu rappeler la discipline de groupe aux nouveaux entrants". "Ils ont voté contre la confiance à François Bayrou, il y a une cohérence politique" à leur venue, poursuit le même, en rappelant que Sacha Houlié a rejoint Place publique en juin.

Un point sur lequel a d'ailleurs insisté le député et ex-ministre d'Emmanuel Macron Aurélien Rousseau - qui a rejoint le parti de Raphaël Glucksmann et qui siège parmi les socialistes à l'Assemblée nationale - mardi lors de la réunion du groupe. "Le PS répète sans cesse que Place publique est son partenaire privilégié. Si l'on refuse un gars de Place publique dans le groupe, alors je ne pourrais pas y rester non plus", a-t-il expliqué selon des propos rapportés par Le Monde :

Une rencontre entre le président du groupe, Boris Vallaud, le premier secrétaire du parti à la rose, Olivier Faure et Sacha Houlié doit avoir lieu en cette fin de semaine. "Ce n'est pas un entretien d'embauche !", insiste un membre du groupe "Socialistes", qui assure que "tout le monde a donné son accord de principe" à ce que l'ex-macroniste les rejoigne.

Les municipales de 2026 à Poitiers

Un autre point alimente aussi les interrogations en cours : le positionnement de Sacha Houlié en vue des élections municipales de 2026 à Poitiers (Vienne). A plusieurs reprises ces derniers mois, le député – qui a créé un parti politique nommé "Poitiers en grand" – a critiqué l'action de la maire sortante, l'écologiste Léonore Moncond'huy, candidate à sa réélection l'année prochaine.

"Chaque jour, nos concitoyennes et nos concitoyens nous expriment leur souhait d’alternance à Poitiers. (...) Nous préparons une réponse à cette demande", écrivait par exemple le député en juillet sur Facebook, dans un post accompagné d'une photo où figuraient notamment l'ancien maire socialiste Alain Claeys et l’élu municipal d'opposition François Blanchard (PS). En août, Sacha Houlié déplorait la "bienveillance et la proximité" de l'édile avec la France Insoumise. 

Et ce, alors que les chefs de file des socialistes et des écologistes, Olivier Faure et Marine Tondelier, travaillent à une union de la gauche en vue des municipales de 2026. D'où l'engagement à "une forme de non-interférence avec une situation politique locale complexe", évoquée par Arthur Delaporte. "Poitiers, ça se règle au parti", pas au niveau parlementaire, évacue le cadre pré-cité. 

Avec l'arrivée de Sacha Houlié et de Belkhir Belhaddad (qui avait battu la candidate PS Aurélie Filippetti aux élections législatives de 2017), le groupe Socialistes passerait de 66 à 68 députés, se rapprochant ainsi de celui de La France insoumise, qui compte 71 élus.