La commission d’enquête de l'Assemblée nationale sur "l’organisation du système de santé et les difficultés d’accès aux soins" auditionné, ce jeudi 5 juin, le ministre Yannick Neuder. En charge de la Santé et l'Accès aux soins auprès de Catherine Vautrin, il a notamment insisté sur la nécessité de former plus de médecins.
“Former plus, former mieux, former partout”, c'est la marque de fabrique qu'essaie d'imposer le ministre chargé de la Santé et de l'Accès aux soins, Yannick Neuder. En charge de ce dossier auprès de la ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin, il a été auditionné, ce jeudi 5 juin, dans le cadre de la commission d’enquête relative "à l’organisation du système de santé et aux difficultés d’accès aux soins", présidée par Jean-François Rousset (Ensemble pour la République) et dont le rapporteur est Christophe Naegelen (Libertés, indépendants, Outre-mer et territoires). Cette commission d'enquête s'est fixée pour objectif d'évaluer l'efficacité des politiques publiques de santé, au regard de l'organisation administrative dont elles dépendent et de leur déploiement dans les territoires.
Yannick Neuder (Les Républicains) l'a souligné dans son propos introductif : "l'accès aux soins est le plus grand et le plus important défi de notre système de santé". Face aux problématiques croissantes du vieillissement de la population et de l'augmentation du nombre de patients atteints de maladies chroniques, il recommande d' "activer tous les leviers". Ce qui passe selon lui, cardiologue de profession, la sollicitation "des pouvoirs publics, des professionnels de santé et des élus".
Et le ministre d'insister sur les évolutions opérés depuis 2019 avec la suppression du numerus clausus, dispositif fixant le nombre de candidats admis en études de médecine. Yannick Neuder a rappelé devant la commission d'enquête que sa proposition de loi mettant un terme au numerus apertus - remplaçant transitoire du numerus clausus - adoptée en décembre 2023 à l’Assemblée nationale sera examinée au Sénat le 17 juin prochain. Une hausse des effectifs est déjà perceptible : en 2025, 9 000 médecins formés sont recensés, tandis que les prévisions tablent sur 10 900 l'année prochaine.
Mais, le ministre chargé de la Santé et de l'Accès aux soins confesse ses difficultés à faire davantage. "C'est compliqué de faire des réformes en temps d'instabilité", une référence à la configuration politique actuelle et à l'absence de majorité à l'Assemblée nationale depuis les élections législatives anticipées de l'été dernier. "Je suis le quatrième ministre de la Santé depuis 2024", constate-il. Un frein évident pour engager des réformes structurelles comme la refonte du financement de la Sécurité sociale. "Son avenir est clairement en danger", s'inquiète Yannick Neuder qui lance des pistes pour résorber le "trou de la Sécu". Premier gisement d'économies, selon lui, la lutte contre la fraude, chiffrée à 13,5 milliards d'euros, en s'appuyant sur la numérisation et le développement de l'intelligence artificielle pour un meilleur contrôle des cartes vitales et des ordonnances.
Par ailleurs, les pénuries de médicaments en France, notamment en matière psychiatrique, restent un défi au sujet duquel Yannick Neuder estime que "la solution ne peut se faire qu'à l'échelle européenne à minima". Evoquant "un enjeu de souveraineté sanitaire" et de "dépendance européenne", le ministre appuie cependant sur la nécessité de relocaliser des productions dans l'Hexagone.