Arrêts maladie dans la fonction publique : le projet de réforme bien accueilli par les soutiens du gouvernement, vilipendé par la gauche

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Guillaume Kasbarian, député Renaissance d'Eure-et-Loir
par Soizic BONVARLETRaphaël Marchal, le Lundi 28 octobre 2024 à 16:35, mis à jour le Lundi 28 octobre 2024 à 16:41

Allongement du délai de carence et réduction de l'indemnisation pour les fonctionnaires en arrêt maladie, ce sont deux des dernières mesures annoncées par le gouvernement dans le cadre de l'effort budgétaire annoncé pour 2025, afin d'engager le redressement des comptes publics. Ces mesures, qui seront proposées par le gouvernement par voie d'amendement, suscitent des réactions très contrastées à l'Assemblée nationale. 

Faire des économies en alignant le régime d'indemnisation des arrêts maladie de la fonction publique sur celui du secteur privé ? C'est la volonté du gouvernement, dévoilée dimanche 27 octobre, à l'issue d'arbitrages destinés à boucler l'effort budgétaire de 60 milliards d'euros annoncé pour l'année prochaine. 

Ces mesures, défendues par le ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, dans une interview accordée au Figaro, n'est pas pour déplaire aux députés socle gouvernemental. "La question des arrêts de travail, et surtout de leur augmentation, mérite de s’en préoccuper. Le gouvernement est tout à fait dans son rôle en intervenant", estime ainsi Véronique Louwagie (Droite républicaine), contactée par LCP. 

"Il ne me paraît pas anormal d'harmoniser les conditions des fonctionnaires et celles des salariés du privé, d'autant que la source d'économies estimée n'est pas négligeable", fait valoir la vice-présidente de la commission des finances de l'Assemblée nationale. Plaidant cependant pour que ce type de mesures participent d'"un tout", et soient menées de concert avec "une amélioration des conditions de travail" et "une débureaucratisation massive de l'administration".

"C'est une bonne piste de vouloir mettre au même niveau ce que connaissent les salariés du privé et du public" a quant à lui, déclaré Frédéric Valletoux (Horizons) sur TF1. "Surtout qu'on a constaté dans le public l'explosion de l'absentéisme", a estime le président de la commission des affaires sociales du Palais-Bourbon, appelant à une régulation. "En 2018, quand on a créé un jour de carence, on a vu que l'absentéisme de courte durée à l'éducation nationale avait baissé de 25 %", a-t-il pointé, jugeant que les jours d'absence sur des petites durées ont un effet "déstabilisateur" sur "des pans entiers de la fonction publique".

"L’absentéisme des fonctionnaires a coûté 15 milliards d’euros à l’Etat en 2022", a renchéri Charles Rodwell (Ensemble pour la République) sur X (ex-Twitter). "Ces réformes portées par Guillaume Kasbarian sont urgentes et vitales. Nous le soutiendrons à 100%", indique aussi le député du parti présidentiel.

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Le Rassemblement national n'est a priori, de son côté, "pas hostile" à ces mesures, a indiqué Sébastien Chenu au micro de RTL. "C'est une piste qu'il faut regarder avec attention", a-t-il considéré, rappelant que l'objectif d'aligner le régime de la fonction publique public sur celui du secteur privé en matière d'arrêts maladie figurait dans le programme du RN. Le député du Nord se dit, en revanche, "dubitatif" sur les calculs avancés par le gouvernement qui chiffre, sur la base d'un rapport de l'administration, à 1,2 milliard d'euros les économies attendues. Sébastien Chenu estime, par ailleurs, que ce projet de réforme pourrait être bien accepté, à condition "qu'on explique aux Français que de l'autre côté, on va leur redonner des mesures de pouvoir d'achat". "Mais ça, je ne le vois pas dans le projet de budget du gouvernement."

Ces annonces ont, au contraire, suscité une levée de bouclier à gauche. Manuel Bompard (La France insoumise) a dénoncé, sur France Inter, une mesure "scandaleuse", et "une manière de pointer du doigt les fonctionnaires". "S'ils sont absents, c'est qu'ils sont malades, pas que ça leur fait plaisir", a déclaré le coordinateur national de LFI, avant d'évoquer le sujet de la souffrance au travail et la nécessité de "renforcer les moyens de la fonction publique", afin d'y remédier.

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Un angle d'attaque également mis en avant par Sandrine Rousseau (Ecologiste et Social) qui a déploré sur X que la "seule réponse" envisagée par le gouvernement face à la multiplication des arrêts maladie réside dans "la sanction", alors que "le service public s’effondre et, avec lui, la raison de faire ces métiers".

Ces mesures, présentées par voie d'amendement par le gouvernement, contribueront à animer, un peu plus encore, les débats budgétaires actuellement en cours à l'Assemblée nationale