Le directeur général de Safran, Olivier Andriès, a déclaré lundi 14 avril ne plus vouloir investir dans une ville dirigée par des écologistes, alors qu'il était auditionné par la commission d'enquête visant à établir les freins à la réindustrialisation de la France. "Oui, les Ecologistes sont pour une réindustrialisation (durable !) de la France", lui a répondu ce jeudi le parti dirigé par Marine Tondelier.
La polémique remontait à début 2024. Mais, auditionné à l'Assemblée nationale (la vidéo est ici) lundi 14 avril, par la commission d'enquête "visant à établir les freins à la réindustrialisation de la France", le directeur général de Safran a remis une pièce dans la machine. "Je vais être très très clair, pour moi, il n'est plus question aujourd'hui d'investir dans une ville qui est détenue par une majorité écologiste", a lancé Olivier Andriès, revenant sur le projet d'implantation d'une fonderie destinée à la production d'aubes de turbines à Rennes (Ille-et-Vilaine) et la création de 500 emplois.
Chaque fois que nous aurons un choix de localisation, je bannirai une offre faite par une ville détenue par une majorité écologiste. Olivier anDRIÈS, patron de Safran
"Les écologistes nous ont jeté des tomates sur le thème 'c'est scandaleux, [...] c'est l'aéronautique, c'est l'avion, ils vont polluer et puis c'est le militaire, ce n'est pas bien’", a raconté le patron de Safran, qui dit au contraire avoir "très bien travaillé" avec la maire de Rennes, la socialiste Nathalie Appéré. "Quand on crée 500 emplois dans une région si c'est pour se faire accueillir par des tomates, ce n'est pas la peine, je ne le ferai pas", a-t-il ajouté. Avant de répéter : "Donc chaque fois que nous aurons un choix de localisation, je bannirai une offre faite par une ville détenue par une majorité écologiste."
Sollicitée par LCP, la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, déplore jeudi 17 avril qu'"attaquer l'écologie et les écologistes" soit "apparemment devenu un sport national chez certains" et s'interroge sur "cette sortie caricaturale" à quelques mois des élections municipales.
"Ce n’est pourtant pas un crime de lèse-majesté pour des élus locaux que d’interroger la nature des entreprises qui s’implantent sur leur territoire", estime-t-elle, car "installer une industrie, c’est penser l’avenir d’un territoire sur plusieurs décennies". Pour Marine Tondelier, le directeur général de Safran oublie aussi de mentionner plusieurs éléments : "que cette zone d'activité sur un terrain racheté à Stellantis a depuis son origine été fléchée sur des activités liées à la transition écologique" et "que tout le montage s'est effectué dans le dos des élus écologistes locaux".
Des propos repris dans un communiqué du parti intitulé "Oui, les Écologistes sont pour une réindustrialisation (durable !) de la France". Olivier Andriès y est invité à participer, le 28 avril prochain, à un débat public organisé par les élus écologistes rennais sur l’avenir industriel du territoire.
Spécialiste des questions liées à l'industrie chez les Verts, le député Charles Fournier assure que "la question des emplois est une question clé" pour son parti. "Nous sommes tout à fait prêts à faire ces arbitrages quand ils sont pertinents", a-t-il indiqué jeudi sur RMC. "Nous n’avons pas quelque chose a priori contre une industrie de l’aviation ou de la défense [...] mais le transport aérien est amené à être régulé parce que l’impact de l’aviation reste trop important", a-t-il également déclaré sur francetvinfo.
Mercredi sur BFMTV, sa collègue députée Sandrine Rousseau avait également réagi, affirmant que l'aviation n'était "pas une industrie d'avenir". "La question c'est 500 emplois pour quoi faire ? [...] Si c'est pour détruire la planète, on a 500 emplois qui vont probablement durer un temps très court", avait-elle complété, s'attirant les critiques, dont celle de l'ancien président de l'Assemblée nationale, François de Rugy, également ancien membre du parti Europe Ecologie - Les Verts qu'il a quitté en 2015. Ou encore du président du groupe Droite républicaine, Laurent Wauquiez, qui parle sur X "d'écologistes d'extrême gauche déconnectés" et appelle à "concilier écologie et développement avec une aviation qui avance vers la décarbonation, n’en déplaise à tous ces déclinistes".
Les critiques envers les écologistes sont également venues du président de la commission d'enquête sur les freins à la réindustrialisation de la France, le député Charles Rodwell (Ensemble pour la République), pour qui "le ras-le-bol" du patron de Safran est "légitime", et du rapporteur Alexandre Loubet (Rassemblement national).
Pour rappel, cette commission d'enquête a été créée le 18 février 2025, à la suite d'une proposition de résolution déposée par le groupe du Rassemblement national, qui a utilisé son droit de tirage sur ce sujet.