Ces treize députés devenus ministres dans le gouvernement Lecornu 2

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Roland Lescure, le 13 octobre 2025 - capture d'écran AFP
Roland Lescure, le 13 octobre 2025.
par Anne-Charlotte DusseaulxMaxence Kagni, le Lundi 13 octobre 2025 à 17:40, mis à jour le Lundi 13 octobre 2025 à 17:46

Sur les 34 ministres nommés, dimanche 12 octobre, au sein du gouvernement de Sébastien Lecornu, 13 avaient été élus députés en 2024 et quittent donc les bancs de l'Assemblée nationale. Dans un mois, leurs suppléants prendront leur place. Si certains d'entre eux refusent de jouer leur rôle de suppléant, des législatives partielles seraient organisées dans les circonscriptions concernées. 

Le président de la République, Emmanuel Macron, a nommé dimanche 12 octobre au soir le gouvernement Lecornu 2, composé de 34 ministres. Si des personnalités de la société civile ont fait leur entrée pour aider à essayer de résoudre la crise politique et faire adopter un budget, plusieurs députés ont également été nommés au sein de l'équipe de Sébastien Lecornu. Ils sont treize : six venus du groupe Ensemble pour la République, trois issus du groupe Droite républicaine, deux d'Horizons, une du groupe Les Démocrates et un du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et territoires (LIOT). 

A l'Assemblée nationale, ils ne seront remplacés que dans un mois, conformément au code électoral, qui prévoit ce délai entre la nomination d'un député en tant que ministre et son remplacement par le suppléant élu en même temps que lui

Au total, le nombre de ministres qui avaient été élus ou réélus députés en 2024 passe à dix-neuf, puisque ces treize nouveaux ministres issus de l'Assemblée nationale en reoignent six qui faisaient déjà partie du gouvernement Bayrou. Il s'agit de Gérald Darmanin (EPR), Aurore Bergé (EPR), Benjamin Haddad (EPR), Jean-Noël Barrot (Les Démocrates), Charlotte Parmentier-Lecocq (Horizons) et Annie Genevard (Droite républicaine). 

Roland Lescure, ministre de l'Économie

Déjà nommé dans l'éphémère gouvernement Lecornu 1, Roland Lescure, 58 ans, est reconduit à son poste de ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté énergétique et numérique. Il succède à Eric Lombard, qui était à Bercy sous François Bayrou. Député des Français de l'étranger, Roland Lescure était membre du groupe Ensemble pour la République (EPR). Il a par le passé occupé la fonction de ministre délégué chargé de l'Industrie et de l'Energie (2022-2024) dans les gouvernements d'Élisabeth Borne et de Gabriel Attal.

-> Son suppléant est Christopher Weissberg (EPR), qui retrouvera les bancs de l'Assemblée nationale, comme entre 2022 et 2024. 

Stéphanie Rist, ministre de la Santé

La députée Ensemble pour la République Stéphanie Rist a été nommée, à 52 ans, ministre de la Santé, des Familles, de l'Autonomie, et des Personnes handicapées, en remplacement de Yannick Neuder pour la Santé, et de Catherine Vautrin. Rhumatologue au centre hospitalier d'Orléans, elle a fait ses premiers pas en politique en 2017 avec la vague des députés En Marche issus de la société civile et a été réélue en 2022 et 2024. Au sein de son parti Renaissance, Stéphanie Rist a récemment été nommée secrétaire nationale en charge de la Santé et de la Prévention. 

Entre 2022 et 2024, l'élue du Loiret a endossé le rôle de rapporteure générale du Budget de la Sécurité sociale. Stéphanie Rist devra piloter l'action du gouvernement s'agissant de l'épineuse question des retraites, alors que le Parti socialiste exige la suspension de la réforme de 2023 pour prix de sa non-censure. "J'ai pour objectif de faire tout ce que je peux pour obtenir des compromis", a-t-elle déclaré dimanche à La République du centre.

-> Son suppléant est Stéphane Chouin (Horizons), maire de Saint-Hilaire-Saint-Mesmin. En 2024, Stéphanie Rist avait refusé d'entrer au gouvernement Barnier, car son suppléant ne souhaitait pas rejoindre l'Assemblée. "Mon suppléant a un mois pour dire s'il accepte ou pas. On verra", a-t-elle précisé ce dimanche. S'il n'accepte pas, cela entraînera une élection législative partielle.

Naïma Moutchou, ministre des Outre-mer

A bientôt 45 ans, Naïma Moutchou accède pour la première fois à un poste ministériel. Bien connue de l'Assemblée nationale, elle est députée du Val-d'Oise depuis 2017. Naïma Moutchou a d'abord siégé au sein du groupe macroniste La République en Marche avant de rejoindre en 2022 les troupes d'Édouard Philippe au sein du groupe Horizons. Elle a également été vice-présidente de l'Assemblée nationale de juin 2022 au 30 septembre 2025. 

Au Palais-Bourbon, Naïma Moutchou a notamment tenté, sans succès, de faire adopter une proposition de loi prévoyant une peine plancher d'un an d'emprisonnement pour les délits de violences commis en récidive à l'encontre de policiers, pompiers, magistrats, enseignants, chauffeurs de bus, ou encore soignants. 

-> Son suppléant est Benoît Blanchard.

Marina Ferrari, ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative

Âgée de 52 ans, la députée Les Démocrates est élue dans la 1ère circonscription de Savoie depuis 2022. Elle a déjà été secrétaire d’État chargée du Numérique dans le gouvernement de Gabriel Attal, puis ministre déléguée chargée de l’Économie du tourisme dans l'éphémère gouvernement Barnier. 

-> Son suppléant, Didier Padey, a déjà remplacé à deux reprises Marina Ferrari quand celle-ci était au gouvernement.

Vincent Jeanbrun, ministre de la Ville et du Logement

L'ancien maire de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) a été élu député pour la première fois en juillet 2024. Vincent Jeanbrun n'était alors pas un inconnu du grand public puisqu'il avait fait la une de l'actualité en juillet 2023 : son domicile avait été attaqué à la voiture bélier lors des violences urbaines consécutives au décès du jeune Nahel. Âgé de 41 ans, il était porte-parole du groupe Droite républicaine à l'Assemblée nationale. 

Au début de l'année 2025, le nouveau ministre du Logement avait été rapporteur d'une proposition de loi visant à prioriser les travailleurs dans l'attribution des logements sociaux. Vincent Jeanbrun est par ailleurs soupçonné d'avoir attribué des logements appartenant à un syndicat intercommunal à deux de ses collaborateurs. Une accusation qu'il a repoussée l'année dernière, affirmant selon l'AFP qu'il "montrera[it] sans aucune difficulté" sa "bonne foi" et la "légalité" de ses actes.

-> Son suppléant est Nicolas Tryzna.

Laurent Panifous, ministre délégué aux Relations avec le Parlement

C'est l'une des surprises du gouvernement Lecornu 2, notamment car le groupe qu'il présidait jusqu'à présent à l'Assemblée nationale, à savoir le groupe Liot, pointe dans l'opposition. A 48 ans, Laurent Panifous est le nouveau ministre des Relations avec le Parlement. "Je ne le fais ni pour faire le beau, ni pour mon CV, je risque plutôt l'excommunication et la fin de ma carrière politique", a déclaré l'intéressé aux députés de son groupe dans la soirée de dimanche, via un message sur leur boucle interne annonçant son entrée au gouvernement. "Je ne partage pas les idées de la macronie, pas plus aujourd'hui qu'hier", a aussi affirmé Laurent Panifous , invoquant le temps "venu de tout essayer pour éviter le chaos politique qui suivra si ce gouvernement échoue" dans sa quête de faire passer un budget pour 2026.

Député de l'Ariège depuis 2022, il l'avait emporté face au candidat Insoumis Michel Larive, avec le soutien de la patronne socialiste de la région Occitanie Carole Delga, hostile à l'alliance de gauche Nupes. Lors du dernier congrès de Parti socialiste, Laurent Panifous a signé le texte d'orientation de Nicolas Mayer-Rossignol, opposant à Olivier Faure lors du dernier Congrès. Cet ex-directeur d'Ehpad a été maire du village du Fossat et président de la communauté de communes Arize-Lèze.

-> Sa suppléante est Audrey Abadie-Amiel.

Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement

La députée EPR des Hauts-de-Seine retrouve un poste qu'elle avait déjà occupée dans le gouvernement de Michel Barnier, fin 2024. "Dans ce moment difficile pour le pays et souvent angoissant pour nos concitoyens, je n’ai qu'un objectif : aider à la réussite de Sébastien Lecornu et de ce gouvernement", a-t-elle réagi sur X dans la foulée de sa nomination dimanche soir. La semaine dernière, elle était montée au créneau pour défendre la réforme des retraites d'Élisabeth Borne. "Je ne suis pas là pour prendre les gens pour des imbéciles. Ma position sur la réforme des retraites est connue. Pour autant, je suis démocrate, ça ne signifie pas que je refuse le débat. Chacun sera face à ses responsabilités", a-t-elle déclaré ce lundi sur RTL. 

Âgée de 34 ans, cette ancienne ingénieure d'EDF, spécialiste du nucléaire – elle a été rapporteure du projet de loi de relance du nucléaire adopté en 2023 – a rejoint dès ses débuts la famille macroniste en adhérant à En Marche en novembre 2016. 

-> Son suppléant est Christophe Mongardien, qui avait déjà été député fin 2024, lorsque Maud Bregeon était ministre de Barnier. 

Mathieu Lefèvre, ministre délégué à la Transition écologique

Spécialiste des sujets budgétaires, Mathieu Lefèvre (EPR), qui est un proche de Gérald Darmanin, a été nommé ministre délégué chargé de la Transition écologique. Il y a une semaine, dans le gouvernement Lecornu 1, le député du Val-de-Marne, âgé de 38 ans, avait obtenu le poste de ministre des Relations avec le Parlement. A l'hôtel de Roquelaure, Mathieu Lefèvre succède à Agnès Pannier-Runacher. "La transition écologique est l'affaire de tous les Français dans leur quotidien. J'aurai à cœur de la rendre concrète et populaire"a affirmé dimanche le ministre sur X.

En tant que député, Mathieu Lefèvre a voté contre la loi Duplomb et s'est montré favorable au maintien d'une forme de zones à faibles émission (ZFE) réservées aux véhicules les moins polluants, un dispositif que l'Assemblée nationale a abrogé.

-> Sa suppléante est Sandrine Lalanne, conseillère municipale d'opposition à Bry-sur-Marne. 

Eléonore Caroit, ministre déléguée à la Francophonie

La députée Eléonore Caroit (EPR) a intégré dimanche le gouvernement Lecornu 2, en tant que ministre déléguée chargée de la Francophonie, des partenariats internationaux et des Français de l’étranger. A l'Assemblée nationale, l'élue de 40 ans, qui est avocate de formation, spécialisée en droit des affaires, était vice-présidente de la commission des affaires étrangères. "Dans cette période exigeante, je prends avec humilité et sens des responsabilités mes (nouvelles) fonctions", a écrit Eléonore Caroit sur X dimanche soir. 

-> Son suppléant est Benoît Larrouquis, fondateur d'Expat assurance, une assurance santé pour les Français de l'étranger.

David Amiel, ministre délégué à la Fonction publique

A 32 ans, David Amiel devient ministre délégué chargé de la Fonction publique et de la Réforme de l’État. Jusqu'à présent, le député de Paris siégeait à la commission des finances de l'Assemblée nationale. C'est un fidèle d'Emmanuel Macron, pour qui il avait travaillé en tant que stagiaire lorsque le chef de l’État était encore ministre de l’Économie de François Hollande. David Amiel a également été, entre 2017 et 2019, l'un des conseillers d'Emmanuel Macron à l’Élysée, auprès du secrétaire général d'alors Alexis Kholer. 

-> Sa suppléante est Catherine Ibled, conseillère de Paris.

Anne Le Hénanff, ministre déléguée à l'intelligence artificielle et au numérique

Députée du Morbihan depuis 2022, Anne Le Hénanff est membre du groupe Horizons, la formation politique présidée par Édouard Philippe. Âgée de 56 ans, elle a notamment été co-rapporteure du projet de loi visant à sécuriser et réguler l'espace numérique. 

-> Son suppléant est Michel Criaud.

Sébastien Martin, ministre délégué à l'Industrie

Âgé de 47 ans, Sébastien Martin est élu député en mai 2025 dans l'élection partielle de la 5e circonscription de Saône-et-Loire, à la place d'Arnaud Sanvert (Rassemblement national), dont l'élection a été annulée. Il siégeait, avant sa nomination, au sein du groupe Droite républicaine.

-> Son suppléant est Lionel Duparay.

Nicolas Forissier, ministre délégué  au Commerce extérieur et à l'attractivité

Âgé de 64 ans, Nicolas Forissier a été élu député de l'Indre pour la première fois en 1993. Il a été secrétaire d’État chargé de l'Agriculture, de l'Alimentation, de la Pêche et des Affaires rurales de mars 2004 à mai 2005, dans le gouvernement Raffarin III.

Il siégeait dernièrement au sein du groupe Droite républicaine et était, avant sa nomination, vice-président des groupes d'études sur les industries du luxe, sur le commerce, l'artisanat et les métiers d'art mais aussi sur l'attractivité économique et l'export.

-> Sa suppléante est Alix Fruchon.