Extension de l'AME à Mayotte : Estelle Youssouffa (LIOT) retire sa proposition de loi après avoir obtenu une "avancée importante"

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Estelle Youssouffa LCP 15/05/2025
La députée LIOT Estelle Youssouffa à l'Assemblée nationale, le 15 mai 2025 (© LCP)
par Raphaël Marchal, le Jeudi 15 mai 2025 à 12:17, mis à jour le Jeudi 15 mai 2025 à 12:35

La proposition de loi visant à "étendre l'aide médicale de l'Etat (AME) à Mayotte" a été retirée, lors de son examen à l'Assemblée ce jeudi 15 mai, par son auteure Estelle Youssouffa (LIOT), après qu'elle a obtenu des engagements du ministre de la Santé, Yannick Neuder pour faciliter les évacuations sanitaires des Mahorais qui doivent se faire soigner hors de l'archipel qui manque d'équipements et de personnels de santé. 

"C'est cynique, mais à Mayotte, nous sommes désespérés." Estelle Youssouffa (LIOT) a retiré de manière sa proposition de loi visant "à étendre l’aide médicale de l’Etat à Mayotte", ce jeudi 15 mai, après avoir obtenu une "avancée importante" pour les Mahorais. Le texte, dont l'examen commençait dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale lors de son retrait, était le premier inscrit au programme de la journée d'initiation parlementaire du groupe "Libertés, indépendants, outre-mer et territoires" (LIOT), présidé par Laurent Panifous.

La députée de Mayotte a toutefois eu le temps d'alerter, lors de la discussion générale de sa proposition de loi, sur la situation du département français de l'océan Indien, "désert sanitaire", où le seul établissement public de santé est engorgé par la prise en charge des étrangers en situation irrégulière, largement issus des Comores voisines. "40 % de notre budget de santé est prélevé, par dérogation, pour soigner les étrangers en situation irrégulière", a-t-elle pointé.

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L'engorgement des rares structures de santé entraîne en outre un "effet d'éviction scandaleux", le centre hospitalier ne fonctionnant plus que pour les urgences vitales et les accouchements, a souligné Estelle Youssouffa, rappelant que le ministère de la Santé avait en conséquence organisé une "externalisation de la santé des Mahorais à La Réunion et dans l'Hexagone", via des évacuations sanitaires. Avant de souligner : "Le nombre de places est limité : tout le monde n'est pas sélectionné", indiquant, là encore, que les non-assurés sociaux représentaient 40 % de ces évacuations.

Un guichet unique

Le ministre chargé de la Santé et de l'Accès aux soins a reconnu les difficultés inhérentes à l'archipel. Mais étendre l'AME à Mayotte "ne permettra pas de résoudre les problèmes de santé et d'accès aux soins", et pourrait même entraîner des "effets de bord" et un "appel d'air" migratoire, a mis en garde Yannick Neuder.

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Le ministre a cependant été sensible aux arguments développés par Estelle Youssouffa (LIOT), ce qui l'a incité à prendre un engagement au sujet des évacuations sanitaires. A savoir la mise en place, d'ici à la fin du mois de juillet, d'un "guichet unique" piloté par la caisse de Sécurité sociale de Mayotte. Un dispositif destiné à gérer les évacuations sanitaires programmées, qui concernent des problèmes de santé non urgents. "Les travaux sont déjà en cours et mobilisent l'ensemble des acteurs locaux." En parallèle, un système informatique dédié sera déployé. "Il permettra de donner de la visibilité pour toutes les parties prenantes sur l'ensemble des demandes en cours." Yannick Neuder a également rappelé les mesures du plan d'attractivité et de fidélisation des professionnels de santé à Mayotte annoncé en avril.

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A la suite de ces engagements "pour le bénéfice des assurés sociaux à Mayotte", Estelle Youssouffa a décidé de retirer sa proposition de loi, au profit des autres textes inscrits à l'ordre du jour de la "niche parlementaire" du groupe LIOT. "Le gouvernement a cédé", a-t-elle estimé au micro de LCP à l'issue de la séance. "C'était un peu de stratégie. utiliser le chiffon rouge de l'AME pour retourner l'hémicycle (...) et faire paniquer le gouvernement", a détaillé l'élue mahoraise. Sa proposition de loi, soutenue par les groupes de gauche, avait cependant été rejeté en commission la semaine dernière. L'issue d'aujourd'hui fait donc figure de compromis.