Côte à côté ce jeudi 15 mai, les deux co-rapporteurs de la commission d'enquête sur "les modalités du contrôle par l’Etat des violences dans les établissements scolaires", Violette Spillebout (Ensemble pour la République) et Paul Vannier (La France insoumise), sont revenus sur l'audition de François Bayrou la veille. "Je le crois", a affirmé la première, tandis que le second a estimé que le Premier ministre "entretient l'omerta et tente d'intimider celles et ceux qui voudraient dénoncer des violences".
Au lendemain de la longue, et très attendue, audition de François Bayrou, la présidente de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les violences dans les établissements scolaires, Fatiha Keloua Hachi (Socialistes), ainsi que les deux co-rapporteurs Violette Spillebout (Ensemble pour la République) et Paul Vannier (La France insoumise) ont tenu, ce jeudi 15 mai, une conférence de presse pour revenir sur les explications du Premier ministre. Avec une lecture différente en fonction de leur camp politique.
La présidente de la commission des affaires culturelles et de l'éducation, dans le cadre de laquelle se déroulent les travaux d'enquête, Fatiha Keloua Hachi a parlé d'un moment "plutôt pénible" au vu de "l'attitude" du chef du gouvernement lors de cette audition et Paul Vannier a répété qu'à ses yeux François Bayrou avait "menti" à plusieurs reprises ces dernières semaines. "A-t-il menti hier soir, sous serment, devant la commission d'enquête ? Il est pour moi trop tôt pour le dire", a-t-il toutefois indiqué, voulant "examiner le détail des déclarations avant d'en tirer d'éventuelles conclusions". "Il est beaucoup trop tôt" pour savoir si François Bayrou a commis un parjure, a également déclaré la présidente de la commission, en réponse à la question d'un journaliste.
En revanche, Paul Vannier (LFI) a dénoncé les propos du Premier ministre à l'encontre de Françoise Gullung, ancienne enseignante au sein de l'établissement catholique Notre-Dame de Bétharram, considérée comme une lanceuse d'alerte. "Il entretient l'omerta et tente d'intimider celles et ceux qui voudraient dénoncer des violences", a fustigé le député, jugeant aussi que François Bayrou était "empreint d'une culture de la la violence sur les enfants".
Alors que l'audition de mercredi a tourné au bras de fer politique entre les deux hommes, Paul Vannier l'a assuré : "Ni l'outrance, ni la violence, ni les agressions du Premier ministre ne me feront renoncer à ma tâche".
"Je peux regretter que cette audition se soit transformée en duel", a quant à elle considéré Violette Spillebout (EPR), indiquant lors de cette conférence de presse qu'elle ne tirait "pas les mêmes conclusions" de l'audition de François Bayrou que son collègue de La France insoumise. "Ce que je retiens, c'est une défense extrêmement vigoureuse, offensive, d'un homme politique qui a été attaqué dans son honneur, son intégrité (...) et une défense qu'il a souhaitée longue, détaillée", a expliqué la député du parti présidentiel. "Il ne s'est pas dérobé", a-t-elle ajouté, évoquant en outre les "engagements obtenus" sur la question de la lutte contre les violences dans les établissements scolaires. Notamment "celui de soutenir plus fortement les associations qui œuvrent pour la libération de la parole" et "la piste d'une autorité indépendante".
"Le Premier ministre a répondu, sous serment, qu'il n'avait jamais menti, qu'il y avait des imprécisions dans ses souvenirs (...), je le crois", a déclaré Violette Spillebout. Et la députée, qui fait partie du socle commun qui soutient le gouvernement, d'assurer que ne se sentait "ni isolée, ni attaquée personnellement" au sein de la commission d'enquête, soulignant qu'elle continuerait à faire son travail, non pas de "parti politique", mais de "députée intègre et indépendante".
Interrogés sur les propos de François Bayrou à l'encontre de François Gullung, mais aussi de l'ex-gendarme Alain Hontangs et de l'ancien juge Christian Mirande, Fatiha Keloua Hachi (PS) a évoqué "un problème de mémoire de la part du Premier ministre", tandis que Paul Vannier (LFI) a dénoncé une stratégie "de la confusion, de la contradiction et du contournement".
La commission d'enquête a encore "quinze jours d'auditions", a précisé Fatiha Keloua Hachi lors de la conférence de presse. Les ex-ministres Pap Ndiaye, Jean-Michel Blanquer et Nicole Belloubet sont auditionnés ce jeudi 15 mai. L'actuel ministre de l'Education nationale, Elisabeth Borne, et son collègue de la Justice, Gérald Darmanin, le seront la semaine prochaine. Les conclusions des travaux de la commission sont attendus fin juin.