Gérald Darmanin : "Je ne vois pas le rapport entre la défense du climat et jeter un cocktail Molotov sur un gendarme"

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Gérald Darmanin LCP 05/10/2023
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, était auditionné par la commission d'enquête sur les groupuscules violents, jeudi 5 octobre 2023 (© LCP)
par Raphaël Marchal, le Jeudi 5 octobre 2023 à 16:30, mis à jour le Vendredi 10 novembre 2023 à 12:19

Le ministre de l'Intérieur était auditionné, ce jeudi 5 octobre, par la commission d'enquête sur les groupuscules violents lors des manifestations. Il a notamment fustigé l'idée que la défense d'une cause pourrait justifier des violences et des destructions de biens et défendu l'action des forces de l'ordre, notamment lors de la manifestation interdite de Sainte-Soline.      

Les travaux de la commission d'enquête sur "la structuration, le financement, les moyens et les modalités d’action des groupuscules auteurs de violences à l’occasion des manifestations et rassemblements intervenus entre le 16 mars et le 3 mai 2023" touchent à leur fin. Ce jeudi 5 octobre, en point d'orgue de leurs travaux, les députés ont entendu le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, pour ce qui devrait être l'ultime audition du cycle entamé en mai dernier. Le rapport de la commission d'enquête doit être rendu public le 31 octobre, a indiqué son président de l'instance, Patrick Hetzel (Les Républicains).

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Au cours de son audition, Gérald Darmanin a tranché : oui, bon nombre de violences commises sur le site de la manifestation interdite à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), en mars dernier, étaient préméditées par certains participants venus avec l'intention d'affronter les forces de l'ordre. Et non, selon lui, les gendarmes n'ont jamais eu la volonté d'envenimer la situation. Au contraire, ils ont "patiemment reçu des milliers de pierres, de haches, de cocktails Molotov" de la part des manifestants, alors qu'ils auraient pu faire usage de la "violence légitime" beaucoup plus tôt, a déclaré le ministre. 

Ce constat rejoint celui récemment dressé par une délégation de la commission d'enquête qui a effectué un déplacement autour de la "mégabassine" de Sainte-Soline. "Il y avait une volonté incontestable d'une partie des personnes présentes de démontrer que l'État était violent", a souligné Gérald Darmanin, qui a rappelé que de nombreuses armes par destination avaient été confisquées en amont du rassemblement.

Réquisitoire contre les "actions violentes"

Plus largement, le ministre de l'Intérieur a battu en brèche la vision qui consiste à dire qu'une action non-violente peut aboutir à la destruction de biens, au nom de la défense d'une cause jugée supérieure par ceux qui la défendent. Un discours tenu par plusieurs organisations militantes devant la même commission d'enquête, comme lors de l'audition de membres du collectif "Bassines, non merci", d'Attac France ou de Dernière rénovation.

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"[Dans leur vision], ce sont nous, les forces de l'ordre, qui serions responsables du fait que les choses se passent mal car nous nous interposons physiquement face à des personnes qui ne s'attaquent qu'à des biens", a expliqué Gérald Darmanin. Or, "les biens sont aussi importants que les personnes", a argumenté le ministre de l'Intérieur, expliquant que laisser détruire des biens reviendrait en substance à accepter une remise en cause du droit à la propriété privée. Et de rappeler qu'il ne s'agissait pas d'un combat idéologique "pour ou contre les bassines", les gendarmes se contentant en l'occurrence, selon lui, de protéger le chantier face à des militants violents décidés à le dégrader et à en découdre avec les forces de l'ordre lors d'un rassemblement qui avait été interdit. 

"Il y a une aspiration chez une partie de nos compatriotes pour dire que le combat démocratique n'est pas suffisant, et qu'il faut aller vers des actions violentes pour se faire entendre", a-t-il constaté, posant la question du respect de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. "On m'a reproché d'avoir mis des gendarmes en face des bassines, alors que si ça n'avait pas été le cas, on aurait détruit la bassine, et puis c'est tout."

Au cours de l'audition, Gérald Darmanin a, en outre, critiqué les élus - issus des rangs de la gauche - qui se sont rendus au rassemblement de Sainte-Soline , malgré son interdiction par la préfète. "Que des parlementaires viennent en écharpe, malgré tout cela, (...) sur une scène quasi de guerre, au contact avec les boucliers des gendarmes, avec quelqu'un qui filme de derrière, me laisse toujours circonspect."