Gouvernement : 18 membres de l'équipe Barnier, sur un total de 39, sont issus de l'Assemblée

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Les députés qui rentrent dans le premier gouvernement Barnier
Annie Genevard, Antoine Armand, Jean-Noël Barrot... Ces députés qui rentrent au gouvernement Barnier (© LCP)
par Maxence KagniLéonard DERMARKARIAN, le Dimanche 22 septembre 2024 à 12:00, mis à jour le Dimanche 22 septembre 2024 à 19:23

Sur les 39 membres du gouvernement de Michel Barnier, 18 ont été élus à l'Assemblée nationale en juillet dernier. Ils seront donc remplacés par leurs suppléants sur les bancs du Palais-Bourbon. Parmi ces 18 députés nommés au gouvernement, 11 font partie des ministres de plein exercice. Qui sont ces députés devenus ministres ? Galerie de portraits.

Anne Genetet : Education nationale 

Députée des Français établis hors de France, Anne Genetet est élue à l'Assemblée nationale pour la première fois en 2017, sous les couleurs de La République en marche, après s'être engagée en politique pour soutenir Emmanuel Macron en 2016. Sa circonscription couvre un large territoire allant de l'Arménie au Japon en passant par la Russie et l'Australie. Agée de 61 ans, elle a été réélue en 2022 et 2024. Jusqu'à son entrée au gouvernement, Anne Genetet siégeait au sein de la commission de la défense. 

"Je veux travailler sur la dévalorisation du métier et la solitude des enseignants, ainsi que sur le besoin de formation continue", a-t-elle notamment déclaré à l'AFP après sa nomination. Médecin de formation, elle a vécue à Singapour. "J'ai pu voir à quel point notre école rayonne à l'étranger", a-t-elle aussi souligné, voyant dans l'éducation un marqueur de la politique engagée depuis 2017 : "Depuis sept ans, tout ce que nous portons se fait dans le souci de préparer la génération suivante". Anne Genetet est la sixième ministre depuis l'élection d'Emmanuel Macron à l'Elysée. 

Jean-Noël Barrot : Europe et Affaires étrangères

Député des Yvelines depuis 2017, Jean-Noël Barrot a été élu président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale en juillet 2024. Membre du MoDem, âgé de 41 ans, il a été nommé ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications du gouvernement Borne en 2022. Depuis la formation du gouvernement Attal, en février 2024, Jean-Noël Barrot était ministre délégué chargé de l'Europe. 

Le ministère des Affaires étrangères est traditionnellement considéré comme faisant partie du "domaine réservée" du président de la République. Un "domaine partagé", selon Michel Barnier. Ancien vice-président de la commission des finances, Jean-Noël Barrot a organisé le premier "Printemps de l'évaluation" en 2018 et a participé à la montée en puissance de ce rendez-vous destiné destiné à mieux évaluer les politiques publiques. Fils de Jacques Barrot, il est vice-président du Mouvement démocrate, dont il a été le secrétaire général de 2018 à 2022. 

Agnès Pannier-Runacher : Transition écologique, Climat et Prévention des risques

Engagée en politique pour soutenir la candidature d'Emmanuel Macron à l'Elysée en 2017, Agnès Pannier-Runacher a fait partie de tous les gouvernements depuis 2018. D'abord nommée secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances, elle a ensuite été ministre déléguée chargée de l'Industrie, ministre de la Transition énergétique, puis ministre déléguée auprès du ministre de l'Agriculture. Agée de 50 ans, inspectrice des finances, elle travaillé dans la fonction publique et dans le privé. Agnès Pannier-Runacher a notamment été directrice générale déléguée de la Compagnie des Alpes, une filiale de la Caisse des dépôts et consignations. Elle est membre de Territoires de progrès, l'aile gauche du camp présidentiel. 

Reconduite dans de nouvelles fonctions au gouvernement, elle ne siègera pas à l'Assemblée nationale où elle a été élue, pour la première fois, députée du Pas-de-Calais en 2024. Au ministère de la Transition énergétique (2022-2024) Agnès Pannier-Runacher a été chargée de mettre sur les rails la stratégie énergétique de la France qui consacre la relance du nucléaire. Elle doit aussi gérer les risques de pénuries d'électricité lors de l'hiver 2022-2023, ainsi que la flambée des prix de l'énergie. 

"Sortir des énergies fossiles, adapter notre pays aux effets du dérèglement climatique, stopper l'effondrement de la biodiversité et inverser la tendance: ce sont les défis du siècle. Très honorée de la confiance du Président de la République et du Premier ministre, elle m'oblige", a-t-elle réagi après sa nomination, ajoutant : "L'écologie que je veux porter ne sera pas seulement ambitieuse. Elle sera aussi populaire pour permettre à tous de vivre mieux".

Antoine Armand : Economie, Finances et industrie

Elu député Renaissance de Haute-Savoie pour la première fois en 2022, Antoine Armand a été réélu en 2024. Agé de 33 ans, il est passé par l'Inspection des finances avant d'être élu à l'Assemblée nationale, où il a notamment été rapporteur de la commission d'enquête sur "les raisons de la perte d'indépendance et de souveraineté énergétique de la France", consacrée à la filière nucléaire et à la politique menée en la matière. Dans la foulée des législatives anticipées, il a été élu président de la commission des affaires économiques de l'Assemblée. 

"Dans le contexte budgétaire, exclure d'office certains prélèvements exceptionnels et ciblés ne serait pas responsable. Mais (...) nous devons baisser la dépense publique et la rendre plus efficace. Si la solution était d'augmenter les impôts, la France serait depuis longtemps la première puissance mondiale", a-t-il déclaré dans une première interview au Journal du dimanche. "Les classes moyennes (...) doivent soutenues", indique-t-il dans la même interview. "Je ne serai pas le ministre de la confiscation fiscale ni celui du sous-investissement dans notre avenir économique et écologique" a, par ailleurs, déclaré après sa nomination le successeur de Bruno Le Maire à Bercy. 

Geneviève Darrieussecq : Santé et accès aux Soins

Membre de plusieurs gouvernement depuis 2017, Geneviève Darrieussecq a été secrétaire d'Etat auprès du ministre des Armées, ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, ministre déléguée chargée des Personnes handicapées. En 2023, n'étant pas reconduite au gouvernement lors d'un remaniement, elle a retrouvée son siège de députée des Landes. Agée de 68 ans, elle a été élue à l'Assemblée nationale pour la première fois en 2017 sous les couleurs du MoDem, puis a été réélue députée des Landes en 2022 et en 2024. 

Médecin de profession, Geneviève Darrieussecq, fidèle de François Bayrou, a été maire de Mont-de-Marsan de 2008 à 2017. Huitième ministre de la Santé depuis l'élection d'Emmanuel Macron à l'Elysée, elle prend ses fonctions dans un secteur où les défis sont nombreux. Crise persistante dans les urgences, désertification médicale, fuite des personnels hospitaliers, ou encore tensions fortes en psychiatrie, le tout sur fond de déficits publics et d'économies budgétaires. Lors du débat sur la fin de vie à l'Assemblée, projet de loi resté en suspens en raison de la dissolution prononcée par le chef de l'Etat, elle avait dit s'interroger sur ce texte visant à instaurer une aide active à mourir. 

Paul Christophe : Solidarités, Autonomie et Egalité entre les femmes et les hommes 

Député du Nord depuis 2017, Paul Christophe a d'abord été engagé en politique chez Les Républicains, avant de rejoindre la formation de centre-droit Agir, puis Horizons le parti politique d'Edouard Philippe. Réélu à l'Assemblée nationale en 2022 et en 2024, il avait pris la tête de la commission des affaires sociales dans la foulée des législatives anticipées.

Fonctionnaire, âgé de 53 ans, il a notamment été rapporteur d'une proposition de loi visant à "renforcer la protection des familles d’enfants touchés par une affection de longue durée", définitivement adoptée en 2023. Alors que la nomination du gouvernement a provoqué l'inquiétude dans le secteur du handicap - alors qu'aucun intitulé de ministère ne fait mention de ce sujet - Paul Christophe a indiqué sur X (ex-Twitter) qu'il avait "toujours eu à cœur de défendre les droits fondamentaux des personnes handicapées et une société plus inclusive". Et de promettre : "Ce n'est pas demain que cela va changer !"

Valérie Létard : Logement et Rénovation urbaine 

Elue députée du Nord pour la première fois en 2024, à l'occasion des législatives anticipées, Valérie Létard, qui avait choisi d'intégrer le groupe LIOT, n'aura pas l'occasion de siéger au Palais-Bourbon dans l'immédiat. Engagée en politique au centre-droit, de l'UDF à l'UDI, elle a en revanche longtemps siégé au Sénat où elle a été élue de 2010 à 2023. Proche de Jean-Louis Borloo, âgée de 61 ans, Valérie Létard avait annoncé qu'elle quittait la politique à l'issue de son mandat de sénatrice en septembre 2023, mais elle s'est finalement présentée aux législatives pour contrer le Rassemblement national.

Son entrée au gouvernement a été bien accueillie par les acteurs du secteur du logement. Cette nomination est "un signal positif en ces temps de crise du logement", a notamment estimé la Fédération des offices publics de l'habitat, tandis que la Fédération française du bâtiment a salué l'arrivée d'une ministre "mobilisée" sur les sujets du logement et de la rénovation urbaine "depuis longtemps et engagée au service des territoires". Elle trouvera notamment sur son bureau un projet de loi sur le logement, préparé par son prédécesseur, Guillaume Kasbarian, dont l'examen devait commencer au Sénat juste avant la dissolution de l'Assemblée nationale. 

Annie Genevard : Agriculture, Souveraineté alimentaire et Forêt

Figure des Républicains et de l'Assemblée nationale, Annie Genevard, est députée du Doubs depuis 2012. Agée de 68 ans, elle était jusqu'à son entrée au gouvernement vice-présidente du Palais-Bourbon. Une fonction qu'elle avait déjà occupée de 2017 à 2022. Secrétaire générale des Républicains, formation qu'elle dirigée en tant vice-présidente déléguée en 2022, elle a été en première ligne lorsque le bureau politique du parti a décidé d'exclure Eric Ciotti, en juin 2024, alors que celui-ci venait de faire alliance avec le Rassemblement national. Un alliance qu'elle avait qualifié de "rupture totale avec la ligne portée par Les Républicains".  

Enseignante de lettres classiques de profession, spécialiste de l'éducation, Annie Genevard a récemment été co-rapporteure d'une mission d'information sur l'apprentissage de la lecture . Elue d'une circonscription rurale, maire de Morteau de 2002 à 2017, elle a aussi travaillé sur les questions liées à l'agriculture et à la ruralité à l'Assemblée nationale. "Les agriculteurs ont besoin d'actes, de vérité, de respect. Telle sera ma ligne de conduite", a-t-elle écrit sur X (ex-Twitter) après sa nomination. 

Membre de l'équipe de campagne de François Fillon lors de l'élection présidentielle de 2017, elle s'est opposée au mariage pour tous qui a été adopté par le Parlement en 2013, réclamant notamment l'organisation d'un référendum sur le sujet. Annie Genevard s'est abstenue lors du Congrès qui a voté l'inscription dans la Constitution de "la liberté de recourir à l'interruption volontaire de grossesse" en mars 2024 et a bataillé contre le projet de loi relatif à la fin de vie, dont l'examen à l'Assemblée nationale a été interrompu par la dissolution prononcée par Emmanuel Macron. 

Astrid Panosyan-Bouvet : Travail et Emploi 

Elue député de Paris pour la première fois en 2022, Astrid Panosyan-Bouvet est âgée de 53 ans. Réélue en 2024, elle s'apprêtait à siéger sur les bancs d'Ensemble pour la République, le groupe présidé par Gabriel Attal. Cofondatrice d'En marche !, le parti lancé par Emmanuel Macron en 2017, Astrid Panosyan-Bouvet a d'abord été membre du Parti socialiste, qu'elle a quitté dans les années 2000.

Au ministère du Travail et à l'Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet elle va retrouver des sujets sur lesquels elle s'est investie à l'Assemblée nationale, où elle a notamment coprésidé un groupe de réflexion transpartisan sur les mutations du travail. Au Palais-Bourbon, elle était aussi membre de la commission des affaires sociales et coprésidente du groupe d'études sur l'économie sociale et solidaire et la responsabilité sociétale des entreprises.

Prise de position remarquée, Astrid Panosyan-Bouvet s'est opposée à la dernière réforme de l'assurance chômage, défendue par l'ex-Premier ministre Gabriel Attal, estimant que "l'urgence" n'était pas de "réformer l'assurance chômage" mais de "rendre attractifs les métiers qui ne le sont pas" et de "lever les freins centraux à l'emploi - formation, transport, logement, garde d'enfants". Il reviendra au nouveau gouvernement de décider du sort de cette réforme en suspendue depuis le soir du premier tour des législatives anticipées. 

Patrick Hetzel : Enseignement supérieur et Recherche

Député du Bas-Rhin, Patrick Hetzel a été élu et réélu à l'Assemblée nationale depuis 2012, où il a siégé sur les bancs de l'UMP, puis des Républicains. Jusqu'à sa nomination au gouvernement, il faisait partie du groupe de la Droite républicaine (la nouvelle appellation des LR au Palais-Bourbon), présidé par Laurent Wauquiez. Agé de 60 ans, cet ancien recteur et directeur général de l'enseignement supérieur a conseillé François Fillon sur les questions éducatives quand celui-ci était Premier ministre.

Patrick Hetzel a également été coresponsable du projet politique de Michel Barnier quand celui-ci était candidat à la primaire de la droite en vue de l'élection présidentielle de 2022. "On débat trop peu des questions d’éducation au Parlement. La question doit être portée par la Nation tout entière", expliquait-il alors au Monde. 

Le député, qui a participé aux manifestations contre la mariage pour tous, a voté contre la constitutionnalisation de l'IVG, estimant que celle-ci remettait en cause "les équilibres fondamentaux de la loi Veil". Patrick Hetzel a également été cosignataire d'une tribune transpartisane critiquant la méthode utilisée par le gouvernement dans l'élaboration du projet de loi sur la fin de vie. 

Guillaume Kasbarian : Fonction publique, Simplification et Transformation de l'action publique 

Fidèle revendiqué et assumé d'Emmanuel Macron, s'est engagé en politique lors de la campagne présidentielle de 2017. Elu député La République en marche d'Eure-et-Loir dans la foulée, il a été réélu en 2022 et 2024. Agé de 37 ans, Guillaume Kasbarian a notamment été rapporteur du projet de loi "d'accélération et de l'action publique" à l'Assemblée nationale, définitivement adopté en 2020. Président de la commission des affaires économiques de 2022 à 2024, il a porté la proposition de loi "visant à protéger les logements contre l'occupation illicite", dite loi "anti-squat".

Nommé ministre délégué chargé du Logement en 2024, il avait préparé un projet de loi dont l'examen devait commencer au Sénat juste avant la dissolution de l'Assemblée nationale. "Servir les Français, aux côtés des agents publics de notre pays, est un honneur", a-t-il écrit X (ex-Twitter) après sa nomination dans ses nouvelles fonctions. Il trouvera notamment sur son bureau un projet de réforme de la fonction publique, préparé par son prédécesseur, Stanislas Guerini, autre fidèle du chef de l'Etat. 


Les autres membres du gouvernement issus de l'Assemblée nationale 

Ministre délégué chargé de l'Europe : Benjamin Haddad 

    Ministre déléguée, porte-parole du gouvernement : Maud Bregeon

    Ministre délégué chargé de la réussite scolaire et de l'Enseignement professionnel : Alexandre Portier

    Ministre déléguée chargée de l'Energie : Olga Givernet

    Ministre délégué chargé de l'Industrie : Marc Ferracci 

    Ministre chargée de l'Economie sociale et solidaire, de l'Intéressement et de la Participation : Marie-Agnès Poussier-Winsback 

    Ministre délégué chargée de l'Economie du Tourisme : Marina Ferrari