Au terme de 15 jours de négociation, le Nouveau Front Populaire est finalement parvenu, mardi 23 juillet dans la soirée, à un accord sur un nom pour Matignon. Il s'agit de Lucie Castets, 37 ans, issue de la société civile. Une heure après cette annonce, Emmanuel Macron, invité du journal télévisé, a opposé une fin de non-recevoir à cette proposition.
Sur le fil. Par un communiqué commun, diffusé mardi soir, près d’une heure avant l’interview d’Emmanuel Macron sur France 2, l’alliance de la gauche a annoncé le nom de sa candidate pour le poste de premier ministre. Il s'agit de Lucie Castets, une « animatrice de luttes associatives pour la défense et la promotion des services publics, activement engagée dans le combat d’idées contre la retraite à 64 ans » fait valoir le communiqué.
Peu connue du grand public, la candidate désignée, énarque et économiste de formation, est l'actuelle directrice des finances de la Mairie de Paris. Engagée au sein du collectif "Nos services publics", elle a aussi travaillé à la direction générale du Trésor puis pour TRACFIN, la cellule anti-blanchiment du ministère de l’Économie.
L'accord sur ce nom surprise a été acté à l’issue d'une ultime réunion des partis du Nouveau Front populaire (NPF), qui, seize jours après le résultat des législatives « a conclu positivement ».
Dans la foulée, Marine Tondelier a appelé Emmanuel Macron, dans un message sur X, à « reconnaître le résultat des élections » et « nommer » à Matignon Lucie Castets, candidate « validée au consensus de nos quatre formations politiques ».
Dans un message posté sur X, le président réélu de la commission des finances à l’Assemblée nationale, Eric Coquerel, estime lui qu’« après ses succès à l’Assemblée nationale, le Nouveau Front populaire fait un pas décisif pour gouverner le pays avec le choix unanime de ses quatre composantes pour Lucie Castets comme première ministre ». « Maintenant Emmanuel Macron n’a plus de prétexte : il doit nous laisser gouverner », a-t-il ajouté, à quelques minutes de l'intervention programmée du chef de l'Etat à la télévision.
Dans une interview accordée à l’Agence France-Presse (AFP), et diffusée quelques minutes après l’annonce de l’accord du Nouveau Front populaire sur son nom, Lucie Castets dit vouloir porter « l’abrogation de la réforme des retraites », tel que prévu par le programme de la coalition de gauche. Elle appelle aussi à une « grande réforme fiscale pour que chacun, individus et multinationales, paie sa juste part », et une « amélioration du pouvoir d’achat » par la revalorisation des salaires et le relèvement des minima sociaux.
Une heure après cette annonce de candidature, Emmanuel Macron était invité du journal télévisé de France 2. Le président de la République a opposé une fin de non-recevoir à cette proposition de nomination : "Le sujet n’est pas [...] un nom donné par une formation politique. La question [...] c’est quelle majorité peut se dégager à l'Assemblée pour qu'un gouvernement de la France puisse passer des réformes" a affirmé le chef de l'Etat, ajoutant qu'il est "faux de dire que le NFP a une majorité quelle qu’elle soit".
Interrogé sur la date à laquelle il entendait nommer un nouveau premier ministre, Emmanuel Macron a estimé que "jusqu'à la mi-août, on doit être concentré sur les Jeux" car l'inverse "créerait du désordre". "Et puis à partir de là, en fonction de l'avancée de ces discussions, ce sera ma responsabilité de nommer un Premier ministre ou une Première ministre et lui confier la tâche de constituer un gouvernement et d'avoir le rassemblement le plus large qui lui permette d'agir et d'avoir la stabilité", a-t-il dit.
Au lendemain de cette intervention présidentielle, mercredi 24 juillet, Lucie Castets a déploré sur France Inter "l'inconséquence" et le "déni de démocratie" du chef de l'Etat. Elle a enjoint le président de la République à "prendre ses responsabilités" et à la nommer Première ministre, tout en affirmant qu'une coalition entre la gauche et le camp présidentiel - condition implicitement posée par Emmanuel Macron - était "impossible".
"Il n'y a pas de coalition possible entre des personnes qui pensent qu'il faut financer davantage les services publics et ceux qui pensent qu'il est urgent de réduire les moyens. Il n'y a pas d'accord possible entre ceux qui veulent que chacun paie sa juste part d'impôts et ceux qui proposent plutôt des allégements d'impôts aux personnes les plus favorisées", a-t-elle insisté.