Meurtre de Philippine : les députés approuvent l'allongement de la durée de rétention des étrangers jugés dangereux

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Bruno Retailleau LCP 08/10/2024
Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, le 8 juillet 2025 (© LCP)
par Raphaël Marchal, le Mardi 8 juillet 2025 à 20:53, mis à jour le Mardi 8 juillet 2025 à 20:58

L'Assemblée nationale a adopté en première lecture, ce mardi 8 juillet, la proposition de loi visant à "faciliter le maintien en rétention des personnes condamnées pour des faits d’une particulière gravité et présentant de forts risques de récidive", par 303 voix contre 168. Le texte va poursuivre son parcours législatif en retournant au Sénat. 

"Lorsque la loi ne protège plus nos compatriotes, alors il faut changer la loi", a redit encore le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, ce mardi 8 juillet. L'Assemblée nationale venait d'approuver en première lecture, la proposition de loi "visant à faciliter le maintien en rétention des personnes condamnées pour des faits d’une particulière gravité et présentant de forts risques de récidive". Le texte d'origine sénatoriale, initialement déposé par Jacqueline Eustache-Brinio (Les Républicains), a été adopté par 303 voix contre 168.

Une absence s'est particulièrement fait sentir, celle d'Olivier Marleix. Le député d'Eure-et-Loir, retrouvé mort à son domicile ce lundi, était rapporteur du texte et aurait dû le défendre sur les bancs de l'Assemblée nationale ce mardi. De nombreux orateurs lui ont de nouveau rendu hommage au moment de reprendre la parole sur le fond de la proposition de loi.

L'objet principal de cette dernière est d'allonger la durée maximale de la rétention administrative pour les étrangers condamnés à des crimes et délits graves, faisant l'objet d'une interdiction du territoire français, et présentant une menace pour l'ordre public. Cette période maximale passerait de 90 à 210 jours, une durée actuellement réservée aux cas relevant du terrorisme.

La proposition de loi avait été déposée en réaction au meurtre de Philippine, une étudiante de 19 ans dont le corps avait été retrouvé dans le bois de Boulogne. Le principal suspect, un Marocain en situation irrégulière déjà condamné pour viol, qui faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF), avait été libéré du centre de rétention administrative dans lequel il se trouvait quelques semaines avant le meurtre.

Une loi "xénophobe" pour la gauche

Les débats ont particulièrement clivé l'hémicycle de l'Assemblée nationale. Les groupes de gauche ont fustigé un texte "xénophobe" et inefficace, considérant que l'expulsion d'étrangers dépendait avant tout de l'obtention de laissez-passer consulaires. "C'est une proposition démagogique et inutile", a critiqué Céline Hervieux (Socialistes et apparentés).

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"Cette proposition de loi n'est ni un symbole, ni un affichage. Elle répond à une faille bien réelle de notre système, qui peut coûter des vies", a défendu Guillaume Kasbarian (Ensemble pour la République) ce mardi le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau.

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Une disposition, ajoutée par les députés en commission, a particulièrement crispé. Elle autorise la prise d’empreintes digitales et de photographies d'un étranger en rétention administrative sans son consentement, lorsqu'il s'agit de l'unique moyen de vérifier son identité et en procédant, si nécessaire, à la contrainte. Le texte va désormais poursuivre son parcours législatif en retournant au Sénat, en nouvelle lecture.