Présidence de l'Assemblée nationale : Braun-Pivet, Chassaigne, de Courson, Moutchou, Chenu... Qui est en lice pour le Perchoir ?

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par Adèle DaumasMaxence Kagni, Léonard DERMARKARIAN, le Jeudi 18 juillet 2024 à 00:35, mis à jour le Jeudi 18 juillet 2024 à 00:43

Quatrième personnage de l’État, le président - ou la présidente - de l'Assemblée nationale joue un rôle clé au Palais-Bourbon et plus largement dans le système institutionnel de la Vème République. L'élection au Perchoir aura lieu ce jeudi 18 juillet. Braun-Pivet, Chassaigne, de Courson, Moutchou, Chenu... Tour d'horizon des candidatures. 

 Dans une Assemblée nationale partagée en trois blocs et sans majorité claire, l'élection au Perchoir, la présidence du Palais-Bourbon, est un test politique attendu. Le résultat de cette élection permettra en effet d'y voir plus clair sur les rapports de force et les équilibres à l'œuvre à l'Assemblée. Avec des enseignements possibles sur la capacité de tel ou tel bloc à s'élargir pour assurer la viabilité d'un gouvernement. L'élection à la présidence de l'Assemblée nationale aura lieu ce jeudi 18 juillet

  • Yaël Braun-Pivet 

Elue députée La République en marche des Yvelines pour la première fois en 2017, Yaël Braun-Pivet, âgée de 53 ans, est avocate de formation. Réélue au Palais-Bourbon, dimanche 7 juillet, dans le cadre d'une triangulaire, c'est la présidente sortante de l'Assemblée nationale.

Ce jeudi 18 juillet, elle sera la candidate du groupe Ensemble pour la République (ex-Renaissance) pour se succéder à elle-même. Sa candidature sera, en outre, soutenue dès le premier tour par le groupe Démocrate, qui appelle à faire de cette élection le "premier acte concret" de la volonté de construire une "coalition large" porteuse d'"apaisement" et de "rassemblement".

A la tête de la commission des lois de 2017 à 2022, elle a été nommée ministre des Outre-mer dans le gouvernement d’Elisabeth Borne en mai 2022, avant de démissionner quelques semaines plus tard pour briguer la présidence de l'Assemblée. Son élection à cette fonction fait de Yaël Braun-Pivet la première femme à occuper le Perchoir

"Pendant deux ans, j'ai montré que j'étais capable de gérer une Assemblée sans majorité. Si je peux y être utile, je le serai", déclare-t-elle sur France 2 dans la foulée des législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, affichant sa volonté de reprendre le fil de son action à la présidence du Palais-Bourbon, interrompue par la dissolution. En novembre dernier, elle a été à l'initiative, avec son homologue du Sénat, Gérard Larcher de la "Marche pour la République et contre l'antisémitisme". 

Au lendemain de la dissolution de l'Assemblée nationale, tout en prenant acte de la décision d'Emmanuel Macron, Yaël Braun-Pivet a estimé qu'il y aurait eu "un autre chemin, qui était le chemin d'une coalition"

  • André Chassaigne

Député du Puy-de-Dôme depuis 2002, le communiste André Chassaigne, âgé de 74 ans, préside le groupe Gauche démocrate et républicaine au Palais-Bourbon depuis 2012. Mercredi 17 juillet, il a été choisi pour être le candidat des quatre groupes du Nouveau Front populaire au Perchoir. Une décision qu'André Chassaigne attribue notamment à sa "connaissance de l'institution".

Déterminé à défendre sa candidature jusqu'au bout, il a indiqué dans un communiqué sa "volonté d’être présent à tous les tours du scrutin""Le résultat des élections législatives remet le Parlement au cœur de la démocratie. Quel que soit le Gouvernement qui sera nommé, je serai le garant de la séparation des pouvoirs et d’une Assemblée renforcée et respectée dans ses prérogatives", écrit-il encore. 

Alors que le Parti communiste s'est rangé derrière Jean-Luc Mélenchon en 2012 et en 2017, André Chassaigne a toujours défendu l'autonomie et l'identité du PCF vis-à-vis de La France insoumise. 

  • Charles de Courson

Député de la Marne sans interruption depuis 1993, Charles de Courson, âgé de 72 ans, a été réélu le 7 juillet pour un huitième mandat. Ce qui en fait l'élu le plus ancien de l'Assemblée nationale et le rapproche du record en matière de nombre de mandats. 

Cette figure du Palais-Bourbon, respectée pour ses compétences en matière budgétaire, a longtemps siégé au sein de l'UDF. Depuis 2018, fait partie du groupe Liot et c'est à ce titre que, l'an dernier, il a défendu une motion de censure transpartisane déposée après le recours au 49.3 sur la réforme des retraites. Une motion à laquelle il n'a manqué que neuf voix pour faire tomber le gouvernement d'Elisabeth Borne.

En 2019, il s'était élevé contre la loi "anti-casseurs" : "C'est la dérive complète ! On se croit revenu sous le régime de Vichy ! Réveillez-vous ! C'est une pure folie de voter ce texte !", avait-t-il lancé dans l'hémicycle pour interpeller ses collègues. En 1940, son grand-père a été l'un des 80 parlementaires à n'avoir pas voté les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain.

Dans un communiqué expliquant les raisons de sa candidature au Perchoir, il écrit : "Ma candidature, qui ne s'inscrit pas dans une logique partisane, est celle d'un député expérimenté, rassembleur et indépendant, qui en appelle à la responsabilité de tous les députés afin de préserver notre République."

  • Naïma Moutchou

Elue députée du Val-d'Oise pour la première fois en 2017, sous l'étiquette de La République en marche, Naïma Moutchou, âgée de 43 ans, siège depuis 2022 au sein du groupe Horizons, émanant du parti d'Edouard Philippe. 

Depuis 2022 et jusqu'à la dissolution, elle était vice-présidente de l’Assemblée nationale. Récemment, elle faisait état dans les colonnes du Figaro d'une "expérience [qui] pourrait compter pour conduire un hémicycle qui s’annonce très tendu". Au premier tour, Naïma Moutchou sera la candidate d'Horizons, qui a refusé une primaire interne à la coalition présidentielle. "Nous voulons, dans le cadre de ce premier tour, faire entendre notre voix", a expliqué le président du groupe Laurent Marcangeli

Alors qu'en vue de l'élection du Bureau de l'Assemblée, vendredi 19 juillet, le Nouveau Front populaire appelle à un "barrage républicain" contre le Rassemblement national et qu'Ensemble pour la République a décidé de ne pas départager le RN et LFI, la députée du Val-d'Oise estime que "le résultat qui est sorti des urnes doit être respecté". "C'est le choix des Français. (...) Ce qui veut dire qu'il va falloir distribuer des postes à proportion du poids des groupes. Donc, il n'y aura pas de 'ni RN, ni LFI' ici à l'Assemblée nationale (...) parce que c'est un enjeu de représentativité", a-t-elle affirmé mercredi.

 

  •  Sébastien Chenu

Député Rassemblement national du Nord depuis 2017, Sébastien Chenu, âgé de 51 ans, a rejoint le Front national à la suite des élections européennes de 2014, après être passé par l'UMP. L'année suivante, il est élu conseiller régional des Hauts-de-France sous la bannière du parti à la flamme. Porte-parole du Rassemblement national de 2017 à 2022, il en devient ensuite vice-président. 

Lors des législatives anticipées, Sébastien Chenu a été réélu député dès le premier tour. Ce jeudi 18 juillet. Déjà candidat du Rassemblement national à la présidence de l'Assemblée nationale en 2022, il le sera à nouveau cette fois-ci, au moins "au premier tour", a indiqué mercredi le groupe présidé par Marine Le Pen. 

Lors de la législature précédente, à laquelle la dissolution a mis fin, le RN avait obtenu deux postes de vice-présidents sur un total de six. L'un était occupé par Sébastien Chenu, l'autre par sa collègue du Lot-et-Garonne Hélène Laporte.

  • Philippe Juvin 

Elu député Les Républicains des Hauts-de-Seine en 2022, Philippe Juvin, âgé de 60 ans, est médecin anesthésiste-réanimateur de profession. Il a été maire de La Garenne-Colombes de 2001 à 2022 et député européen de 2009 à 2019.

De sources concordantes, mercredi 17 juillet en fin de journée, il pressenti par le groupe de La Droite républicaine (ex-groupe LR) pour être son candidat au Perchoir. Mais ce choix devait encore être confirmé, car suspendu à des discussions portant sur la répartition de postes à responsabilité au sein de l'Assemblée nationale avec Ensemble pour la République. Dans le cadre de l'accord en cours de négociation, Philippe Juvin pourrait se désister après le premier tour. Et sa collègue du Doubs Annie Genevard obtenir une vice-présidence, fonction qu'elle a déjà occupée de 2017 à 2022. En cas d'échec des discussions, c'est cette dernière qui pourrait briguer la présidence. 

Après la dissolution de l'Assemblée, Philippe Juvin, qui préside la fédération Les Républicains des Hauts-de-Seine, a contribué à la conclusion d'un accord local avec la coalition présidentielle dans ce département où est aussi élu le Premier ministre démissionnaire et désormais président du groupe Ensemble, Gabriel Attal