"Quotidien, c'est zéro dérapage, zéro amende", souligne Yann Barthès devant la commission d'enquête sur la TNT

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Yann Barthès, auditionné à l'Assemblée nationale, le 27 mars 2024.
Yann Barthès, auditionné à l'Assemblée nationale, le 27 mars 2024. LCP
par Maxence Kagni, le Mercredi 27 mars 2024 à 15:05, mis à jour le Vendredi 29 mars 2024 à 12:09

Auditionné par la commission d'enquête sur l'attribution et le contrôle des fréquences de la TNT, l'animateur star de Quotidien sur TMC, Yann Barthès, a affirmé que son émission respectait scrupuleusement les règles relatives au pluralisme politique, répondant ainsi aux députés du Rassemblement national qui regrettent de ne pas être invités sur son plateau.

Yann Barthès n'était pas vraiment "ravi d'être là". L'animateur de l'émission Quotidien, qui est aussi gérant de la société de production Bangumi, a été auditionné, ce mercredi 27 mars, par la commission d'enquête "sur l’attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre" (TNT).

Aux côtés du directeur général adjoint des contenus du groupe TF1, Ara Aprikian, du directeur de la conformité des programmes du groupe TF1, Thomas Courcelle, du gérant de Bangumi et producteur de Quotidien, Laurent Bon, et du journaliste et chroniqueur pour Quotidien, Julien Bellver, il a répondu pendant un peu moins de deux heures aux députés de la commission d'enquête. 

Dès les premières minutes de son audition, Yann Barthès a fait part de son étonnement d'être "convoqué à la demande de cinq députés du Front national... du Rassemblement national", a-t-il lâché. Visiblement mi-agacé, mi-tendu, le présentateur star a rappelé que la co-gérante de Bangumi, Elodie Bernard, avait déjà été auditionnée par la commission d'enquête le 25 janvier. "Parmi les cinq députés RN qui ont demandé à ce que nous repassions aujourd'hui, aucun n'était présent lors de notre premier passage" a-t-il, en outre, remarqué.  

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"Si la demande [de vous auditionner] vient du Rassemblement national, la décision a bien été prise par la présidence, c'est-à-dire par moi-même", a aussitôt rectifié le président de la commission, Quentin Bataillon, (Renaissance). 

"Un cadre légal parfaitement respecté"

Le 21 mars, cinq députés Rassemblement national ont en effet saisi le président de la commission d'enquête pour solliciter l'audition de Yann Barthès, ainsi que Julien Bellver, afin qu'ils puissent expliquer leur décision de ne pas recevoir de membres du RN sur leur plateau. "[Julien Bellver] a déclaré le 21 mars 2023 qu'il ne recevait pas « de personnalités de l'extrême droite » en désignant notamment le Rassemblement national, motif tiré qu'une liberté totale lui est accordée en raison du caractère privé de la chaîne de diffusion", ont notamment écrit les cinq élus

"Il aurait été inconcevable de ne pas auditionner les acteurs de la seule émission du PAF, la seule, qui assume exclure une partie du spectre politique de sa programmation", a ajouté, mercredi matin, Thomas Ménagé (Rassemblement national), jugeant inéquitable le traitement subi par son parti, puisque ses membres ne peuvent pas "échanger en direct, sans coupes", sur le plateau de Quotidien.

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"Oui, en effet on ne reçoit pas d'élus RN sur le plateau de Quotidien. Mais ils sont présents dans toute l'émission, dans toutes les rubriques", a répondu Julien Bellver. "Les règles on les respecte à la lettre (...) Pas une seule fois Quotidien n'a été condamné pour non-respect de ces règles de pluralisme", a insisté le journaliste. "Le cadre légal est parfaitement respecté par la chaîne et par l'émission Quotidien" a, lui aussi, souligné Ara Aprikian, le directeur adjoint des contenus du groupe TF1. 

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Absence d'invitations versus refus d'accréditations

"Si on nous demande de vous recevoir, si c'est la loi, évidemment, on le fera", a concédé Laurent Bon, qui explique que la décision de ne pas inviter de membres du RN est "collective" au sein de Bangumi. "La liberté d'informer est respectée par tous, sauf par le Rassemblement national", a-t-il également accusé. "Le RN s'acharne depuis des années à interdire à nos journalistes l'accès à leurs réunions publiques, à leurs meetings, à leurs conférences de presse, à leurs vœux", a expliqué le co-producteur de Quotidien, qui juge ce boycott "antidémocratique"

"Est-ce que si demain vous êtes accrédités aux meetings, il est possible que nous soyons invités sur vos plateaux ?", a demandé Thomas Ménagé (RN). Une intervention aussitôt moquée et qualifiée de "supplique" par Jérôme Guedj (Socialistes). "Je voulais savoir pourquoi vous vouliez absolument venir dans une émission qui ne vous plaît pas ?" a, quant à lui, réagi Yann Barthès. En tout état de cause, "c'est difficile de conditionner une accréditation à une invitation en plateau" a estimé Laurent Bon, considérant par ailleurs que "le RN boycotte, discrédite et agresse les équipes de Quotidien depuis des années".

Des accusations aussitôt contestées par Sébastien Chenu (Rassemblement national), qui a demandé aux équipes de Quotidien si elles étaient capables de produire des jugements et des condamnations"Non, il n'y a pas eu de condamnations. Cela a été documenté. On n'a pas porté plainte", a répondu Laurent Bon. "Donc je note, des choses que vous jugez graves, zéro plainte et de l'autre côté zéro condamnation", a répliqué le député. 

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Se différencier de TPMP

Lors de leur audition, les équipes de Quotidien ont semblé vouloir se distinguer des accusations portées contre leur rivale, l'émission Touche pas à mon poste !, présentée par Cyril Hanouna. Le 14 mars dernier, lors de son audition devant cette même commission d'enquête, l'animateur star de C8 avait minimisé le nombre de sanctions reçues par son émission qui ne représentent, avait-il déclaré, que 0,1% du temps d'antenne sur "plus de 5.000 heures de direct".

"On essaie de faire une émission de télévision quotidienne avec les codes de la presse écrite", a déclaré Laurent Bon, qui souhaite faire "une émission très préparée""le contraire" d'une "émission de débats ou de clash". "L'utilisation d'un prompteur et d'une oreillette constituent pour nous un outil essentiel à la maîtrise de l'antenne, nous sommes convaincus que la télévision doit être le contraire de Twitter", a-t-il ajouté. "Quotidien c'est zéro dérapage, zéro procédure de sanction, zéro amende, zéro mise en demeure de l'Arcom, zéro mise en garde et aucune procédure en diffamationa, pour sa part, martelé Yann Barthès

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