Renouvellement du Bureau de l'Assemblée : une première réunion, mais pas de conciliation en vue

Actualité
Image
Assemblée nationale
par Anne-Charlotte DusseaulxStéphanie Depierre, le Mercredi 2 juillet 2025 à 22:55, mis à jour le Jeudi 3 juillet 2025 à 09:32

Yaël Braun-Pivet a réuni, ce mercredi 2 juillet, les présidents des groupes politiques de l'Assemblée nationale. L'objet de la réunion ? Evoquer le renouvellement à venir, en octobre, du Bureau du Palais-Bourbon. La présidente de l'institution voudrait éviter le scénario de juillet 2024, qui avait donné lieu à de vives tensions lors de la constitution de l'actuel Bureau, au sein duquel le Rassemblement national n'est pas représenté. Une nouvelle réunion doit se tenir le 29 septembre.

Le renouvellement annuel du Bureau de l'Assemblée nationale n'aura lieu qu'en octobre, mais déjà la présidente de l'institution Yaël Braun-Pivet tente de s'atteler au dossier. Après en avoir discuté individuellement avec les différents présidents des groupes parlementaires, elle les a réunis ce mercredi 2 juillet après-midi. Car il est bien loin le temps où la reconduction de cette instance, qui est la plus haute autorité collégiale du Palais-Bourbon, se faisait de manière tacite, sans heurts, comme cela avait encorte été le cas en 2023.

L'année dernière, la composition du Bureau avait, au contraire, donné lieu à des votes serrés, à de vives tensions et à plusieurs coups de théâtreFinalement, le Rassemblement national - comme le MoDem - n'était pas parvenu à faire élire de députés au sein de ce Bureau, alors qu'ils y étaient représentés lors de la précédente législature. Tandis que la gauche avait réussi à y être majoritaire

Cette fois, Yaël Braun-Pivet voudrait éviter de voir se reproduire le même scénario à la rentrée, et si possible de devoir aller jusqu'aux votes prévus en l'absence d'accord politique sur la répartition des postes clés du Palais-Bourbon. Elle n'est pas la seule. "On n’a pas très envie, collectivement, dans le socle commun, qu’il se passe ce qui s’est passé l'an dernier : le MoDem absent du Bureau, des postes perdus au profit de la gauche…", explique auprès de LCP un député du bloc central.

Concrètement, l'élection du Bureau est régi par l'article 10 du règlement de l'Assemblée nationale, selon lequel il s'agit de "s'efforcer de reproduire la configuration politique" de l'hémicycle au sein de cette instance. Pour ce faire, deux possibilités : soit, après discussions, un compromis est trouvé - à l'unanimité des groupes - sur la répartition des six postes de vice-présidents, des trois postes de questeurs et des douze postes de secrétaires. Soit ce n'est pas le cas, et trois séries de scrutins sont organisées, sans certitude que l'esprit du règlement soit respecté.

Au coeur des discussions, la place du Rassemblement national

Qu'en sera-t-il cette année ? "Yaël Braun-Pivet veut proposer un deal qui permettrait d'éviter un vote. Ce deal inclut le retour du Rassemblement national au Bureau", indique un député socialiste à LCP. Le même enchaîne : "C'est une ligne rouge cramoisi pour nous." Une position que partagent également les insoumis et les écologistes. "On en fait une affaire de front républicain. On s'est mobilisé contre le RN dans les urnes, ce n'est pas pour qu'ils aient ensuite deux postes de vice-présidents !", confirme un écologiste. "Qu'est-ce qui a changé entre 2024 et 2025 ? Rien", considère pour sa part le député et vice-président de l'Assemblée, Jérémie Iordanoff (Ecologiste et social), favorable à la reconduction du Bureau telle quelle ou à "un accord sans le Rassemblement national". 

On ne me fera jamais déposer un bulletin RN, mais respecter l'article 10 ne me paraît pas illogique, sachant que trois groupes ne sont pas représentés au Bureau. Stéphane Peu, président du groupe GDR

Ce mercredi, la réunion des présidents de groupe n'a pas duré plus de trente minutes. "On se revoit en septembre", le 29 plus précisément, nous a indiqué le président du groupe de la Gauche démocrate et républicaine, Stéphane Peu. Lui a porté une position différente de ses collègues de gauche. "On ne me fera jamais déposer un bulletin RN, mais respecter l'article 10 ne me paraît pas illogique, sachant que trois groupes ne sont pas représentés au Bureau", explique l'élu communiste, qui précise que le sujet doit être discuté entre les groupes de gauche et qu'il se conformera à la position majoritaire.

Si aucune voie de passage ne semble pouvoir se dégager en vue d'un accord global, se pose la question d'un accord entre différents groupes parlementaires au moment des votes. Selon nos informations, des discussions sont en cours sur le sujet au sein du bloc central. Faut-il laisser entrer le Rassemblement national au Bureau et si oui, faut-il les y aider ? "Dire : il faut un rééquilibrage [dans la répartition des postes] cela revient à faire entrer le RN à des postes de vice-présidents", confirme à LCP un cadre du bloc central, qui n'y serait personnellement pas opposé. "S'il y a une chose à enlever, au nom du rééquilibrage, c'est un poste de vice-président à la Droite républicaine", estime aussi ce député.

Composé de seulement 49 élus, le groupe emmené par Laurent Wauquiez avait été bien servi en 2024, avec deux postes de vice-président (Xavier Breton et Annie Genevard, cette dernière ayant été remplacée par Jérémie Iordanoff lors de son entrée au gouvernement en octobre) - il n'en a donc plus qu'un aujourd'hui - ainsi qu'un poste de questeurs occupé par Michèle Tabarot. 

En juillet 2024, le bloc central s'était déjà divisé sur la question de la présence du Rassemblement national au sein du Bureau. "Il est sain que chaque groupe politique quel qu'il soit puisse y être représenté", avait jugé Yaël Braun-Pivet, tout comme le président du groupe Les Démocrates, Marc Fesneau. "Moi, je considère qu'on n'a pas à voter pour des candidats à des postes à responsabilité issus du Rassemblement national ou de La France insoumise" estimait, au contraire, le député Pieyre-Alexandre Anglade  (Ensemble pour la république). "Ça va fracturer chez eux", avançait ce mercredi un élu écologiste dans les couloirs de l'Assemblée nationale. 

"Si vous persistez à ne pas vouloir [l'entrée de députés RN au Bureau], on ira au vote", aurait déclaré en substance, selon un participant, Marine Le Pen lors de la réunion des présidents de groupe.