Invité de l'émission Audition publique sur La Chaîne Parlementaire, ce lundi 15 mai, le président du groupe Liot de l'Assemblée nationale a mis en garde le gouvernement contre toute tentative de bloquer sa proposition de loi. Le texte qui vise à abroger la réforme des retraites doit être examiné dans l'hémicycle le 8 juin.
Un avertissement clair et net. Invité d'Audition publique sur les chaînes parlementaires, ce lundi 15 mai, Bertrand Pancher a souligné le risque que prendraient le gouvernement et la coalition présidentielle à bloquer sa proposition de loi contre la réforme des retraites. Le texte, qui vise à abroger la réforme, doit être examiné à l'Assemblée nationale dans le cadre de la journée d'initiative parlementaire du groupe Libertés, Indépendant, Outre-mer et Territoires (Liot), le 8 juin prochain. Empêcher un vote sur le texte serait "dramatique pour notre démocratie", a-t-il martelé, alors que le gouvernement redoute une éventuelle adoption de la proposition de loi par les oppositions au Palais-Bourbon. Un tel vote en première lecture ne suffirait pas à aborger la réforme, mais il s'agirait d'un symbole pour les opposants au report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans.
Face à ce risque, la majorité présidentielle, qui n'est que relative à l'Assemblée, est tentée de questionner la recevabilité financière du texte, ce qui empêcherait son examen. Une hypothèse qui reviendrait, selon Bertrand Pancher, à allumer "un bâton de dynamite". De manière similaire, le président du groupe Liot a insisté sur la nécessité de ne pas entraver l'examen du texte, que ce soit par le dépôt de nombreux amendements ou par l'utilisation du vote bloqué : "Il est vraiment indispensable qu'il n'y ait pas d'obstruction, parce que je pense que le remède serait pire que le mal."
Invité à débattre face à Bertrand Pancher, le député Charles Sitzenstuhl (Renaissance) a jugé que la proposition du groupe Liot était "inconstitutionnelle", puisqu'elle crée 15 milliards d'euros de charges publiques supplémentaires. Qu'elle soit gagée sur une hausse des taxes sur le tabac, un mécanisme classique pour éviter l'irrecevabilité financière, étant selon lui insuffisant.
"Jamais je n'ai vu une proposition de loi où on a opposé l'article 40 [de la Constitution sur la recevabilité financière]", a rétorqué Bertrand Pancher ajoutant : "On n'est tout de même pas dans une démocratie bananière !"
Charles Sitzenstuhl s'est également étonné de voir Bertrand Pancher et Charles de Courson, venus du centre droit de l'échiquier politique, "s'acoquiner avec l'extrême gauche" sur la réforme des retraites. "Nous ne nous acoquinons avec personne. Nous sommes un groupe parlementaire indépendant, et nous jouons notre rôle", a répliqué Bertrand Pancher, démentant tout manque de cohérence. Les grandes manœuvres politiques en vue de la journée du 8 juin sont lancées.