La question du pouvoir d'achat des retraités était au cœur des débats, jeudi soir, lors de la discussion du projet de loi de Financement de la Sécurité sociale. Le groupe LaREM a écarté l'amendement de l'un des leurs, Jean-François Cesarini, qui visait à faire contribuer moins les plus modestes, et davantage les plus aisés.
Réussir à faire adopter un amendement en commission n'est jamais gage de réussite dans l'hémicycle. Mercredi dernier, 21 députés La République en Marche avaient réussi à faire adopter dans le projet de loi de Financement de la Sécurité sociale la création de trois tranches progressives de CSG pour les retraités français, tous impactés par l'augmentation de 1,7 point votée en 2017.
Une façon pour ces députés rebelles d'apporter plus de justice sociale. En clair, l'amendement établissait une nouvelle répartition du taux de CSG pour les retraités :
- Ceux touchant une pension entre 1200 et 1600 euros revenant à l'ancien taux de CSG de 6,6 %.
- Ceux gagnant entre 1600 et 3000 euros restant au taux actuel de 8,3%.
- Ceux gagnant plus de 3000 euros se voyant imposer un nouveau taux de 9,2%, soit une nouvelle hausse de 0,9 point en 2019.
Une initiative qui avait fortement déplu à l'exécutif ainsi qu'à la direction du groupe La République en Marche.
Amendement de @JFCesarini pour moduler la hausse de la #CSG : "C’est une mauvaise idée (…) C’est une erreur politique, une forme de trahison par rapport au contrat que nous avons passé avec les Français", tranche @GillesLeGendre. #CVR pic.twitter.com/MrIhAKJHzd
— LCP (@LCP) October 25, 2018
L'amendement a été à nouveau soutenu par des députés LaREM jeudi. Ils étaient même plus nombreux que lors des débats en commission (32 contre 21). À la clé, le même message :
"On ne peut pas considérer que le retraité qui est à 1200 euros doit faire le même effort que celui qui est à 3000, 3500 et 4000"Jean-François Cesarini, député La République en Marche du Vaucluse
"Aujourd'hui augmenter, moduler, modifier la CSG, cela équivaut à trahir une promesse politique que nous avons faite pendant la campagne !", a lancé Gilles Le Gendre, le président du groupe des députés LaREM, dans l'hémicycle. La majorité, largement mobilisée, a finalement fait échec à l'amendement Cesarini.
Durant les échanges, parfois vifs, Gilles Le Gendre a accusé l'opposition "d'agiter la CSG depuis 18 mois comme un enfant son doudou" :
L'amendement Cesarini, qui n'est pas le seul à avoir divisé la majorité ces derniers jours, constitue-t-il un simple épiphénomène ou est-il plutôt l'illustration de fractures durables au sein de la majorité à l'Assemblée ? L'avenir le dira. Avec ses 308 députés, le groupe LaREM ne pourrait pas se permettre de perdre une trentaine de députés et par la même, la majorité absolue à l'Assemblée.
Vidéos : Nathalie Guillouard.