Retraites : les députés socialistes déposent une motion de censure motivée par la "trahison" de François Bayrou

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Boris Vallaud, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale
Boris Vallaud, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
par Soizic BONVARLET, le Jeudi 26 juin 2025 à 15:10, mis à jour le Jeudi 26 juin 2025 à 17:11

Les 66 élus du groupe Socialistes et apparentés de l'Assemblée nationale ont déposé une motion de censure ce jeudi 26 juin. A la suite de l'échec du "conclave" sur les retraites, le groupe présidé par Boris Vallaud met en cause la "méthode" de François Bayrou dont les déclarations seraient venues "contraindre" la concertation, et évoque "une trahison majeure de la parole initialement donnée" quant à l'idée que le Parlement aurait eu "le dernier mot". 

Une "trahison". C'est ainsi que le groupe Socialistes de l'Assemblée nationale qualifie le refus de François Bayrou, à l'issue du "conclave" sur les retraites, de déposer un projet de loi permettant au Parlement d'avoir "le dernier mot (...) sur tous les aspects de la réforme de 2023", dont le report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans. 

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Se fondant sur un courrier du Premier ministre adressé aux parlementaires du PS, le 16 janvier dernier, dans lequel François Bayrou, en ligne avec sa déclaration de politique générale, plaidait pour une discussion entre partenaires sociaux "sans totem ni tabou, pas même l'âge légal d'ouverture des droits", Boris Vallaud et les députés socialistes estiment que le chef du gouvernement a "rompu toute confiance" en disant ensuite à plusieurs reprises son opposition à une remise en cause des 64 ans et ainsi contibué à l'échec des discussions entre syndicats et patronat. 

Une motion de censure déposée...

Lors de la séance des questions au gouvernement du mardi 24 juin, si le Premier ministre, répondant à une interpellation de Boris Vallaud, a espéré qu'"un chemin, très difficile" puisse permettre de "sortir de cette impasse" et "déboucher sur un texte qui pourra être examiné par la représentation nationale", il a également indiqué qu'il serait pour lui "inacceptable" de "laisser détruire l’équilibre financier" du système de retraites.

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Ce jeudi 26 juin, dénonçant une "trahison" de François Bayrou qui "n’est malheureusement que le dernier épisode d’une longue série de renoncements aux engagements pris dans le cadre de l’examen du budget de l’Etat pour 2025" et accusant, par ailleurs, le "socle commun" de "détricoter tous les faibles acquis en matière de transition écologique des dernières années et céder à tous les fantasmes réactionnaires et xénophobes de l’extrême droite", le groupe Socialistes a donc déposé une motion de censure.

... sans réel espoir de renverser le gouvernement

Lors du débat de motion de censure, qui aura lieu en début de semaine prochaine à l'Assemblée nationale, l'initiative des députés PS recevra sans nul doute l'appui des autres groupes de gauche. Signe des tensions qui agitent ce côté de l'hémicycle, la France insoumise a cependant publié un communiqué pour regretter "le sectarisme qui a conduit [le groupe Socialistes] à refuser une motion de censure commune de toute la gauche".

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Sauf improbable coup de théâtre, le gouvernement ne devrait cependant pas être renversé à cette occasion, les députés du Rassemblement national, présidés par Marine Le Pen, envisageant une telle perspective plutôt "au moment du budget", c'est-à-dire à l'automne prochain. 

Pour l'heure, François Bayrou tiendra une conférence de presse, ce jeudi à 17 heures, afin de "tirer la conclusion" des échanges de la dernière chance qu'il a voulu avoir depuis le début de la semaine avec les organisations syndicales et patronales qui ont participé au "conclave" jusqu'à son issue.