Nathalie Colin-Oesterlé (Horizons) et Anne Stambach-Terrenoir (La France insoumise) ont présenté, mercredi 9 juillet, leur rapport sur "la santé mentale des mineurs" à l'Assemblée nationale. Prévention, gradation des soins, formation des professionnels... Les deux députées insistent sur "l'urgence" à agir, alors que la santé mentale a été déclarée "grande cause" nationale.
"La santé mentale sera la grande cause de l'année 2025." L'ancien Premier ministre, Michel Barnier, l'avait annoncé le 1er octobre dernier lors de sa déclaration de politique générale. Dix mois plus tard, la santé mentale est devenue un sujet de préoccupation majeur qui a fait l'objet plusieurs travaux parlementaires. L'Assemblée nationale a notamment consacré une mission d'information spécifique à la santé mentale des mineurs, dont le rapport a été présenté mercredi 9 juillet par Nathalie Colin-Oesterlé (Horizons) et d'Anne Stambach-Terrenoir (La France insoumise).
A l'issue de cette présentation, la délégation aux droits des enfants, présidée par Perrine Goulet (Les Démocrates), a autorisé à l'unanimité la publication du rapport. "Les rapporteures dressent le constat d’un écart entre les besoins croissants de soins en santé mentale et pathologies psychiatriques et l’offre contrainte, liée à la pénurie de professionnels de santé, à une disparité territoriale de l’offre ainsi qu’à une diminution des moyens hospitaliers qui n’a pas été suffisamment compensée par les moyens attribués aux structures ambulatoires", peut-on lire dans l'introduction.
Pour conduire leurs travaux, les deux députées se sont basées sur la définition de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) qualifiant la santé mentale comme un "état de bien-être dans lequel la personne peut surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et fructueux et contribuer à la vie de sa communauté". Nathalie Colin-Oesterlé et Anne Stambach-Terrenoir se sont concentrées sur l'enfance et l'adolescence, des périodes particulièrement enclines à l'apparition de troubles psychiatriques. Selon le docteur Christophe Libert, cité dans l'introduction, plus de 50% des troubles se déclarent avant 15 ans.
Un constat qui pose la question de la réponse qui peut être apportée à ces jeunes par la pédopsychiatrie, alors qu'une hausse significative de la demande de consultations engorge déjà les structures tels que les centres médico-psychologiques (CMP). Les rapporteures indiquent notamment que les délais d'attente peuvent aller jusqu'à 12 à 18 mois pour un premier rendez-vous. Dans son avant-propos, Anne Stambach-Terrenoir (LFI) insiste sur "un manque structurel de moyens". Budgets non fléchés, manque de pédopsychiatres et de soignants, files d'attente interminables... "Ma conviction première est qu’il y a urgence à redonner les moyens financiers et humains nécessaires au secteur pédopsychiatrique", écrit-elle.
Alors que l'exposition aux écrans est aussi devenue un sujet de préoccupation, les deux députées considèrent qu'il s'agit d'un facteur renforçant les troubles anxieux dépressifs. Certains contenus présents sur les réseaux sociaux étant particulièrement pointés : cyberharcèlement, contenus violents, pornographie...
Au-delà du constat qu'elles ont établi dans leur rapport, Nathalie Colin-Oesterlé et Anne Stambach-Terrenoir formulent 53 recommandations visant à "renforcer la prévention, la gradation des soins et la formation des professionnels".
Les recommandations 9 à 12 envisagent une formation accrue pour les infirmiers et les médecins généralistes (voir ci-dessous). En outre, l'offre graduée serait améliorée par des synergies entre maisons des adolescents (MDA) et centres de soins (recommandation 2) et la création d'équipes mobiles pour le développement des visites à domicile (recommandation 3).
Pour augmenter l'offre de consultations en pédopsychiatrie, l'attractivité est décrite comme un enjeu central. Les deux députées préconisent de "créer une chaire de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent dans les CHU" (recommandation 13) d'assurer "la prise en charge systématique des frais de déplacement professionnels des infirmiers scolaires et des psychologues de l'Education nationale" (recommandation 17). Plus globalement, le rapport recommande de "pérenniser et flécher les budgets de pédopsychiatrie au sein des établissements hospitaliers" (recommandation 29).