Depuis Bordeaux, où le Rassemblement national organisait son meeting de rentrée, Marine Le Pen a appelé ce dimanche 14 septembre à une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale. "C'est cela qui rendra à la France une majorité claire", a estimé la patronne des députés RN, tablant sur une censure rapide de Sébastien Lecornu.
Un peu plus d'un an après avoir échoué à recueillir une majorité à l'Assemblée nationale, le Rassemblement national souhaite une nouvelle dissolution, dressant le constat du blocage du pays. Lors du meeting de rentrée du parti, organisé à Bordeaux ce dimanche 14 septembre, les cadres du RN ont affiché leur confiance quant à l'issue d'un nouveau scrutin. La "seule solution" qui permettrait de rendre "à la France une majorité claire et un gouvernement enfin aligné sur les demandes du peuple", a revendiqué Marine Le Pen.
La présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale a longuement critiqué Emmanuel Macron, dont elle a raillé "l'impopularité" et son incapacité à répondre à "l'aspiration des Français au changement".
Avant même sa rencontre avec le nouveau Premier ministre, Marine Le Pen n'a pas caché ses doutes quant au sort de Sébastien Lecornu, qui sera censuré "dans quelques semaines ou dans quelques mois". Elle a par ailleurs émis des doutes sur la méthode, fustigeant les consultations lancées par le Premier ministre en vue de bâtir des accords et de construire un budget. "Qui peut sérieusement penser que le salut du pays viendra de ces petits calculs, de ces marchandages d'arrière-boutiques politiques, de ces misérables combinaisons de couloirs ?", a-t-elle interrogé.
Dès lors, et bien que le RN ne soit pas partisan d'une censure de principe, de nouvelles élections législatives sont inévitables, a jugé Marine Le Pen, qui compte bien se présenter malgré son inéligibilité. "Vous serez à nouveau appelés aux urnes. Vous aurez le pouvoir de faire de Jordan [Bardella] votre Premier ministre !", a-t-elle lancé, en galvanisant les quelque 6 000 militants présents au Parc des expositions de Bordeaux.
Selon les informations de LCP, le président du RN envisage sérieusement d'être lui aussi candidat en cas de nouvelle dissolution ; l'état-major du parti planchant actuellement sur la circonscription qui lui reviendrait. "Seul un retour aux urnes permettra de rétablir la stabilité", a-t-il lui aussi revendiqué, prenant la suite de Marine Le Pen à la tribune. "Soit le président de la République dissout l'Assemblée nationale pour organiser de nouvelles élections législatives, soit il devra, en cas de blocages répétés, lui-même remettre sa démission", a poursuivi Jordan Bardella.
En cas d'arrivée au pouvoir, le Rassemblement national a déjà un programme bien établi. Tour à tour, Marine Le Pen et Jordan Bardella ont listé leurs grandes priorités pour "rebâtir" une France "déconsidérée". La première priorité du RN sera le rétablissement des comptes publics. "Des comptes mal tenus, ce sont des impôts qui flambent pour les ménages, pour les entreprises", a souligné la patronne des députés RN.
L'alternance, c'est normal en démocratie ; c'est sain, c'est essentiel. Marine Le Pen, à bordeaux
Avant d'évoquer des thèmes classiques au RN : défense du pouvoir d'achat, sécurité, baisse de la contribution budgétaire à l'Union européenne, et immigration. "Chaque année, des milliards sont engloutis pour prendre en charge [...] une immigration d'assistanat qui a transformé la France en guichet social de l'Europe", a fustigé Jordan Bardella, qui a promis la fin de l'aide médicale de l'Etat (AME) et des "allocations familiales pour tout le monde", ainsi qu'un grand référendum sur la politique migratoire lors de son arrivée à Matignon.
En parallèle, le Rassemblement national a déjà les yeux tournés vers d'autres scrutins. Et en premier lieu les municipales de 2026, où une trentaine de parlementaires devraient s'aligner sur la ligne de départ – Franck Allisio à Marseille, Christophe Barthès à Carcassonne et Béatrice Roullaud à Meaux ont déjà officiellement annoncé leur candidature.
Et Marine Le Pen voit plus loin, anticipant déjà la prochaine présidentielle : "Tout ce que nous continuerons demain depuis Matignon, nous l'amplifierons après-demain depuis l'Elysée", a-t-elle lancé ce dimanche, dans un meeting aux airs de pré-campagne électorale.