L'Assemblée nationale a approuvé, ce jeudi 13 mars 2025, la création d'une commission d'enquête sur "les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs". Lancée par la députée Laure Miller (Ensemble pour la République), cette initiative transpartisane a été adoptée à l'unanimité.
Les députés enquêteront prochainement sur les effets psychologiques du réseau social TikTok sur les mineurs. Ce jeudi 13 mars 2025, l'Assemblée nationale a voté, à l'unanimité, en faveur d'une proposition de résolution transpartisane, portée par Laure Miller (Ensemble pour la République), pour créer une commission d'enquête sur le sujet.
Cette commission permettra notamment de "porter politiquement ce message fort de l'impact direct de TikTok sur la santé mentale de nos jeunes", selon son initiatrice, qui estime aussi que cela permettra de "trouver des solutions concrètes pour protéger nos enfants".
Lancé en 2016, TikTok est un réseau social particulièrement populaire chez les jeunes : il est basé sur le partage et le visionnage de vidéos courtes et addictives. 70% de ses 15 millions d'utilisateurs mensuels en France ont moins de 24 ans. L'application, en principe interdite aux moins de 13 ans, est utilisée quotidiennement par 40% des jeunes qui ont entre 16 et 25 ans. "Un jeune sur deux de 11-12 ans est aujourd'hui inscrit sur l'application", a en outre indiqué, ce jeudi, Laure Miller.
L’algorithme de la plateforme, "extrêmement performant", est accusé de capter excessivement l'attention des adolescents et de les "enfermer" dans des "bulles de filtre" leur proposant des "contenus dangereux ou hyper-sexualisés".
Cette captation de l’attention est telle que certains scientifiques et psychologues parlent d’"addictivité" ou du moins d’"abrutissement". Exposé des motifs de la proposition
Déficit de sommeil, troubles de l’attention, sédentarité, harcèlement, risque de dépression, anxiété... Les conséquences seraient nombreuses, selon Laure Miller : "Le réseau social TikTok incarne un paradoxe particulièrement morbide puisqu'il confronte le public le plus vulnérable aux biais de fonctionnement les plus délétères", a expliqué lundi la députée de la Marne. "C'est notre jeunesse et donc notre avenir que nous sommes en train de détruire en les exposant à cette drogue numérique", a renchéri Eric Michoux (Union des droites pour la République).
Citant une étude publiée en 2022, Laure Miller explique dans sa proposition de résolution que "comparativement à des profils standards, les utilisateurs manifestant un intérêt pour les questions de santé mentale peuvent se voir proposer dans leur fil douze fois plus de vidéos traitant du suicide".
En novembre 2024, les familles de sept jeunes filles, regroupées au sein du collectif Algos Victima, ont porté plainte contre TikTok devant la justice française. Parmi les sept jeunes filles concernées, deux ont mis fin à leurs jours alors qu'elles étaient âgées de 15 ans. Le collectif accuse l'application de "provocation au suicide", de "non-assistance à personne en péril" et de "propagande ou publicité des moyens de se donner la mort". Au début du mois de mars 2025, quatre nouvelles familles ont elles aussi décidé de porter plainte, selon FranceInfo. Ces démarches font notamment suite à deux nouveaux cas de suicide d'adolescentes de 12 et 16 ans.
La future commission d'enquête sera donc chargée :
Les députés ont ajouté un objectif à la commission en adoptant un amendement de Caroline Parmentier (Rassemblement national) : comparer TikTok à sa version chinoise, nommée Douyin. "Les différences notables entre ces deux plateformes, pourtant issues d’une même entreprise, soulèvent des interrogations sur les choix technologiques et éthiques opérés en fonction des contextes géographiques", explique l'élue dans l'exposé des motifs de son amendement.
"En Chine, Douyin applique des mesures strictes pour les mineurs et une priorisation de contenus éducatifs et culturels", écrit Caroline Parmentier. Laure Miller, elle aussi, a relayé les soupçons de malveillance visant TikTok : dans sa proposition de résolution, elle évoque, "malgré de constantes dénégations de la plateforme", les liens entre les autorités chinoises et TikTok, qui "font peser des risques en matière de souveraineté, d’influence étrangère ou de protection des données personnelles".
La proposition a été soutenue par l'ensemble des députés présents, Arthur Delaporte (Socialistes) dénonçant une "machine à sous de dopamine", qui peut exposer des adolescents à des "vidéos qui apprennent à se scarifier, ou à se mutiler, sans éveiller de soupçons".
Arnaud Saint-Martin (La France insoumise) a formulé les mêmes critiques tout en les nuançant : "Tout n'est pas à jeter", a-t-il considéré, mettant en avant certains usages "audacieux" permettant d'informer le grand public, ou encore de "vulgariser des sujets complexes". Il a, en outre, ciblé les réseaux sociaux américains, comme X, Facebook ou Instagram qui utilisent les "mêmes mécanismes de consommation compulsive" et les "mêmes stratégies de propagande", "parfois en pire".