Une proposition de résolution visant à créer une commission d'enquête sur "les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs", portée par Laure Miller (Ensemble pour la République), sera examinée ce mercredi 5 mars par la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, puis la semaine prochaine dans l'hémicycle. "Les conséquences et les effets de cette plateforme sur la santé des enfants et des adolescents doivent être sérieusement évalués", écrivent les signataires du texte.
Lancé en 2016 par l'entreprise chinoise ByteDance, TikTok a connu une croissance fulgurante. "En janvier 2024, l’application comptabilise 1,562 milliard d’utilisateurs actifs à travers le monde, faisant de TikTok le 5e réseau social dont les utilisateurs sont les plus actifs. En France, ce sont près de 15 millions d’utilisateurs mensuels actifs sur la plateforme", indique la proposition de résolution tendant à la création d'une commission d'enquête sur "les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs".
Selon un rapport sénatorial publié en 2023, "70 % des utilisateurs de TikTok en France ont moins de 24 ans, et 40 % des jeunes qui ont entre 16 et 25 ans utilisent TikTok quotidiennement. De plus, les enfants de 4 à 18 ans passent en moyenne 1h47 sur TikTok par jour". La proposition de résolution, dont la rapporteure est Laure Miller (Ensemble pour la République), a été signée par environ 80 députés issus de plusieurs groupes politiques (Ensemble pour la République, Les Démocrates, Horizons, Socialistes, LIOT). Objectifs affichés par le texte :
En 2023, la commission d'enquête du Sénat sur "l’utilisation du réseau social TikTok, son exploitation des données, sa stratégie d’influence" avait pointé les accointances entre TikTok et l’Etat chinois, laissant transparaître "des risques d’espionnage, de chantage et de désinformation au profit de Pékin". Deux ans plus tard, la commission d'enquête de l'Assemblée se concentrera "sur les effets de TikTok sur la santé des enfants et adolescents".
L'objectif est d'abord de tirer "une sonnette d'alarme" avant de "regarder ce qu'on peut faire" d'un point de vue législatif, a expliqué Laure Miller (EPR) sur Ici Champagne-Ardenne début février, ajoutant vouloir "accompagner les parents dans la limite de l'accès à ce réseau social jusqu'à un certain âge".
L'addiction, alliée à certains contenus, est le principal danger de la plateforme, qui fonctionne selon la théorie des "bulles de filtre". L'algorithme du réseau propose un flux de contenu en lien avec les centres d'intérêt de l'usager. Résultat, un temps passé sur l'application qui s'accroît, au risque d'entraîner un déficit de sommeil, des troubles de l'attention, voire une sédentarité. Pour capter l'attention, l'algorithme va également promouvoir du contenu "abrutissant", souvent qualifié de "dangereux" et d'"hyper-sexualisé".
Pour les enfants et adolescents, les risques sont multiples : harcèlement, dépression, anxiété... En novembre 2024, le collectif français Algos Victima a déposé une plainte contre TikTok pour "provocation au suicide", "non-assistance à personne en péril" et "propagande ou publicité des moyens de donner la mort". Ce collectif, lancé par plusieurs familles à la suite du suicide de deux adolescentes âgées de 15 ans, reproche notamment au réseau social de promouvoir des vidéos liées à des thèmes comme le suicide, l'automutilation, ou encore les troubles alimentaires.
Examinée en commission ce mercredi 5 mars, la proposition de résolution le sera ensuite dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale la semaine prochaine, ce qui permettra la création de la commission d'enquête.