Violences en marge de la victoire du PSG : "Pas de graves dysfonctionnements", selon le préfet de police de Paris

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Laurent Nunez LPC 10/06/2025
Laurent Nunez à l'Assemblée nationale, le 10 juin 2025 (© LCP)
par Raphaël MarchalMaxence Kagni, le Mercredi 11 juin 2025 à 06:00, mis à jour le Mercredi 11 juin 2025 à 06:10

Auditionné par les députés de la commission des lois mardi 10 juin, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a nié devant les députés tout "grave dysfonctionnement" dans le dispositif de sécurité mis en œuvre lors de la finale de la Ligue des champions de football le 31 mai. "Il n'y a pas un monde où j'accepte les termes de 'chaos' et de 'fiasco sécuritaire'", a le préfet de police de Paris.

C'est un Laurent Nuñez remonté qui s'est présenté devant les députés de la commission des lois, mardi 10 juin au soir. Auditionné pour tirer les enseignements des violences commises en marge du sacre du Paris Saint-Germain en Ligue des champions, le week-end du 31 mai et du 1er juin, le préfet de police de Paris a aussi bien défendu le dispositif prévu en amont de la finale que l'action des fonctionnaires de police durant les incidents.

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Le dispositif, construit avec l'ensemble des équipes de la Préfecture de police de Paris, a été validé par le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, le 23 mai. "C'était un dispositif robuste qui a dû faire à des incidents là où nous les attendions", a soutenu Laurent Nuñez. "Si les choses étaient à refaire, on reprendrait le même dispositif", qui a "permis d'éviter de nombreuses exactions et de nombreuses violences", a-t-il déclaré. Le haut fonctionnaire a également défendu les instructions passées à ses équipes : "On impacte, on va au contact. Je ne laisserai pas dire que la doctrine qui est appliquée est une doctrine du passé, qu'il faut la revoir".

L'action a été offensive, efficace et proportionnée ce soir-là. Laurent Nuñez (préfet de police de Paris)

Quelque 5 400 effectifs ont été déployés le jour du match, "ce qui est totalement inédit", a souligné Laurent Nuñez, précisant qu'il n'avait pas reçu moins de forces mobiles que demandées à la place Beauvau, contrairement à certaines informations qui ont circulé dans la presse dans les jours qui ont suivi la finale.

Des violences sur des lieux multiples et étendus

Au cours de son audition à l'Assemblée nationale, le préfet de police de Paris est revenu en détail sur les incidents. "Le niveau de violence a été extrêmement élevé, sur des lieux multiples et très étendus", a-t-il pointé. Alors que la finale se déroulait à Munich, le match était retransmis au Parc des princes, le stade du PSG. D'autres secteurs ont connu des flambées de violences : les Champs-Elysées, le périphérique parisien, mais aussi certaines zones des 8e, 16e et 17e arrondissements.

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Les violences ont toutefois été efficacement contenues, a-t-il estimé : "On déplore un pillage d'un magasin de chaussures de sport. C'est le seul qui est touché sur les Champs-Elysées". "Trois minutes après, nos effectifs étaient présents [dans la boutique]. Ils ont procédé à 30 interpellations", a souligné Laurent Nuñez, qui a également fait état de la tentative de pillage d'une boutique Chanel.

En tout, 491 personnes ont été interpellées sur l'agglomération parisienne le samedi soir, un chiffre "totalement inédit" : "Il faut remonter à décembre 2018 et le mouvement des gilets jaunes pour avoir des chiffres si importants". 70% des interpellations ont été réalisées dans les 8e, 16e et 17e arrondissements de Paris, a précisé le préfet.

Il est également revenu sur "la nouvelle intrusion sur le périphérique le dimanche soir", qui est d'ailleurs "le seul incident du dimanche". Laurent Nuñez a reconnu avoir levé le dispositif policier à 00h30, "une décision [qu'il] assume" : "Trois quarts d'heure après, on a des individus qui sont arrivés", a-t-il indiqué, ajoutant que le périphérique a été bloqué pendant "quinze à vingt minutes" avant que celui-ci ne soit "dégagé" par les forces de l'ordre.

Selon le haut fonctionnaire, les autorités ont tiré des "enseignements" des incidents. Sur la nécessité d'être toujours plus mobiles, afin d'empêcher la survenue d'actions violentes, mais aussi sur le besoin de sécuriser les ponts surplombant le périphérique parisien. C'est en effet depuis ces zones surélevées que certains pilleurs ont jeté des barrières.

"Plutôt des jeunes des quartiers"

Laurent Nuñez a, en outre, évoqué le profil des suspects : "L'essentiel des profils, c'est plutôt des jeunes des quartiers, de petite et grande couronne", a déclaré le préfet de police. Parmi les placés en garde à vue, un tiers étaient des mineurs. Par ailleurs, sur un "échantillon" d'environ 160 "gardés à vue sur Paris", "pas loin de 130 sont déjà connus des services".

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Il a également considéré que les "vrais" supporters du Paris Saint-Germain n'étaient pas en cause. Selon lui, les supporters les plus virulents du club de la capitale, dont certains sont "plutôt des hooligans (...) ne se sont pas mêlés aux exactions".

Le RN met en cause Bruno Retailleau

Lors de l'audition, le député Michael Taverne (Rassemblement national) a été le premier à prendre la parole, dénonçant l'action "de sauvages et de racailles totalement décivilisés". L'élu a également mis en cause le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, "ministre de la parole, qui parle comme le RN mais qui ne prend aucune mesure efficace pour la sécurité des Français".

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"Ces événements tragiques" font "l'objet d'instrumentalisation de toutes parts", a réagi la députée Laure Miller (Ensemble pour la République), tandis qu'Elisa Martin (La France insoumise) a regretté que le "zoom ait été mis d'une manière extrêmement forte sur les violences en leur donnant un caractère exceptionnel, ce qui ne paraît pas être le cas".

De son côté, Céline Hervieu (Socialistes) a reproché à Laurent Nuñez d'avoir "un tout petit peu minimisé l'angle des violences sexistes et sexuelles qui ont eu lieu". Le préfet de police lui a répondu, expliquant avoir noté une "légère augmentation" du nombre d'atteintes sexuelles à Paris lors des violences en marge de la victoire du PSG.  

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Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau doit, lui aussi, être prochainement auditionné par la commission des lois de l'Assemblée nationale.