Yaël Braun-Pivet : à l'Assemblée, "on arrive à trouver des voies de passage"

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Yaël Braun-Pivet présente ses voeux à la presse
Yaël Braun-Pivet présente ses voeux à la presse
par Anne-Charlotte Dusseaulx, le Jeudi 23 janvier 2025 à 14:30, mis à jour le Jeudi 23 janvier 2025 à 16:05

Lors de ses vœux à la presse, ce jeudi 23 janvier, la présidente de l'Assemblée nationale a dit vouloir avancer rapidement sur plusieurs dossiers, comme la fin de vie ou la notion de consentement, n'hésitant pas à exprimer des désaccords sur certains sujets avec François Bayrou, avec qui, assure-t-elle, les relations sont, cependant, "excellentes".

Après une année 2024 qu'elle juge "très turbulente", Yaël Braun-Pivet a appelé ce jeudi 23 janvier, à l'occasion de ses vœux à la presse, à avoir "une action résolue, sans aucune naïveté, de stabilisation des institutions et de nos démocraties". Pour ce qui est de son pouvoir, la présidente de l'Assemblée nationale s'est dit "très concentrée" sur sa "mission", à savoir "faire fonctionner" l'institution, malgré le fait qu'elle soit "plus fragmentée que jamais". "On arrive à trouver des voies de passage", a déclaré Yaël Braun-Pivet, qui a salué le dialogue mené avec les présidents des groupes parlementaires.

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Se réjouissant d'avoir renforcé le travail transpartisan et l'action de contrôle de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet a estimé que d'autres progrès étaient encore nécessaires. Et de rappeler à l'attention du gouvernement :"J'ai des exigences fortes de prévisibilité des travaux de l'Assemblée nationale, qui ne sont pas encore complètement satisfaites"Ajoutant, sourire aux lèvres : "C'est une litote." "Nous avons besoin d'avoir un programme de travail à six mois, à un an".

S'agissant de la partie de l'ordre du jour qui relève de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet a indiqué souhaiter que la proposition de loi sur la notion de consentement dans la définition pénale du viol soit inscrite "fin mars - début avril dans une semaine transpartisane".

Ce n'est pas le seul texte sur lequel la présidente de l'Assemblée nationale a eu à s'exprimer ce jeudi 23 janvier. Interrogée par les journalistes sur le projet de loi sur la fin de vie, que le Premier ministre, François Bayrou, souhaite voir scinder en deux parties, Yaël Braun-Pivet a exprimé son vif désaccord. Sur le fond, car "le sujet, c'est la fin de vie" qui "touche les soins palliatifs et une aide active à mourir". "Je ne pense pas qu'on puisse dissocier les deux", a-t-elle complété.

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Sur le calendrier ensuite, puisque l'examen de tels textes - qui ne sont pas encore prêts - en procédure classique et non accélérée, mettrait selon elle "en péril" la possibilité de légiférer sur l'aide à mourir d'ici à la fin du mandat d'Emmanuel Macron. Alors, qu'une proposition de loi globale d'Olivier Falorni, reprenant le projet de loi dont l'examen a été interrompu par la dissolution de l'Assemblée en juin dernier est déjà prêt. 

"Si nous ne commençons pas l'examen de ce texte rapidement, nous ne pourrons pas le terminer avant la fin du quinquennat. C'est aussi simple que ça", a alerté Yaël Braun-Pivet. Quant à savoir si cette proposition de loi, signée par plus de 200 députés, pourrait être inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée sur une semaine transpartisane (il y en a une par mois), elle considère que "ce débat mérite mieux que d'avoir ce saucissonnage, mois après mois". 

En 2017, j'ai remplacé un cumulard, qui avait un fief, ça, je n'en veux plus ! Yaël Braun-Pivet

Autre sujet sur lequel la députée des Yvelines veut avancer : la proportionnelle. Un dossier "un peu à l'arrêt", a-t-elle regretté, estimant qu'"il est temps d'y aller", car cela "signera un changement de culture politique". "Il faut se décider sur un modèle et voir si nous sommes capable d'avoir une majorité", estime-t-elle. Quant au cumul des mandats, Yaël Braun-Pivet n'a pas mâché ses mots pour dire sa vive opposition à un éventuel retour de cette possibilité. Et de lancer : "En 2017, j'ai remplacé un cumulard [Jacques Myard, NDLR], qui avait un fief, ça, je n'en veux plus !"

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Sur le projet de loi de finances 2025, qui fera l'objet d'une commission mixte paritaire la semaine prochaine, afin d'essayer de trouver un compromis entre les deux Chambres du Parlement, la présidente de l'Assemblée "raisonnablement confiante", est "convaincue qu'il y a un chemin". "On arrive à la fin du mois de janvier, on n'aura pas trois chances. Il est vital que la France se dote d'un budget", souligne Yaël Braun-Pivet, qui n'exclut pas le recours au 49.3 par l'exécutif, car "les socialistes ont exprimé très clairement, qu'ils ne souhaitaient pas, malgré (leur) attitude constructive, rentrer dans cette majorité". Car le vote du budget marque traditionnellement l'appartenance à la majorité ou à l'opposition. Pour le gouvernement, l'objectif envisageable, mais pas acquis, serait donc plutôt de négocier une nouvelle non-censure de la part du Parti socialiste. 

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Depuis 2017, "un bilan en demi-teinte"

Interrogée sur la relation qu'elle entretient avec François Bayrou, la présidente de l'Assemblée nationale assure qu'elles sont "excellentes". "Ce n'est pas parce que nous avons des désaccords que nous n'avons pas une bonne relation", a-t-elle insisté, précisant que ses propres convictions "sont connues de tous et anciennes".

Et à propos d'Emmanuel Macron et du travail réalisé depuis 2017 ? Parlant "d'amitié" et mesurant "l'immense difficulté" de la fonction, Yaël Braun-Pivet évoque un "bilan en demi-teinte". Avec d'un côté, "de formidables réussites", comme l'attractivité du pays et la baisse du chômage ; et de l'autre côté, "un certain nombre de points noirs" : "Nous n'avons pas réussi à réformer suffisamment l'éducation nationale, l'univers de la santé", ou encore "sur le plan du renouveau démocratique". 

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Alors que Yaël Braun-Pivet a récemment révélé avoir eu un cancer du sein, une question plus personnelle lui a été posée sur la suite de son engagement contre cette maladie. Elle souhaite porter "deux messages", celui de l'importance du dépistage et celui de l'inclusion, malgré la maladie, dans le monde du travail.