Dérives communautaristes et islamistes dans le sport : "un sursaut est nécessaire", selon les rapporteurs d'une mission flash

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Caroline Yadan et Julien Odoul
Caroline Yadan et Julien Odoul
par Anne-Charlotte Dusseaulx, le Mercredi 5 mars 2025 à 08:50, mis à jour le Mercredi 5 mars 2025 à 14:05

Caroline Yadan (Ensemble pour la République) et Julien Odoul (Rassemblement national), ont mené une mission flash sur "les dérives communautaristes et islamistes dans le sport". Dans leur rapport, présenté ce mercredi 5 mars, les deux députés alertent sur un "phénomène inquiétant", déplorant que les règles actuelles varient selon les publics et les fédérations concernés.

"Marianne doit se ressaisir et muscler son jeu", "sous peine d’aller au-devant de graves déconvenues", car "sur les terrains de sport comme partout ailleurs, l’islamisme est notre ennemi". Voilà ce qu'écrivent les deux députés Caroline Yadan (Ensemble pour la République) et Julien Odoul (Rassemblement national) dans les conclusions de leur mission flash sur "les dérives communautaristes et islamistes dans le sport". Leur rapport d'une trentaine de pages, que LCP a pu consulter, est présenté ce mercredi matin devant la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l'Assemblée nationale.

S'ils reconnaissent que l'Etat a "adopté plusieurs mesures utiles" ces dernières années, les co-rapporteurs estiment qu'elles restent "imparfaites" et appellent à faire preuve de davantage de "fermeté"

"Les comportements recensés dans ce rapport ne sont pas encore massifs, mais leur nombre et leur développement sont inquiétants et nécessitent une réponse forte", insistent-ils. Et de souligner : "L’islam n’est pas le sujet. Le sujet, c’est l’islamisme, cette perversion religieuse soutenant l’émergence d’une contre-société où les règles de la République devraient s’effacer devant la charia."

L’absence de règle simple et uniforme favorise les menées islamistes. Caroline yadan (EPR) et julien odoul(RN) dans leur rapport

Caroline Yadan et Julien Odoul débutent par un constat et déplorent que ces comportements communautaristes et islamistes soient "favorisés par un cadre juridique complexe", mais aussi par "le comportement" de certains acteurs. Aujourd'hui, chaque fédération sportive décide des règles applicables dans les compétitions qu'elle organise. Selon une étude du ministère des Sports menée sur 80 fédérations, 14 d'entre elles interdisent le port d'un signe ou d'une tenue religieuse en compétition (c'est le cas notamment du basket, du football, de la boxe ou du volley). "L’absence de règle simple et uniforme favorise les menées islamistes", considèrent les deux députés.

Entre 25 et 130 associations sportives "à visée séparatiste"

Auditionné dans le cadre de la mission flash, le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation a indiqué que les sports les plus sujets à ces comportements communautaristes "sont ceux qui ont une tradition populaire (football, boxe anglaise, musculation), ainsi que des disciplines plus récentes (fitness, MMA ou free-fight), notamment parmi les plus jeunes pratiquants". L'une d'entre elles est particulièrement visée dans ce rapport : la commission nationale sportive de grappling, rattachée à la fédération française de lutte, qui "a manqué gravement de vigilance", suscite "une vive inquiétude" et pour laquelle les co-rapporteurs recommandent de "diligenter une mission d’inspection". Pour Julien Odoul, la situation de la commission nationale sportive de grappling nécessite même "une vigoureuse reprise en main". 

Plus de 500 CLUBS sont confrontés à des comportements communautaristes. Caroline yadan (EPR) et julien odoul (RN) dans leur rapport

Affirmant "constater avec étonnement" que le ministère des Sports ne dispose "d'aucune estimation des atteintes à la laïcité" dans les clubs, les deux élus estiment, en se basant sur plusieurs études récentes, qu'il y a entre 25 et 130 associations sportives "à visée séparatiste" en France, c'est-à-dire dirigées par "des individus organisant, à l’initiative notamment des Frères musulmans, un projet en rupture avec la République". Et que plus de 500 clubs "sont confrontés à des comportements communautaristes", avec des adhérents qui "formulent, à titre individuel, des revendications religieuses".

Ces données sont "difficilement mesurables" et "constituent des hypothèses basses", précisent Caroline Yadan et Julien Odoul. Et ce, à cause de plusieurs facteurs, tels que l'absence d'officiel lors de certaines rencontres sportives, la pression qui peut s'exercer à l'encontre de responsables ou encore l'absence d'outils spécifiques pour faire remonter de tels comportements. Les "dérives communautaristes et islamistes" constatées sont "quasi exclusivement en lien avec une version rigoriste de l’islam", assurent-ils, citant le port d’un couvre-chef religieux en compétition, mais aussi le refus de créer une section féminine, de serrer la main d'un arbitre ou d'un joueur d'un autre sexe, la demande de vestiaires distincts pour les joueurs musulmans, ou encore celle d’adapter le calendrier des compétitions aux fêtes religieuses. 

Appliquer et renforcer le droit existant

Face à des difficultés qu'ils jugent "en expansion", les co-rapporteurs font une quinzaine de recommandations. Les députés souhaitent, par exemple, contraindre les fédérations sportives à signaler tout comportement "portant atteinte aux principes républicains" et que la plateforme www.signalesport.fr soit étendue, rattachée au ministère des Sports et accessible dans un onglet dédié sur le site internet de chaque fédération. 

Concernant la réglementation existante, Caroline Yadan et Julien Odoul estiment qu'elle doit être mieux connue, mieux appliquée et donc que les fédérations doivent être rappelées à l'ordre en cas de manquement. Ils proposent également qu'un "travail de sensibilisation" soit effectué en amont, notamment dans les centres de formation. Les deux élus plaident aussi pour la mise en place d'"équipes affectées au traitement des situations d'atteintes à la laïcité (...) dans les services déconcentrés du ministère des Sports". Pour finir, plusieurs propositions visent à compléter le droit en vigueur, en renforçant le contrôle d'honorabilité auquel sont soumis les éducateurs sportifs et en développant le transfert d'informations entre fédérations.

Parmi les autres mesures évoquées dans le rapport : que le ministère des Sports puisse "prononcer une incapacité à l’encontre de toute personne condamnée (...) pour un acte raciste ou antisémite" ou encore "consulter le fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions terroristes". 

Un texte déjà voté au Sénat 

Après le vote au Sénat, le 18 février, d'une proposition de loi visant à assurer le respect du principe de laïcité dans le sport, Caroline Yadan (Ensemble pour la République) et Julien Odoul (Rassemblement national) demandent "son inscription prochaine à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale". Ce texte prévoit d'interdire le port de signes religieux ostensibles dans les compétitions sportives, d'interdire les prières collectives dans les locaux mis à disposition par les collectivités territoriales en vue d’une pratique sportive, et d'imposer le respect des principes de neutralité et de laïcité dans les piscines ainsi que dans les espaces de baignade artificiels publics.