La nomination de la députée Dominique Voynet (Ecologiste et Social) au sein du Haut Comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire (HCTISN), une instance indépendante et extra-parlementaire, a suscité l'indignation de plusieurs députés, qui ont écrit à la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet. Cela "résulte d’un accord unanime entre tous les groupes" politiques, a-t-elle répondu ce jeudi 20 mars.
Son élection comme députée du Doubs lors des élections législatives de l'été dernier a fait partie des retours remarqués à l'Assemblée nationale, alors que Dominique Voynet (Ecologiste et social) s'était éloignée de la scène politique depuis dix ans. Huit mois plus tard, sa nomination en tant que membre du Haut Comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire (HCTISN), publiée mercredi 19 mars dans le Journal officiel par arrêté du ministre chargé de l'Industrie et de l'Energie, a suscité de vives critiques.
L'ancienne ministre de l'Environnement (1997-2001) a été nommée au sein de cette instance indépendante au même titre que le député des Hauts-de-Seine Pierre Cazeneuve (Ensemble pour la République). Et ce, en remplacement des sortants de la législature précédente Maud Bregeon (Ensemble pour la République) et Davy Rimane (Gauche démocrate et républicaine).
Depuis, plusieurs députés ont écrit à la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, pour dire leur "stupéfaction", l'appelant à "reconsidérer" cette nomination. "Honnêtement, c'est intolérable. Rien qu'en décembre dernier, [Dominique Voynet] disait vouloir saborder le nucléaire français", dénoncent dans un courrier commun Antoine Armand (Ensemble pour la République) et Raphaël Schellenberger (Les Républicains), respectivement rapporteur et président de la commission d'enquête "visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la France" qui a rendu son rapport il y a deux ans.
Un peu plus tôt, c'est le député Jean-Philippe Tanguy (Rassemblement national), également membre de ladite commission d'enquête de l'Assemblée, qui avait fait de même, se disant "outré" par la désignation "de la traîtresse, menteuse et incompétente Dominique Voynet", qu'il qualifie d'"opposante dogmatique au nucléaire".
Ce jeudi 20 mars, Yaël Braun-Pivet lui a répondu et va, selon nos informations, également écrire à Antoine Armand et Raphaël Schellenberger lorsqu'elle aura accusé réception de leur courrier. "Je tiens à vous rappeler que la répartition des sièges au sein des différents organismes extraparlementaires a fait l'objet d'une longue négociation parmi les groupes, au terme de laquelle un accord a pu être trouvé", souligne la présidente, qui ajoute qu'il "ne lui appartient pas de remettre en cause des accords conclus" et "déplore les mots employés sur les réseaux sociaux" à l'encontre de Dominique Voynet.
L'accord entre les groupes parlementaires date en fait de novembre dernier et la liste des parlementaires désignés avait été publiée au Journal officiel du 7 novembre 2024.
"J’imagine que cette nomination n’est pas jugée absolument excitante ou rassurante par une partie du lobby nucléaire, mais la première réunion [elle a eu lieu le 12 décembre, NDLR] s’est bien passée", a réagi Dominique Voynet dans Le Monde. "L'idée n’est pas d’y aller comme en manif' avec des drapeaux, mais d’essayer d’en savoir plus, dans un monde qui est quand même encore relativement opaque", affirme la députée.
Contactée par LCP, la présidente du groupe Ecologiste et Social, Cyrielle Chatelain, dénonce "une fausse polémique". "Si les instances plurielles et de débats, c'est mono point de vue" et composées uniquement "de personnes qui ont les mêmes intérêts et objectifs, ça ne sert plus à rien", explique-t-elle, ajoutant : "On ne leur demande pas d'être d'accord avec elle." Et Cyrielle Chatelain de considérer que les opposants à Dominique Voynet ont la "crainte" de voir arriver "quelqu'un d'expérimenté qui va pouvoir porter le débat à un certain niveau".
Jeudi après-midi, le groupe Ecologiste et Social a publié un communiqué de presse pour "s'indigner de l'argumentaire caricatural" développé dans le courrier d'Antoine Armand et Raphaël Schellenberger, déplorant une "réaction excessive et exaltée".