"Liens" entre LFI et réseaux islamistes : l'élection du président de la commission d'enquête reportée d'une semaine

Actualité
Image
Aymeric Caron était le seul candidat pour présider la commission d'enquête
Aymeric Caron était le seul candidat pour présider la commission d'enquête.
par Anne-Charlotte DusseaulxStéphanie Depierre, le Mardi 30 septembre 2025 à 15:57

Les membres de la commission d'enquête sur "les liens existants entre les représentants de mouvements politiques et des organisations et réseaux soutenant l'action terroriste ou propageant l'idéologie islamiste" devaient désigner leur président ce mardi 30 septembre. Ne souhaitant pas que ce soit un député de La France insoumise, la Droite républicaine - à l'origine de la création de cette commission d'enquête - a demandé le report de la réunion.

C'était écrit noir sur blanc sur le site internet de l'Assemblée nationale. Ce mardi 30 septembre, les députés de la commission d'enquête sur "les liens existants entre les représentants de mouvements politiques et des organisations et réseaux soutenant l'action terroriste ou propageant l'idéologie islamiste", créée en juin dernier à l'initiative de Laurent Wauquiez, le chef de file du groupe Droite Républicaine, devaient élire leur président. Mais la réunion a été reportée in extremis. L'annonce a été faite dans la matinée en Conférence des présidents. 

Les membres de la commission ont ensuite reçu, à la mi-journée, une "convocation rectifiée", actant le report de la réunion du jour au mardi 7 octobre, à 14 heures. "Ils décident à nouveau de la reporter. Peut-être ont-ils peur que nous prenions la présidence, puisque c'est ce qui allait se passer, de cette commission d'enquête et que nous allions chercher nous aussi les liens avec le terrorisme, notamment de l'extrême droite, du côté de la droite", a dénoncé Mathilde Panot, la présidente du groupe La France insoumise, lors de sa conférence de presse hebdomadaire. Avant de souligner qu'au vu de la date à laquelle les députés Les Républicains ont obtenu la création de l'instance, "le rapport doit être rendu entre le 3 et le 4 décembre". Soit dans un délai très court, puisqu'une commission d'enquête ne peut durer que six mois.

Seul candidat pour le poste de président, Aymeric Caron (LFI) dénonce, lui, une "vraie pantalonnade". "Quand le vote qui va avoir lieu et dont on devine le résultat ne plait pas, on l'annule jusqu'à ce qu'on trouve une solution pour obtenir le vote qu'on désire à la fin. On est vraiment dans le mépris le plus total de nos institutions", juge le député au micro de LCP. Il ajoute : "C'est objectivement une magouille. (...) De quoi a peur Laurent Wauquiez avec la possibilité d'une présidence insoumise ?" 

Pour l'autre fonction clé de la commission d'enquête, celle de rapporteur, les choses ont été plus simples. Le groupe à l'origine d'une commission d'enquête dispose en effet de la possibilité de choisir entre la fonction de président et celle de rapporteur. En l'occurrence, le groupe Droite républicaine a choisi la seconde, qui a été attribuée à Vincent Jeanbrun (DR) le 2 juillet. 

Une nouvelle candidature d'ici mardi ?

D'ici mardi prochain, la Droite républicaine trouvera-t-elle une solution, c'est-à-dire une candidature issue d'un autre groupe, pour ne pas la laisser la présidence à La France insoumise ? Des discussions ont déjà eu lieu au début de l'été avec le groupe LIOT, qui n'a pas donné suite. Quid du groupe Rassemblement national de Marine Le Pen ou de l'Union des droites pour la République d'Eric Ciotti

Selon nos informations, lors de la mise en place de la commission d'enquête, l'UDR avait proposé de prendre la fonction de rapporteur, tandis que la Droite républicaine aurait pris la présidence. "On n'a pas eu de sons et pas d'images pendant deux mois. DR s'est réveillé il y a deux jours. Donc forcément, il n'y a pas eu d'accord UDR/DR", explique un député du groupe d'Eric Ciotti à LCP. S'il dit partager sur le fond "l'inquiétude de la droite", ce dernier évoque toutefois "un risque de grave dérive" : "Auditionner des groupes parlementaires et des députés en exercice, ça me dérange." 

Depuis le début, le parcours de cette commission est plutôt chaotique. La première proposition de résolution, déposée par Laurent Wauquiez, avait été jugé irrecevable le 3 juin, notamment en raison de nombreuses références à La France insoumise dans l'exposé des motifs, l'objectif affiché étend de cibler cette formation politique. Après modification du texte, elle avait été validée quinze jours plus tard, le 18 juin. Puis, le 2 juillet, la députée Sophie Pantel (Socialistes) avait démissionné quelques heures seulement après avoir été élue présidente de la commission. Un nouveau vote devait avoir lieu le 8 juillet, avant un premier report.