L'Assemblée nationale a approuvé, ce mercredi 12 novembre, la suspension de la réforme des retraites. Un débat et un vote qui ont divisé la gauche : les socialistes et les écologistes ont voté "pour", tandis que les insoumis et les communistes ont voté "contre". Dans l'hémicycle et dans les couloirs du Palais-Bourbon, les échanges ont été particulièrement vifs entre LFI et le PS.
17h10, ce mercredi 12 novembre, dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale. "Je suis abasourdi devant les circonvolutions de certains à gauche qui cherchent toutes les bonnes raisons pour ne pas voter ce qui va constituer une avancée pour des centaines de milliers de nos concitoyens", lance le député socialiste Jérôme Guedj (voir la vidéo en tête d'article). Et le même d'ajouter, visant ses collègues de La France insoumise : "Plutôt que d'invoquer des prétextes fallacieux, reconnaissez que c'est une avancée pour des centaines de milliers de nos concitoyens." Une réponse aux insoumis qui, depuis plusieurs jours, tirent à boulets rouges sur le PS et sur ce qu'il considèrent être un "leurre" sur les retraites.
Quelques minutes plus tard, après le vote en faveur de la suspension de la réforme des retraites (255 voix pour, 146 contre, 104 abstentions) – concédée par le Premier ministre, Sébastien Lecornu, aux socialistes –, c'est le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, qui critique vivement les députés LFI , déclarant que "jamais [il] n'aurait imaginé qu'un homme ou une femme de gauche puisse appeler à voter contre un progrès social". Et poursuivant entouré d'une dizaine d'élus de son parti à la sortie de l'hémicycle : "Jamais je n'aurais imaginé qu'ils puissent, dans leur désir de grand soir, accepter l'idée de voter avec la droite la plus rétrograde".
Ce mercredi après-midi, à l'Assemblée nationale, feu le Nouveau Front populaire s'est vivement divisé - et même déchiré pour ce qui concerne le PS et LFI - sur la suspension de la réforme. "J'affirme ici devant l'Assemblée nationale que pas une seule personne ne profiterait de ce décalage s'il devait entrer en vigueur", a affirmé le député et coordinateur national de La France insoumise, Manuel Bompard, qui a demandé des engagements au gouvernement. "Voter pour le décalage, c'est voter pour la retraite à 64 ans. Les insoumis ne valideront jamais par leur vote les deux années de vie volées au peuple de France", avait pour sa part lancé sa collègue et présidente de groupe, Mathilde Panot, critiquant "la non censure" des socialistes "achetée" par le Premier ministre.
Après le passage d'Olivier Faure salle des Quatre-Colonnes, le député insoumis Hadrien Clouet a riposté face aux caméras, fustigeant la "capitulation venant de personnes qui s'étaient engagées à lutter contre la réforme". Quid des accusations portées par le Parti socialiste ? "J'ai rarement vu une avancée sociale se faire en faisant payer des retraités et des malades", réplique-t-il. Ajoutant : "Soit on n'a pas la même définition de l'avancée sociale, soit la même définition de l'avancée ou juste du social". Et le même de conclure "ne pas être sur la même longueur d'ondes" que les socialistes, car "ce qu'ils ont voté, c'est un calendrier de départ à 64 ans".
Comme souvent depuis quelques temps, les échanges se sont poursuivis sur X (ex-Twitter), Danièle Obono (LFI) qualifiant Olivier Faure de "menteur" et parlant d'"une arnaque magouillée avec Lecornu". Laurent Baumel (PS) estimant, quant à lui, que "l'affaire" du jour est "hyper illustratrice de la nature réelle du clivage" entre les deux formations de gauche. D'un côté, une "tradition révolutionnaire" portée par LFI, où "participer est se compromettre" ; de l'autre une "tradition sociale-démocrate", représentée par le PS, où "on veut des choses pour les gens maintenant". "On veut marquer les esprits" sur cette différence, assume-t-il.
Outre, La France insoumise, le groupe Gauche démocrate et républicaine, au sein duquel siègent les députés communistes, a également voté contre la suspension de la réforme des retraites. "Il y a une entourloupe. (...) C'est un décalage de 3 mois, payé par les assurés sociaux et les retraités, et rien d'autre !", a critiqué le président des députés GDR, Stéphane Peu (PCF). Tandis que le groupe Ecologiste et social a fait le choix opposé. "Nous voterons pour cet article pour le décalage, mais nous le disons très clairement, cela ne réparera pas la faute et à la fin nous irons à l'abrogation", a expliqué la présidente de élus écologistes, Cyrielle Chatelain. Au final, à gauche, cela donne deux "pour", deux "contre". Et des tensions qui s'exacerbent entre les ex-alliés du Nouveau Front populaire.