Retraites : Pierre Moscovici alerte les députés sur un déficit du système qui pourrait atteindre 30 milliards d'euros en 2045

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Pierre Moscovici en commission des affaires sociales, le 4 mars 2025
Pierre Moscovici auditionné par la commission des affaires sociales, le 4 mars 2025 - LCP
par Soizic BONVARLET, le Mardi 4 mars 2025 à 19:37

Le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, a présenté ce mardi 4 mars devant les députés les conclusions de la mission flash menée par son institution sur le financement des retraites. Il a répété que, sans mesures de redressement, le déficit du système atteindrait près de 15 milliards d’euros en 2035 et 30 milliards en 2045.

Alors que la Conférence sociale sur les retraites a été lancée le 17 janvier dernier, Pierre Moscovici a présenté, ce mardi 4 mars, devant la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale les conclusions de la mission flash sur "la situation financière et les perspectives du système de retraites", que le Premier ministre avait confié à la Cour des comptes en début d'année. Le mois dernier, le rapport issu des travaux de cette mission avait été remis à François Bayrou et rendu public. Après l'avoir présenté aux partenaires sociaux il y a deux semaines, Pierre Moscovici a donc fait de même au Palais-Bourbon, répondant aussi aux questions des députés. 

Une amélioration de courte durée

Au regard d'"un enjeu de finances publiques absolument majeur", le premier président de la Cour des Comptes a fait état d'"un léger excédent du système de retraites en 2023", à hauteur de 8,5 milliards d'euros, lié aux réformes successives menées depuis 2003, ainsi qu'au niveau de l'inflation cette même année 2023.

Une bonne nouvelle de courte durée, Pierre Moscovici alertant sur la "nette dégradation" du même système à l'horizon 2045 avec un déficit évalué à 30 milliards d'euros à cette date. Amorcé dès 2024, ce déficit s'établirait à 15 milliards d'euros en 2035.

Âge et durée de cotisation, des leviers aux effets différés dans le temps

Ayant réalisé des simulations en prenant pour base la dernière réforme de 2023, la Cour des comptes estime que sur l'âge légal de départ à la retraite, "l'avancée d'un an de cet âge, c'est-à-dire le fixer à 63 ans au lieu de 64 ans, représenterait une dépense supplémentaire pour le système de retraites de 5,8 milliards pour l'année 2035". Et Pierre Moscovici d'indiquer qu'inversement "son recul d'un an, soit 65 au lieu de 64 ans, rapporterait 8,4 milliards d'euros pour 2035".

Le Premier président de la Cour des Comptes a cependant relativisé cet effet à long terme, faisant valoir qu'agir sur l'âge d'ouverture du droit à la retraite aurait un effet "puissant" à court terme, mais que cet impact se réduirait ensuite. Un effet "contraire" induit par l'évolution de la durée de cotisation. "Nous avons estimé que la diminution d'un an de la durée d'assurance requise, soit un passage de 43 à 42 ans, coûterait 3,9 milliards d'euros en 2035, et qu'a contrario l'allongement d'un an rapporterait 5,2 milliards", a ainsi indiqué Pierre Moscovici, avant de faire part d'un accroissement de cet effet à plus long terme, l'amélioration se portant à 8 milliards en 2045 par le biais de ce même alongement.

Des simulations qui ne revêtent en rien le caractère de préconisations, a souligné Pierre Moscovici, revendiquant une approche "la plus objective" et "la plus neutre" qui soit. Charge désormais aux partenaires sociaux de s'emparer, ou pas, de l'expertise de la Cour des Comptes pour nourrir leur réflexion et formuler leurs propositions.