"Nous jugerons sur pièces", a affirmé Marine Le Pen en sortant de son entretien avec le Premier ministre, Sébastien Lecornu, ce mercredi 17 septembre. "S'il n'y a pas de rupture, il y aura censure", a-t-elle mis en garde, attendant que les thèmes du Rassemblement national soient pris en compte dans le cadre des décisions budgétaires à venir.
Pas de jugement a priori, mais un avertissement clair. En sortant de son entretien avec le Premier ministre, Marine Le Pen a appelé Sébastien Lecornu à "prouver" qu'il souhaitait rompre avec la politique mise en œuvre ces dernières années, qui a mené à la chute de deux gouvernements en moins d'un an depuis qu'il n'y a plus de majorité à l'Assemblée nationale.
"Nous attendons des annonces, une décision, un budget pour voir si véritablement il y a une rupture ou pas, et s'il n'y a pas de rupture, il y aura censure", a mis en garde la présidente des députés du Rassemblement national, reprenant le mot "rupture", utilisé par le locataire de Matignon lors de sa passation de pouvoirs avec François Bayrou.
"Les Français sont en attente aujourd'hui de changements profonds", a appuyé le président du parti, Jordan Bardella, également reçu à Matignon. "On juge Monsieur Lecornu à ce qu'il va faire, ce qu'il va annoncer. Il n'y a pas de jugement a priori sur sa personne", a-t-il lui aussi indiqué. "S'il poursuit la politique qui est menée jusqu'à présent, alors il tombera."
Marine Le Pen a évoqué les principaux points qui seront particulièrement scrutés par le RN au cours des prochaines semaines : "injustice fiscale", énergie, Outre-mer, sécurité, immigration... Concernant ce dernier point, la présidente du groupe RN à l'Assemblée a jugé "totalement grotesque" le souhait de la gauche de "refuser de parler d'un sujet aussi important que l'immigration", "totalement dérégulée" selon elle, et qui a des "conséquences budgétaires". "Si c'est pour avoir un Premier ministre qui joue l'autruche, met la tête dans le sable... Ce ne serait pas une rupture, mais une belle continuité !"
Comme lors du meeting de rentrée du Rassemblement national dimanche 14 septembre, Marine Le Pen a appelé Emmanuel Macron à procéder à une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale. "Nous sommes les derniers à défendre la Ve République. L'extrême gauche veut la VIe, Emmanuel Macron a remis en place la IVe", a-t-elle estimé. "Or, dans la Ve République, quand on est confronté à une crise, il y a une seule solution : revenir aux urnes. Par l'intermédiaire d'une dissolution, ou par l'intermédiaire d'une démission du président de la République, si tant est que celui-ci veuille se hisser à la hauteur du général de Gaulle. Mais j'en doute."
Sébastien Lecornu poursuit, ce mercredi soir, ses consultations politiques, à la veille d'une journée de mobilisation sociale en recevant les dirigeants du Parti communiste et de Place publique. Demain, jeudi, c'est l'Union des droites pour la République, alliée du RN, qui sera reçue à Matignon.