À l'issue de la déclaration de politique générale prononcée par Michel Barnier, ce mardi 1er octobre, les présidents des groupes politiques lui ont répondu à la tribune de l'Assemblée nationale. Du soutien à l'opposition, en passant par la vigilance, tour d'horizon des intentions affichées à l'égard du Premier ministre et de son gouvernement.
Un discours attendu dans un contexte inédit. À l'issue de la déclaration de politique générale prononcée par le Premier ministre Michel Barnier, en ce premier jour de session parlementaire, les présidents des groupes politiques qui composent l'Assemblée nationale lui ont répondu, affichant leurs intentions à l'égard du gouvernement, tout en livrant leur analyse sur la situation politique du pays, près de trois mois après le second tour des élections législatives.
A la tribune, c'est la légitimité même de la nomination de Michel Barnier à Matignon que les orateurs du Nouveau Front populaire ont contesté considérant que, sur la base du résultat des élections législatives, c'est la gauche qui devrait aujourd'hui gouverner. "Votre nomination est le fruit d'une grave faute politique et institutionnelle" a ainsi déclaré le président du groupe Socialistes et apparentés, Boris Vallaud, avant d'accuser le gouvernement de Michel Barnier d'incarner "la continuation du macronisme dans sa part la plus à droite, la plus réactionnaire". Et de confirmer l'intention du NFP de déposer une motion de censure.
"Votre nomination est le signe qu'Emmanuel Macron souhaite soumettre ses députés à plus minoritaires qu'eux-mêmes, pour continuer sa politique" a lancé Mathilde Panot à l'intention du Premier ministre, avant de poursuivre : "Vous vous mettez dans la main du Rassemblement national, bien heureux de vous servir de larbin".
"Le RN a fait un choix responsable : celui de refuser de censurer a priori votre gouvernement" a, quant à elle, fait valoir Marine Le Pen, qui a indiqué les trois priorités au regard desquelles son groupe "exercerait sa vigilance", à savoir "le pouvoir d'achat, l'immigration et la sécurité". Comme un avertissement, la présidente du groupe Rassemblement national a également formulé des "lignes rouges", parmi lesquelles une "pression fiscale" qui pèserait sur les classes moyennes, ou le refus d'une réforme du mode de scrutin, en référence à l'introduction d'une part de proportionnelle qu'elle appelle de ses vœux. Marine Le Pen a également exigé une "loi immigration restrictive" pour début 2025.
Le président du groupe Ensemble pour la République, Gabriel Attal, a également formulé, si ce n'est des lignes rouges, des points sur lesquels il n'était pas prêt à faire de concessions, évoquant notamment la fiscalité. L'ex-Premier ministre est, en outre, revenu sur les propos polémiques de Bruno Retailleau, qui avait considéré que l'Etat de droit n'était "pas intangible, ni sacré". "Au sommet de nos valeurs, il y a l'Etat de droit", a-t-il souligné, sans nommer le ministre de l'Intérieur, avant d'ajouter : "On peut avoir une parole forte, sans hystériser".
Montrant la volonté de défendre le bilan de la politique menée depuis 2017 et de ne rien céder sur les valeurs défendue par son groupe, Gabriel Attal a cependant assuré que : "Tout ce qui permettra de rendre le pays plus fort, plus prospère, plus juste, plus sûr, nous le soutiendrons". Et d'appeler à "l'unité" et à "la responsabilité".
"Pour empêcher les semeurs de chaos d'abîmer notre pays, la Droite républicaine s'est engagée pour que la France sorte de l'impasse", a déclaré Laurent Wauquiez, expliquant ainsi la décision des Républicains de participer à l'équipe de Michel Barnier et souhaitant une "politique de changement" qui "suppose de rompre avec la politique menée depuis sept ans". Au-delà de l'attitude générale à l'égard du gouvernement, le chef de file de la droite à l'Assemblée nationale a affiché un soutien sans faille à Bruno Retailleau : "Le ministre de l'Intérieur aura la totalité de notre soutien".