Vote de confiance : pour, contre, abstention... Avant lundi, LCP a fait les comptes

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Estimation du vote des députés lors du vote de confiance du 8 septembre
Estimation du vote des députés sur la confiance au gouvernement avant le scrutin du 8 septembre (© LCP)
par Anne-Charlotte DusseaulxRaphaël Marchal, le Vendredi 5 septembre 2025 à 16:18, mis à jour le Vendredi 5 septembre 2025 à 17:00

Depuis l'annonce d'un vote de confiance par François Bayrou, le scénario d'une chute de gouvernement semble inéluctable. En se basant sur les déclarations des responsables politiques, ainsi que sur les informations recueillies par LCP, nous avons fait les comptes. Avant le scrutin qui aura lieu lundi 8 septembre à l'Assemblée nationale, la balance penche largement vers un vote "contre". 

François Bayrou s'était laissé deux semaines pour convaincre, entre l'annonce d'un vote de confiance et le jour J, mais les différentes et nombreuses prises de parole du Premier ministre ne semblent pas avoir permis d'inverser la tendance. Sur le papier, la chute de son gouvernement semble annoncée. En effet si, ce lundi 8 septembre à l'Assemblée nationale, le nombre des voix "contre" est supérieur à celui des "pour", François Bayrou devra présenter sa démission et celle de son équipe gouvernementale à Emmanuel Macron. Or, sans majorité au Palais-Bourbon et compte tenu des intentions affichées par les oppositions, le bail du maire de Pau à Matignon semble sur le point de s'achever.

Des deux côtés de l'hémicycle, les oppositions voteront "contre"

Car dans une Assemblée où les oppositions sont majoritairesles comptes ne sont pas bons pour le Premier ministre, qui a fait le pari d'engager sa responsabilité sur la question de dette et de la trajectoire budgétaire nécessaire selon lui pour redresser les finances publiques. Si l'on résume les prises de position des groupes parlementaires qui composent la représentation nationale, le "contre" l'emporte largement. A l'extrême droite, le Rassemblement national (qui compte 123 députés) et ses alliés de l'Union des droites pour la République (15) voteront contre la confiance au Premier ministre. Viendront s'ajouter les voix des quatre groupes de gauche qui ont, eux aussi, tous exprimé leur opposition : La France insoumise (71 députés), le Parti socialiste (66), Les Ecologistes (38) et la Gauche démocrate et républicaine où siègent notamment les communistes (17). 

Le total ? 330 voix "contre", sur une Assemblée nationale actuellement composée de 574 députés – trois législatives partielles doivent se tenir dans les prochaines semaines. 

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En face, les quatre groupes qui soutiennent l'exécutif (Ensemble pour la République, la Droite républicaine, Les Démocrates et Horizons) ne totalisent que 210 sièges. Soit un écart de 120 voix. Laissant ainsi de la marge aux opposants. Surtout que, même au sein du socle gouvernemental, certains devraient faire le choix de l'abstention, voire du vote "contre". 

Malgré leur présence au gouvernement, Les Républicains en ordre dispersé

Notamment au sein de la Droite républicaine (49 députés). "Il y aura deux-tiers de vote "pour" et un tiers d'élus qui ne voteront pas la confiance", soit une quinzaine de députés, prédisait jeudi, auprès de LCP, l'un d'entre eux qui s'apprête, lui, à voter la confiance. Tenté par l'abstention, ce député a basculé vers un soutien au gouvernement. La raison ? Les retours des électeurs dans sa circonscription. "On me dit : 'On coupe la tête de Bayrou, et après ?'", relate-t-il, tout en assurant que plusieurs de ses collègues pourraient faire le même chemin ; d'abstention à "pour" ou de "contre" à l'abstention. 

Plusieurs députés DR ont déjà publiquement annoncé qu'ils n'accorderont pas leur confiance à François Bayrou : Ian Boucard, Fabien di Filippo, Pierre Cordier, Sébastien Martin, Valérie Bazin-Malgras… 

Qu'en est-il du groupe Libertés, indépendants, Outre-mer et territoires (23 députés) ? Dans un communiqué publié le 26 août, le groupe LIOT indique qu'une "nette majorité" de ses élus "ne votera pas la confiance". Selon nos informations, 20 députés sur 23 ne soutiendront pas le gouvernement en place. L'élu des Vosges Christophe Naegelen a décidé de consulter ses électeurs, via un sondage en ligne, avant de se prononcer. "Bien entendu, il faudra aussi attendre le discours" de François Bayrou lundi, écrit-il sur sa page Facebook, en listant les raisons qui pourraient le faire pencher d'un côté ou de l'autre. 

Vers la chute du gouvernement Bayrou

Des votes "contre" ou des abstentions pourraient aussi venir des rangs des députés non-inscrits (11), c'est-à-dire ceux qui n'appartiennent à aucun groupe. Pour l'heure, seuls deux d'entre eux - Philippe Bonnecarrère et Lionel Vuibert - ont dit leur souhait de voir la confiance au gouvernement Bayrou votée. A l'inverse, ce sera "contre" pour Aurélien Pradié, Véronique Besse, ou encore Raphaël Schellenberger. Les ex-RN Christine Engrand et Daniel Grenon devraient faire le même choix. "En l'état, nous n'avons pas confiance en François Bayroudéclarait de son côté, fin août, Sacha Houlié, qui a rompu avec le parti présidentiel. Tout comme sa collègue, Stella Dupont qui a dénoncé un projet de budget "injuste". 

Tout indique donc que François Bayrou et son gouvernement ne passeront pas le cap de la confiance. Score à suivre lundi...