Lors d'une allocution télévisée, ce jeudi 5 décembre au soir, Emmanuel Macron a annoncé qu'il nommera "dans les prochains jours" un Premier ministre chargé de former un gouvernement "d'intérêt général", après la censure de celui de Michel Barnier née, selon lui, de "l'irresponsabilité" ainsi que d'un "front anti-républicain" dans lequel "l'extrême droite et l'extrême gauche se sont unies".
"Nous avons besoin d'un gouvernement qui puisse décider". Au lendemain de la censure du gouvernement de Michel Barnier, Emmanuel Macron s'est adressé aux Français lors d'une allocution télévisée, ce jeudi 5 octobre à 20h. Après avoir remercié le Premier ministre sortant, qui lui avait présenté sa démission plus tôt dans la journée, pour "son dévouement et sa pugnacité", il a estimé que Michel Barnier et ses ministres "se montrés à la hauteur du moment, quand tant d'autres ne l'ont pas été". Et de fustiger une censure, née selon lui, de "l'irresponsabilité" et d'un "front anti-républicain" entre "l'extrême droite et l'extrême gauche".
Si le chef de l'Etat n'a pas nommé, dès ce soir, un nouveau locataire à Matignon, ce sera chose faite "dans les prochains jours", a-t-il indiqué. Et, afin d'éviter que le scénario de la censure ne se reproduise, Emmanuel Macron a indiqué que le Premier ministre sera chargé de former un "gouvernement d'intérêt général, représentant toutes les forces politiques d'un arc de gouvernement qui puissent y participer, ou à tout le moins qui s'engagent à ne pas le censurer".
"C'est une époque nouvelle qui doit commencer, ou tous devrons agir pour la France et où il faudra bâtir des compromis nouveaux", a affirmé le Président. Et de souligner : "Aucun parti, aucune coalition ne peut prétendre avoir seul la majorité. Et cette situation exige une nouvelle organisation politique. C'est inédit, mais c'est ainsi."
Je refuse que les Français paient la facture de cette censure. Emmanuel Macron
Sans surprise, la priorité du nouveau gouvernement sera le budget dont il faut doter la France pour l'année prochaine. Pour ce faire, le temps étant désormais compté d'ici à la fin de l'année, c'est d'abord un projet de loi spéciale déposé "avant la mi-décembre" pour être voté par le Parlement. Comme le prévoit cette procédure permise par la loi organique relative aux lois de finances, la loi spéciale "appliquera pour 2025, les choix de 2024", c'est-à-dire l'autorisation de continuer à prélever les impôts existants, afin d'assurer le fonctionnement du pays. "Je compte bien qu'une majorité puisse se dégager pour l'adopter au Parlement", a insisté Emmanuel Macron. "Les services publics fonctionneront. les entreprises pourront travailler, nos obligations seront tenues", a-t-il assuré.
Puis, après ce budget provisoire, un nouveau projet de loi de finances, en bonne et due forme, sera présenté en début d'année prochaine, afin notamment de "protéger les Français des hausses d'impôts mécaniques liées à l'inflation". "Je refuse que les Français paient la facture de cette censure", a martelé le chef de l'Etat.
Revenant sur l'épisode de la censure, le Président a estimé que Michel Barnier a été "censuré parce que l'extrême droite et l'extrême gauche se sont unies dans un front anti-républicain", a-t-il fustigé. "Et parce que des forces qui hier encore gouvernaient la France ont choisi de les aider", a-t-il déploré, désignant ainsi sans les citer, les députés socialistes.
Emmanuel Macron a particulièrement ciblé les députés du Rassemblement national, qui "ont choisi de voter une motion de censure qui disait le contraire de leur programme, qui insultaient leurs propres électeurs". "Ils ont simplement choisi le désordre. C'est le seul projet qui les unit à l'extrême gauche, et cela avec la complicité du reste du Nouveau Front populaire."
Et de s'adresser aux Français en affirmant que les députés qui ont fait tomber le gouvernement de Michel Barnier "ne pensent pas à vous, à vos difficultés, à vos fins de mois". Et de fustiger : "Ils ne pensent qu'à une seule chose : à l'élection présidentielle, pour la préparer, la provoquer, la précipiter, et cela avec le cynisme et un certain sens du chaos". En réponse, le président de la République a exclu de démissionner avant la fin de son mandat, en 2027.
Refusant d'endosser la responsabilité de la censure, Emmanuel Macron a assumé sa décision de dissoudre l'Assemblée nationale au printemps dernier, la jugeant "inéluctable" du fait des résultats des élections européennes, et en raison des menaces de censure qui planaient déjà sur le gouvernement. Mais il a concédé : "Je veux bien reconnaître que cette décision n'a pas été comprise. Beacuoup me l'ont reprochée, et beaucoup continuent de me le reprocher. C'est un fait, et c'est ma responsabilité", a-t-il indiqué, tout en considérant que cela avait permis aux Français de s'exprimer dans les urnes.
A ce propos, le chef de l'Etat a rappelé que - sans évoquer le moins du monde sa volonté d'y recourir à nouveau - conformément à la Constitution, une nouvelle et éventuelle dissolution ne pourrait pas avoir lieu avant le mois de juillet prochain. Un état de fait qui l'a amené à appeler à nouveau les députés à "travailler ensemble au service de la France et des Français".