Inéligibilité : "Tu voles, tu payes", lance Gabriel Attal à Marine Le Pen, qui dénonce une "chasse aux sorcières"

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Photo Marine Le Pen - Gabriel Attal.
par Anne-Charlotte Dusseaulx, le Dimanche 6 avril 2025 à 20:35, mis à jour le Dimanche 6 avril 2025 à 20:37

Devant ses partisans réunis à Paris, ce dimanche 6 avril, Marine Le Pen a une fois de plus qualifié de "décision politique" la peine d'inéligibilité immédiate à laquelle elle a été condamnée en première instance, ce dont elle a fait appel. En réponse, mors d'un meeting de Renaissance à Saint-Denis, Gabriel Attal a dénoncé "l'extrême droite qui se réunit pour attaquer nos juges, attaquer nos institutions".

"Tu voles, tu payes !", a lancé Gabriel Attal à l'intention de Marine Le Pen, en référence à la formule utilisée lorsqu'il était Premier ministre : "Tu casses, tu répares. Tu salis, tu nettoies". Car, en ce dimanche 6 avril après-midi, la confrontation politique a bien eu lieu entre les deux responsables politiques, donnant à cette séquence un air de pré-campagne présidentielle. "On le savait, souvent RN [Rassemblement national] varie", a jugé le secrétaire général de Renaissance en meeting à la Cité du cinéma, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), avant de développer : "C'est le parti qui demande de la fermeté pour tous, sauf pour lui ; c'est le parti qui demande l'inéligibilité à vie pour tous, sauf pour ses élus à lui ; le parti qui considère qu'il ne faut d'immunité pour personne, sauf pour Mme Le Pen."

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A quelques kilomètres de là, la présidente du Rassemblement national avait lancé l'offensive. Face à ses sympathisants rassemblés place Vauban, le dôme des Invalides en arrière-plan, Marine Le Pen a dénoncé "une chasse aux sorcières"  terme utilisé par Donald Trump pour lui marquer son soutien. "Ce n'est pas une décision de justice, c'est une décision politique", qui a "non seulement bafoué l'Etat de droit, mais aussi l'Etat de démocratie", a-t-elle affirmé, n'hésitant pas à se réclamer de Martin Luther King, défenseur des droits civiques outre-Atlantique. "Nous ne demandons pas d'être au-dessus des lois, mais pas au-dessous des lois. Nous ne sommes pas des sous-citoyens", a également déclaré la présidente des députés RN. 

Marine Le Pen dit "ne pas connaître le renoncement"

"Je ne lâcherai rien", a promis Marine Le Pen, vantant sa longue expérience : "Je sais les vicissitudes de la politique. (...) Je connais les blessures, mais je ne connais pas l'abandon. Je connais les souffrances qu'elles engendrent, mais je ne connais pas le désespoir. Je connais l'outrage, mais je ne connais pas le renoncement." Avant la triple candidate à l'élection présidentielle, Jordan Bardella avait fustigé la décision "scandaleuse" du tribunal correctionnel de Paris, qui constitue "une attaque directe contre la démocratie". 

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Des propos condamnés par Gabriel Attal, qui "ne disqualifier[a] jamais une décision de justice". Entouré de l'actuel Premier ministre, François Bayrou (Modem), et d'Edouard Philippe (Horizons), le président du groupe "Ensemble pour la République" à l'Assemblée nationale s'en est pris "à l'extrême droite qui se réunit aujourd'hui pour attaquer nos juges, attaquer nos institutions". Et l'ex-Premier ministre d'en profiter pour indiquer que les députés EPR "ne voteront pas la proposition de loi de Monsieur Ciotti pour alléger les sanctions visant les dirigeants politiques". "Il y a d'autres priorités dans le pays en ce moment", a-t-il ajouté. 

En soutien à Marine Le Pen, Eric Ciotti, qui était présent au rassemblement place Vauban ce dimanche, tout comme Marion Maréchal, a annoncé il y a quelques jours qu'une proposition de loi visant à supprimer l'exécution provisoire pour les peines d'inéligibilité serait au programme de la journée d'initiative parlementaire du groupe "Union des droites pour la République" qu'il préside, le 26 juin prochain.

Le RN, ce n'est pas l'allié de Donald Trump, c'est la groupie du trumpisme. Gabriel Attal

"Le RN, ce n'est pas l'allié de Donald Trump, c'est la groupie du trumpisme", a également vivement critiqué Gabriel Attal à la tribune, accusant le parti de Marine Le Pen de "chercher à incendier le débat public" et dénonçant une "ingérence sans précédent" après les déclarations de Donald Trump, Vladimir Poutine ou encore Viktor Orban. "Au profit de qui ? D'un de leurs prestataires de service chez nous, le Rassemblement national", a lancé le chef de file de Renaissance. 

Une partie de la gauche réunie place de la République

En réaction à l'annonce du meeting du Rassemblement national, écologistes et insoumis avaient lancé un appel à se réunir place de la République, à Paris. Le Rassemblement national montre "son vrai visage", celui d'un parti "dangereux pour la démocratie", qui "menace y compris les juges quand les décisions prises par la justice ne leur conviennent pas", a déclaré devant la presse le coordinateur national de La France insoumise, Manuel Bompard. "On a entendu pendant longtemps le Rassemblement national nous dire nous, 'on est mains propres têtes hautes' et aujourd'hui ils sont mains sales et tête basse", a renchéri le député LFI sur scène, micro en main. 

"Marine Le Pen prône une justice pour tous les autres, la justice doit être beaucoup moins laxiste, il faut une tolérance zéro", mais quand il s'agit du Rassemblement national lui-même "la justice est beaucoup trop dure, c'est ce qu'on appelle de l'hypocrisie", a pour sa part lancé la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier.

Samedi prochain, le 12 avril, une autre mobilisation pour la "défense de l'Etat de droit" sera organisée "partout en France", à l'initiative cette fois d'associations et de syndicats parmi lesquels la CGT, SOS Racisme, ou encore la Ligue des droits de l'Homme.