Législatives : indignation et tensions à gauche à propos des investitures de LFI, après l'éviction de plusieurs figures du parti

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Nouveau Front populaire
par Soizic BONVARLET, le Samedi 15 juin 2024 à 19:55, mis à jour le Samedi 15 juin 2024 à 20:40

A peine réunie sous la bannière du Nouveau Front populaire, la gauche est secouée par la décision de La France insoumise de ne pas réinvestir plusieurs figures opposées à Jean-Luc Mélenchon. La secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, et le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, ont vivement critiqué cette décision. 

De l'accord à la crise... Au lendemain de la présentation du programme commun du Nouveau Front populaire par les chefs de file du Parti socialiste, de La France insoumise, des Ecologistes et du Parti communiste, vendredi 14 juin, la publication des investitures de la formation de Jean-Luc Mélenchon pour les élections législatives met à mal l'union de la gauche. 

En cause, la publication, dans la nuit de vendredi à samedi, de la liste des 230 candidats choisis par La France insoumise, dont plusieurs figures de LFI sont absentes, notamment les députés sortants Alexis Corbière, Raquel Garrido, ou encore Danielle Simonnet, qui ont fait entendre des différences et des critiques, ces derniers mois, au sein de LFI. Sur l'affaire Quatennens, sur le manque de démocratie interne, sur la façon de qualifier le Hamas... Dès vendredi soir, cette décision a suscité des réactions indignées de la part des principaux intéressés, mais aussi de la part d'autres figures du mouvement, comme Clémentine Autain et François Ruffin

Mais ces évictions créent aussi des remous au-delà de La France insoumise, alors que le Nouveau Front populaire vient tout juste de voir le jour. Plusieurs voix issues des partis qui le composent se sont ainsi faites entendre pour dénoncer des exclusions particulièrement malvenues au moment où un accord d'union a pu être trouvé à gauche, afin de tenter de contrecarrer les ambitions du Rassemblement national qui espère gagner les législatives et placer Jordan Bardella à Matignon.

"Purge" et "manœuvres"

Marine Tondelier a été l'une des premières à réagir samedi matin, dénonçant "une purge" sur le plateau des "4 Vérités" de France 2. La secrétaire nationale des Ecologistes a aussi annoncé son intention d'évoquer le sujet avec le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, et le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel. "Nous devons, je pense, soutenir Raquel Garrido, Alexis Corbière, Danielle Simonnet et les autres candidats qui ne sont pas réinvestis pas La France insoumise", a-t-elle aussi déclaré, indiquant avoir convoqué les instances de sa propre formation politique "pour voir quelles suites donner à cela".

Nous avons réussi à redonner de l'espoir face à l'extrême-droite, ne donnons pas le spectacle de manœuvres. Boris Vallaud

Le président sortant du groupe Socialistes à l'Assemblée, Boris Vallaud, a pour sa part dénoncé une décision "incompréhensible", et réclamé "la réunion immédiate des forces politiques et sociales fondatrices".

"Le Front populaire ne mérite pas d’être sali par des décisions irresponsables. Depuis hier soir je tente de régler la scandaleuse éviction de certains candidats", a pour sa part fait savoir le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, précisant qu'il s'exprimerait à l'issue de ces échanges.

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Une crise qui intervient alors que les syndicats appelaient à manifester, ce samedi, contre une éventuelle victoire du Rassemblement national et pour "un sursaut démocratique et social", les responsables politiques du Nouveau Front populaire ayant eux-même participé aux manifestations qui ont eu lieu en France. 

"Les investitures à vie n'existent pas", a répondu Jean-Luc Mélenchon en fin de journée, à ceux qui critiquent les choix de La France insoumise. "La cohérence politique et la loyauté dans le premier groupe parlementaire de gauche sont aussi une exigence pour gouverner", a-t-il déclaré dans une interview accordée à 20 minutes.

En attendant le résultat des discussions en cours entre les partenaires de LFI au sein du Nouveau Front populaire, cette situation fragilise l'alliance de gauche au niveau local - avec des candidatures concurrentes - et au niveau national - avec des divisions qui ressurgissent - alors que le dépôt des candidatures pour les législatives sera clos dimanche 16 juin à 18 heures et que le premier tour des élections aura lieu dans deux semaines.