LCP avait fait les comptes. Avant la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu, il manquait 24 voix aux groupes qui veulent faire tomber le gouvernement. Le Parti socialiste ayant décidé de ne pas censurer le Premier ministre avant même les discussions budgétaires, le seuil des 289 voix ne sera, selon nos informations, pas atteint. Dernier décompte à la veille du vote.
Le président des députés socialistes, Boris Vallaud, l'a annoncé hier, mardi 14 octobre, dans l'hémicycle, après la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu : ses troupes n'apporteront pas leurs voix à la motion de censure issue des autres groupes de gauche, LFI en tête, qui sera examinée jeudi matin à l'Assemblée nationale. Une prise de position qui éloigne le risque de chute pour le gouvernement en place. Car, LCP avait fait les comptes, en plus de l'ensemble des membres des cinq groupes d'opposition souhaitant censurer le Premier ministre (LFI, GDR, Ecologiste, RN, UDR), il fallait 24 voix supplémentaires pour atteindre la majorité absolue, fixée à 289 (sur 577 députés).
Ces 24 voix auraient pu provenir du groupe PS donc (69 élus), du groupe LIOT (22) ou des non-inscrits (9). Mais un nombre insuffisant de députés devraient finalement franchir le Rubicon. "À peu près" trois députés socialistes devraient voter la censure, a indiqué le premier secrétaire du parti à la rose, Olivier Faure, sur BFMTV ce mercredi matin. Parmi eux, Paul Christophle, qui l'a expliqué sur X. "La suspension de la réforme des retraites, c'est bien, mais il nous manque les autres pans et il nous faut ces mesures de pouvoir d'achat et de justice fiscale", a expliqué l'élu de la Drôme dans une vidéo. Un nombre qui pourrait monter jusqu'à cinq, selon une députée du groupe de Boris Vallaud.
En janvier 2025, huit députés socialistes avaient voté en faveur de la motion de censure de La France insoumise contre le gouvernement de Français Bayrou. Puis, un mois plus tard, ils étaient six à faire de même contre le budget 2025.
Du côté du groupe LIOT, "les annonces d'hier ont rassuré les collègues", assure à LCP le porte-parole Harold Huwart, qui pour l'heure "n'identifie pas" de députés "qui seraient tentés" de voter la censure. Et chez les non-inscrits, trois élus ex-membres du Rassemblement national, ou de l'ex-MPF de Philippe de Villiers devraient apporter leurs voix à la motion : Daniel Grenon, Christine Engrand et Véronique Besse. Soit un total d'environ 6 à 8 voix supplémentaires, sur les 24 à trouver.
Pas suffisant donc. D'autant plus que quelques députés ne suivront pas la ligne pro-censure édictée par leur groupe. C'est notamment le cas de Delphine Batho (Ecologiste et social), qui "refuse la politique du pire de la censure". Ou encore du communiste Yannick Monnet (Gauche démocrate et républicaine), qui estime que "le Premier ministre a bougé de façon significative".
Du côté de la droite, la concession sur la réforme des retraites faite par Sébastien Lecornu pour éviter une censure du PS a crispé chez Les Républicains. Plusieurs cadres du parti présidé par Bruno Retailleau ont ces dernières heures affirmé que, s'ils avaient été députés, ils auraient voté la censure : le vice-président délégué de LR François-Xavier Bellamy, la présidente de la Région Pays de la Loire Christelle Morançais ou encore le maire de Cannes David Lisnard qui dirige le mouvement Nouvelle Energie, parti qui compte une députée, Alexandra Martin.
"Personne dans le groupe ne peut voter la censure", a déclaré le président des députés LR, Laurent Wauquiez, lors de la réunion hebdomadaire de ses troupes mardi matin, considérant que si le gouvernement venait à tomber, il y aurait une "dissolution et pas de budget". Alors que feront finalement les 50 députés membres du groupe de la Droite républicaine ? "Deux ou trois" élus devraient censurer le gouvernement, indique à LCP un député DR qui, lui, ne fera pas ce choix, soulignant que ses collègues y sont aussi massivement opposés.