Motions de censure : le gouvernement Lecornu 2 déjà en sursis ? LCP a fait les comptes

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La composition de l'Assemblée au 13 octobre 2025
La composition de l'Assemblée au 13 octobre 2025 (© LCP)
par Anne-Charlotte Dusseaulx, le Lundi 13 octobre 2025 à 19:10

Au moins deux motions de censure, l'une de LFI, l'autre du RN, seront examinées à l'Assemblée nationale cette semaine. Compte tenu des forces en présence dans l'hémicycle, l'avenir du gouvernement Lecornu pourrait se jouer à quelques voix près. La déclaration de politique générale que le Premier ministre prononcera demain, mardi 14 octobre, s'annonce décisive. 

Après le dépôt de deux motions de censure - l'une de LFI, l'autre du RN - contre le gouvernement Lecornu 2, c'est de nouveau l'heure des comptes. A peine plus d'un mois après la chute du gouvernement Bayrou

Quelle sera la durée de vie de l'équipe composée de 34 ministres, nommés dimanche soir, et du premier d'entre eux ? Leur sort pourrait se jouer à quelques voix près, même s'il faudra attendre la déclaration de politique générale (DPG) de Sébastien Lecornu mardi après-midi pour en savoir plus sur la décision de certains députés, notamment ceux du PS. Car en fonction de ce que le locataire de Matignon annoncera, notamment sur la justice fiscale ou la réforme des retraites, la balance pourrait davantage peser d'un côté ou de l'autre. 

Pour qu'une motion de censure soit adoptée, le texte doit être voté par la majorité absolue des élus l'Assemblée nationale, c'est-à-dire obtenir 289 voix sur les 577 députés qui siègent dans l'hémicycle. Si tel était le cas cette semaine, le Premier ministre devrait "remettre au président de la République la démission du gouvernement", comme l'impose la Constitution

À 24 voix de la majorité absolue

Qu'en est-il avant même le discours de Sébastien Lecornu ? Si les forces de gauche n'apporteront pas leurs voix à la motion de censure déposée par le Rassemblement national, qui ne sera donc pas adoptée, les députés du groupe de Marine Le Pen ont, en revanche, déjà voté par le passé pour des motions de censure venues de la gauche. C'est ainsi que le gouvernement Barnier était tombé l'année dernière

Sur le papier et compte tenu des déclarations de ces derniers jours, les groupes La France insoumise, (71 députés), Écologiste et social (38), Gauche démocrate et républicaine (17), ainsi que les groupes Rassemblement national (123) et Union des droites pour la République (16) voteront la censure. Soit un total de 265 voix sur les 289 nécessaires pour faire chuter le gouvernement. 

Il manquerait donc aux opposants à Sébastien Lecornu 24 suffrages à trouver pour que la censure soit votée. Voire un peu plus, si quelques voix manquaient au sein de certains groupes enclins à faire tomber le gouvernement. 

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Que va faire le Parti socialiste ?

Comme en début d'année, lorsque François Bayrou avait arraché un accord de non-censure au groupe Socialistes, les regards se tournent donc vers le groupe présidé par Boris Vallaud, qui compte aujourd'hui 69 députés. "Pour l'instant, c'est 1/3 censure, 1/3 non-censure, et 1/3 qui ne se prononcent pas", confiait lundi à LCP un cadre du groupe. La décision sera prise après la DPG de Sébastien Lecornu. Qu'en attendent-ils ? Sur la réforme des retraites, "nous avons demandé que ce ne soit pas simplement un gel de l'âge légal, mais aussi de l'accélération sur la durée de cotisation", expliquait le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, en sortant de Matignon mercredi dernier. Des annonces sur la justice fiscale et sur le pouvoir d'achat sont également attendues. En fonction, le groupe Socialistes pourrait déposer sa propre motion de censure, qui aurait alors toutes les chances d'être votée. 

Outre les députés PS, certains députés du groupe LIOT (22 élus) pourraient soutenir la censure, même si leur ex-président Laurent Panifous vient d'entrer au gouvernement. Idem du côté des députés non-inscrits (9 élus), qui ne siègent dans aucun groupe. Le 8 septembre dernier, 15 députés LIOT (dont Martine Froger qui a depuis rejoint le groupe Socialistes) et six non-inscrits (dont Sacha Houlié et Belkhir Belhaddad qui ont eux aussi rejoint le groupe Socialistes) avaient voté contre la confiance à François Bayrou.