Proportionnelle : François Bayrou redit sa volonté de présenter un texte, mais... après les débats budgétaires

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François Bayrou, le 14 janvier 2025. LCP
François Bayrou, le 14 janvier 2025. LCP
par Anne-Charlotte Dusseaulx, le Lundi 30 juin 2025 à 14:20

Le Premier ministre a indiqué sur RTL, dimanche 29 juin, que la réforme du mode de scrutin pour les élections législatives serait présentée au Parlement en fin d'année, après l'examen du projet de loi de finances 2026. Et non à la rentrée de septembre comme initialement envisagé. "On comprend très bien la manœuvre", ont réagi plusieurs cadres du Rassemblement national, accusant François Bayrou de vouloir ainsi acheter leur non-censure sur le budget.

Il refuse d'utiliser le mot de "recul", qui "n'appartient pas à [son] vocabulaire". Mais, alors que la présentation au Parlement d'un texte sur l'instauration d'un mode de scrutin proportionnel pour les élections législatives était plutôt attendue pour la rentrée de septembre, François Bayrou a annoncé dimanche 29 juin, sur RTL, que ce serait finalement "à la fin de cette année", soit en début d'année prochaine. 

"Il y a une majorité pour la proportionnelle à l'Assemblée nationale, (...) mais au sein du socle commun il y a des sensibilités différentes", a reconnu le Premier ministre, qui avait entamé fin avril une série de consultations des forces politiques sur le sujet. "Ne pas diviser" le "socle commun" - déjà au bord de la rupture - avant l'examen du projet de loi de finances pour 2026, c'est donc l'une des raisons de ce calendrier retardé de quelques mois par rapport à ce qui était encore récemment envisagé. "Je présenterai ce texte après que nous aurons eu le travail budgétaire" - qui s'annonce plus que difficile - a indiqué le chef du gouvernement. 

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Sur le sujet de la proportionnelle, les divergences sont fortes. A droite, Les Républicains - membres du gouvernement de François Bayrou - y sont vivement opposés. Leur président Bruno Retailleau, également ministre de l'Intérieur et donc en charge de l'organisation des élections, avait dit qu'il refuserait de "porter" une telle réforme. "Nous nous y opposerons", a-t-il répété dimanche sur BFMTV, estimant que la proportionnelle rendrait "structurel" le "bazar" à l'Assemblée nationale.

Le camp présidentiel est, lui, divisé. Le MoDem y est favorable, Horizons y est opposé et Renaissance va interroger ses militants tout l'été, avant un vote en septembre. 

Dans une récente tribune publiée dans L'Opinion, 245 parlementaires dudit "socle commun" affirmaient leur opposition à l'instauration de la proportionnelle. Parmi eux : 49 députés et 121 sénateurs des Républicains, mais aussi 32 députés Horizons et 28 députés Ensemble pour la République. 

"Le Premier ministre se moque de nous", réagit Thomas Ménagé (RN)

Pour faire adopter sa réforme, François Bayrou aura besoin des voix du Rassemblement national, favorable à une proportionnelle avec une prime majoritaire, mais qui a indiqué qu'il pourrait s'accommoder du modèle de 1986 (une proportionnelle intégrale par département), qui a les faveurs du Premier ministre. "Cette proportionnelle ne pourrait passer qu'avec les voix du RN, de la gauche et de l'extrême gauche", a d'ailleurs souligné Bruno Retailleau dimanche. 

Sauf que le report de l'arrivée du texte au Parlement ne convient pas au Rassemblement national. "Ça ne va pas arranger son avenir", a réagi Marine Le Pen dans Le Parisien. Et les cadres du parti l'ont répété dans les médias depuis l'annonce du Premier ministre. "Il nous avait promis cette réforme en septembre, or elle interviendra après le budget. Monsieur Bayrou nous prend pour des enfants, on comprend très bien la manœuvre", a commenté ce lundi 30 juin le député Julien Odoul (RN) sur Public Sénat. Comprendre : faire en sorte que le Rassemblement national ne censure par sur le budget dans l'attente du texte sur la proportionnelle. 

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"Le Premier ministre se moque de nous. (...) Il cherche à nous acheter, il va se tromper", affirmait dès dimanche sur RTL Thomas Ménagé le porte-parole du groupe RN à l'Assemblée nationale. Et d'ajouter : "Ça ne nous empêchera pas de censurer [le budget], parce que ce qui est la priorité pour le RN c'est d'éviter un budget mauvais pour les Français", a ajouté le député. "La ficelle est un peu grosse", a aussi déclaré ce lundi son Jean-Philippe Tanguy (RN) sur France 2.