Parce qu'il entend se battre jusqu'au bout pour tenter d'éviter la chute de son gouvernement, François Bayrou a indiqué mercredi soir sur TF1 qu'il recevrait les responsables des différents partis politiques la semaine prochaine à Matignon pour évoquer le budget 2026 et sa trajectoire budgétaire. Mais tous ne feront pas le déplacement.
Trouver un "trou de souris" pour maintenir son gouvernement en place. Voilà l'objectif que s'est fixé François Bayrou d'ici au vote de confiance de l'Assemblée nationale qui se tiendra le 8 septembre, lors d'une session extraordinaire dont le décret a été publié au Journal officiel ce jeudi 28 août. "A partir de lundi, (...) je vais recevoir les responsables politiques et de groupes parlementaires", a déclaré le Premier ministre mercredi soir sur TF1. Il s'est une nouvelle fois dit prêt à "ouvrir toutes les négociations nécessaires" sur les mesures, mais à la "condition préalable" d'un accord sur "l'importance de l'effort" (43,8 milliards d'euros d'économies) à consentir dans le prochain budget pour réduire la dette.
"Il reste douze jours et douze jours, c'est très, très long pour parler", a estimé le chef du gouvernement, qui ce jeudi 28 août, face au Medef, a évoqué une "rentrée politique à hauts risques" et "l'impératif d'une prise de conscience" de la situation financière de la France.
Sauf que, malgré l'invitation à venir échanger, plusieurs responsables de partis ou groupes politiques ne devraient pas faire le déplacement à Matignon la semaine prochaine. "Nous n'avons nullement l'intention de participer à l'opération de sauvetage que le Premier ministre tente désormais d'initier", a réagi sur X le député et coordinateur national de La France insoumise, Manuel Bompard. Avant même l'annonce du vote de confiance, la cheffe des députés insoumis, Mathilde Panot, avait déjà fait savoir que son parti ne participerait plus à aucune concertation sur le budget.
"On ne voit pas bien l'intérêt d'aller à Matignon", a pour sa part déclaré sur Franceinfo jeudi midi la secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier. "J'y suis déjà allée deux fois, je peux vous raconter si vous voulez, vous allez comprendre pourquoi j'ai peu envie d'y aller une troisième fois", a-t-elle poursuivi, parlant d'un Premier ministre "qui ne le sera plus dans quelques jours".
Elle devait encore en discuter avec les présidents des groupes parlementaires de l'Assemblée et du Sénat. Le communiqué est tombé quelques heures plus tard : ils n'iront pas non plus. La raison ? "François Bayrou n'a jamais ouvert la porte à la discussion avant d'être au pied du mur, et il le fait aujourd'hui en répétant qu'il ne changera pas de méthode ni d'objectif", peut-on y lire.
Le Parti socialiste, qui fait ces jours-ci sa rentrée politique à Blois (Loir-et-Cher), n'a pas encore répondu officiellement à l'invitation de François Bayrou. "A titre personnel, je ne vois pas l'intérêt. Aller discuter pour ensuite dire à François Bayrou que nous le ferons tomber et qu'il dise, comme il le fait à chaque émission, que c'est ça ou rien, ça ne marche pas", a lancé le secrétaire général du PS, Pierre Jouvet, sur Sud Radio ce jeudi matin. "Aujourd'hui, c'est trop tard pour François Bayrou, car les socialistes ne partagent pas les orientations politiques, la vision budgétaire qui est faite", a-t-il ajouté. Affirmant qu'un autre chemin est possible, le PS présentera samedi 30 août, à Blois, ses propres propositions budgétaires.
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Le Rassemblement national – qui a, comme la gauche, annoncé qu'il voterait contre la confiance au Premier ministre le 8 septembre – se rendra à Matignon. "Le RN répond toujours positivement à une invitation à dialoguer, même vaine et extrêmement tardive", écrit sur X le président Jordan Bardella, qui ira, "sans aucune illusion", avec Marine Le Pen, à la tête du groupe à l'Assemblée.
"On sait déjà qu'il n'en sortira rien", a anticipé le porte-parole et député Laurent Jacobelli sur BFMTV ce jeudi 28 août. Selon lui, "rien" ne pourra faire changer d'avis le RN dans sa volonté de faire chuter François Bayrou.
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Selon la chaîne d'information, la délégation des Républicains, emmenée notamment par le patron du parti, le ministre Bruno Retailleau, et par le président du groupe au Palais-Bourbon, Laurent Wauquiez, sera, de son côté, reçue à Matignon mardi 2 septembre, à 15 heures.