Affaire Bétharram : François Bayrou auditionné ce mercredi par la commission d'enquête de l'Assemblée

Actualité
Image
François Bayrou
par Anne-Charlotte Dusseaulx, le Mercredi 14 mai 2025 à 00:45

A partir de 17 heures, ce mercredi 14 mai, François Bayrou sera auditionné par la commission d'enquête sur les violences dans les établissements scolaires et, plus particulièrement, sur ce qu'il savait ou pas des faits ayant eu lieu au sein de l'établissement catholique Notre-Dame de Bétharram, situé dans son fief des Pyrénées-Atlantiques et où ont été scolarisés plusieurs de ses enfants.

C'est une audition particulièrement attendue. Alors que les révélations et la libération de la parole sur les violences commises à Notre-Dame de Bétharram ont suscité stupeur et émotion, la commission d'enquête sur "les modalités du contrôle par l’Etat des violences dans les établissements scolaires", créée à la suite de ces révélations, entendra François Bayrou ce mercredi 14 mai à partir de 17 heures. Le Premier ministre sera auditionné en tant qu'ancien ministre de l'Education nationale de 1993 à 1997 sur ce qu'il a su, ou pas, des faits de violences physiques et sexuelles qui ont eu lieu dans cet établissement situé dans Pyrénées-Atlantiques dont il a présidé le Conseil général de 1992 à 2001.

Cette audition "va me permettre d'apporter un certain nombre d'éléments dans des campagnes (…) dont le seul but est la destruction. Pas la recherche de la vérité, mais la destruction", a grondé samedi le chef du gouvernement lors d'un déplacement à Brest, avant de dénoncer, auprès de l'AFP, "des accusions répétées et scandaleuses" qui lui donneront "l’occasion de prouver que tout cela était faux"

Bétharram, "c’est une affaire pour moi bouleversante qui m’a fait beaucoup de mal", a-t-il également confié à l'AFP, mais qui, "en même temps, a fait sortir, dans de multiples établissements, des accusations qu’on ne peut pas éluder""point de départ d’un 'MeToo' d'une certaine manière d’intérêt public".

En 1996, un rapport d'inspection de l'Education nationale avait trop rapidement conclu que Notre-Dame de Bétharram n'était "pas un établissement où les élèves sont brutalisés". "Quand j'ai appris, en 1996, quand j'étais ministre de l'Education nationale, la première plainte pour une claque, j'ai fait organiser une inspection générale de l'établissement", avait indiqué François Bayrou à Pau, le 15 février, après sa rencontre avec le collectif de victimes de Bétharram. "Cette inspection a donné lieu à un rapport qui était un rapport rassurant", s'était-il remémoré. 

Lire aussi - Bétharram : "Je n'ai aucun souvenir d'avoir été informée de l'affaire", déclare l'ex-ministre Elisabeth Guigou

Une audition sous serment

Selon nos informations, François Bayrou, qui a travaillé en amont de ce rendez-vous devant la commission d'enquête avec les membres de son cabinet, sans pour autant chambouler son agenda ou se livrer à des répétitions, veut revenir sur la chronologie des faits et répondra à toutes les questions des députés. Et ce, afin de lever "les amalgames" et "le flouqu'il estime, selon les mots d'un proche, "entretenus" à dessein par certains opposants. "Le Premier ministre viendra avec tous les éléments qui permettent de montrer qu'il n'a pas menti", a indiqué dimanche, sur France 3, le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola.

Tweet URL

Face à une commission d'enquête, les personnes entendues le sont sous serment. Au début de l'audition, François Bayrou sera donc invité à lever la main droite et a jurer de dire "la vérité, toute la vérité, rien que la vérité". Les divergences portent essentiellement sur sa connaissance à l'époque des violences dénoncées aujourd'hui, sur son intervention présumée auprès du procureur général de Pau, et sur sa rencontre en 1998 avec le juge Mirande, alors chargé de l'enquête pour viol visant le père Carricart, directeur de l'institution de 1987 à 1993 et qui s'est suicidé à Rome. 

"S'il ne répond pas aux questions ou s'il commet encore des mensonges, là je crois qu'on arrivera à la fin de sa carrière politique, mais surtout à la fin de sa crédibilité" a déclaré Léa Balage, ce mardi, lors du point presse du groupe "Ecologiste et social". "Il va falloir que ce 14 mai, ce soit un jour de vérité", avait pour sa part lancé le 10 avril la présidente de la commission des affaires culturelles et de l'éducation, dans le cadre de laquelle se déroulent les travaux d'enquête, Fatiha Keloua-Hachi (Socialistes), entourée des deux co-rapporteurs Violette Spillebout (Ensemble pour la République) et Paul Vannier (La France insoumise).

Lire aussi - Bétharram : "Si je ne savais pas, d'autres savaient", contre-attaque François Bayrou à l'Assemblée

Les récentes déclarations de l'une des filles de François Bayrou devraient aussi être au cœur des échanges. Dans le livre Le Silence de Bétharram du porte-parole des victimes, Alain Esquerre, paru le 24 avril, l'aînée du Premier ministre, Hélène Perlant, raconte les violences infligées lors d'un camp d'été par un curé qui officiait dans le collège de filles de Notre-Dame de Bétharram. Mais elle affirme n'en avoir jamais parlé à ses parents. Deux jours après la parution de l'ouvrage, elle avait assuré sur France Inter que son père "ne pouvait pas comprendre" le "système pervers" de l'établissement catholique.

Elle a, par ailleurs, confirmé lors d'une émission de Mediapart que François Bayrou avait bien rencontré le juge Mirande chargé d'enquêter sur un viol à Bétharram en 1998, épisode que le Premier ministre avait d'abord nié, avant de changer de version. "Il ne s'en souvient pas, je pense, mais je suis là le soir où il rentre de chez le juge Mirande, on est là tous seuls tous les deux et il me dit 'ne le répète surtout pas, j'ai juré d'être dans le secret de l'instruction', a-t-elle expliqué. 

Le parquet de Pau mène l'enquête depuis un an sur environ 200 plaintes visant des faits présumés de violences, agressions sexuelles et viols, à Notre-Dame de Bétharram entre les années 1970 et les années 1990. Après avoir notamment auditionné victimes, témoins, anciens ministres, les deux co-rapporteurs Violette Spillebout (EPR) et Paul Vannier (LFI) prévoient de rendre leurs conclusions fin juin.

Bétharram : Emmanuel Macron dit avoir "confiance" en François bayrou Bayrou qui "répondra à toutes les questions" des députés

Au cours de l'émission télévisée à laquelle il a participé sur TF1, mardi 13 au soir, le président de la République, Emmanuel Macron, a dit mardi avoir "confiance" dans François Bayrou qui "répondra à toutes les questions" posées ce mercredi par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur l'affaire des violences physiques et sexuelles commises au collège-lycée Notre-Dame de Bétharram.

"On en a beaucoup parlé (...), j'ai confiance en lui, et demain je sais qu'il répondra à toutes les questions qui lui seront posées", a déclaré le chef de l'Etat, qui a voulu "avoir un mot pour les victimes" de ces violences, parmi lesquelles la fille du Premier ministre Hélène Perlant, qui a révélé avoir été agressée.

"Ce qu'a dit la fille-même du Premier ministre est bouleversant" et "lui-même a été bouleversé", a ajouté Emmanuel Macron, en rappelant que François Bayrou quand il était ministre de l'Education avait publié, en 1996, une circulaire contre les violences en milieu scolaire.